Le programme Limspaces, qui propose une lecture renouvelée des sociétés d’Ukraine et de Moldavie, installées dans une instabilité politique et sociale durable aux portes mêmes de l’Union européenne, a commencé ses travaux en septembre 2021.
Ce programme, d’une durée de quatre ans (2021 – 2024) est dirigé par Béatrice von Hirschhausen, membre de Géographie-cités. Plusieurs membres de l’UMR sont également impliqués dans ce programme : Denis Eckert, Sébastien Haule, ainsi qu’un ou une doctorant.e en cours de recrutement. Il est financé par l’ANR et la DFG (Deutsche Forschungsgemeinschaft – Agence nationale allemande de la recherche) et mené en partenariat avec le ZOiS – Centre for East European and International Studies (Berlin), Centre Marc Bloch (Berlin).
LimSpaces propose une lecture renouvelée des sociétés d’Ukraine et de Moldavie qui semblent s’être installées dans une instabilité politique et sociale durable aux portes mêmes de l’Union européenne. L’originalité du projet consiste à ne pas les considérer comme des versions périphériques du modèle européen mais à s’intéresser aux effets microsociaux de leur position « entre-deux », entre les sphères d’intervention occidentales et russes. Le projet prend ainsi le contre-pied d’une vision ordinaire qui fige ces sociétés dans des altérités culturelles et historiques ; il les analyse dans une perspective située et relationnelle, centrée sur les acteurs.
Nous visons une meilleure compréhension des sociétés ukrainienne et moldave. C’est une condition nécessaire à l’ajustement des politiques européennes de voisinage. Plus largement, nous voulons contribuer à pluraliser les pensées de l’Europe sur elle-même, sur ses habitants, sur son histoire et ses territoires.
Le projet a trois objectifs :
- Sur le plan empirique, il doit produire une lecture compréhensive de ces sociétés à partir de l’étude de stratégies quotidiennes dans les situations de haute incertitude en contextes « entre-deux ». Il veut éclairer les manières dont les acteurs orientent leur choix pour subvenir à leurs besoins, pour entreprendre, pour se former ou se projeter dans l’avenir, en dépit de l’instabilité des allégeances géopolitiques et des champs politiques.
- Sur le plan théorique, le projet mobilise le concept de liminalité pour approcher en termes dynamiques les concepts français d’« espace entre-deux » et allemand de « Zwischenraum ». La labilité de ce type d’espace permet d’enrichir les études microsociales du quotidien en les dégageant de leur présentisme et en les situant dans le mouvement permanent et créatif de réinterprétation de l’expérience et des attentes au fil des recompositions de l’espace politique.
- Sur le plan académique, il contribue à décloisonner les approches françaises et allemandes dans le champ des études centre-est européennes ; il permet de développer des réseaux transnationaux en vue d’un projet européen ; il assure une mission de formation à la recherche pour de jeunes chercheurs.
La recherche repose sur une importante collecte de données qualitatives originales (entretiens, observations ethnographiques, études cartographiques) intégrant 3 équipes partenaires ayant une solide expérience de ces terrains. Elle repose sur des enquêtes conduites sur au moins 12 sites, y compris dans les territoires séparatistes, en Transnistrie et aux frontières des républiques de Donetsk et de Lougansk.
Le projet explore les imaginaires et les stratégies que différents types d’acteurs (simples habitants, commerçants sur les marchés, entrepreneurs, parents d’élèves, étudiants) emploient pour s’adapter (axe A) ou pour échapper (axe B) aux incertitudes d’une position liminale.