Appel à communications

L’appel à communication pour la journée d’étude : « Penser et faire l’Europe à l’échelle locale : une approche par les territoires », qui se se tiendra à Rouen le 20 octobre 2023, est ouvert. La date limite de soumission des propositions pour la journée d’étude est reportée au 14 juin 2023.

L’appel ainsi que les détails pour la soumission d’une proposition sont disponibles en bas de ce mail et via le lien suivant: https://cist.cnrs.fr/events/aac-penser-et-faire-leurope-a-lechelle-locale-une-approche-par-les-territoires/

Dans le cadre de l’axe 3 : Recompositions territoriales, réseaux et espaces maritimes, l’UMR IDEES, en partenariat avec l’Université de Rouen Normandie, le projet exploratoire ARAPT du Collège international des sciences territoriales (CIST) et le Centre universitaire rouennais d’études juridiques (CUREJ), organise une journée d’étude consacrée aux approches territoriales dans les études européennes.

L’ambition de cette journée d’étude est de consacrer un moment de réflexion collective et d’échange aux dimensions spatiales de la construction européenne, du niveau global au niveau local, à la manière dont elle se manifeste dans les représentations et les pratiques, qu’elles soient celles d’acteurs de l’action publique (institutionnels, élus ou non-élus) ou d’habitants-citoyens. Cet événement sera l’occasion de faire dialoguer ces approches complémentaires (top-down institutionnalistes versus approches bottom-up) et d’interroger la consistance d’un champ portant sur la dimension géographique des études européennes.

Tout en s’inscrivant dans une démarche de dialogue entre les disciplines, cette journée d’étude est ouverte aux travaux portant un intérêt à la dimension géographique de l’analyse des pratiques et représentations locales de l’Europe.

Trois approches
Il est proposé d’organiser la discussion autour de trois approches mettant au centre de leurs analyse la dimension spatiale de la construction territoriale européenne à une échelle locale, inscrite dans le quotidien et le vécu des acteurs des territoires (habitants, professionnels et acteurs divers). Une problématique au cœur des enjeux autour du déficit de visibilité de l’UE souvent avancé comme un obstacle à la construction politique européenne[1].

L’Europe en ses territoires (Axe 1)

La dimension spatiale de l’Europe est en prise avec sa territorialité. Le processus d’intégration européenne, en tant qu’objet politique parfois jugé éloigné des populations et des territoires, a néanmoins contribué à faire émerger une Europe des régions et plus largement, par le biais des programmes, une Europe des territoires. Ainsi, l’Union européenne a été mobilisée par une multitude d’acteurs allant des élus et praticiens de l’aménagement du territoire aux habitants en passant par des acteurs associatifs, comme les Maisons de l’Europe (Weisbein, 2011) qui agissent tant au niveau des institutions qu’en participant à concevoir des stratégies locales en faveur de l’UE.

Depuis plusieurs années, différents travaux dans les champs de la sociologie de l’action publique, de la géographie urbaine et de l’aménagement du territoire, se sont penchés sur l’intervention de l’UE à travers les actions des acteurs décentralisés (Hall et Taylor, 1997 ; Pasquier et Weisbein ; 2004 et 2017 ; Santamaria, 2020). Ces travaux s’intéressent, par exemple, à la manière dont les responsables politiques locaux, élus et techniciens se saisissent des nouveaux outils offerts par l’UE et leur effet dans la conduite de l’action publique (Mboumoua, 2008 ; Montabone ; 2013; , Rivière 2011 ; Lebrou, 2015; Laménie, 2019, Rivière, Laménie, 2020). Avec la décentralisation et l’adaptation des organisations publiques aux logiques du new public management, il devient nécessaire de pouvoir à maîtriser les conditions de recours à l’UE, comme par exemple celles du financement sur projet, afin d’en obtenir les subsides ou d’être intégré dans des réseaux d’acteurs territorialisés pour gagner en visibilité.

Ces nouvelles opportunités et contraintes normatives peuvent modifier les systèmes d’acteurs locaux et leur dimension spatiale. Ce faisant, elles les conduisent à inscrire leurs discours et actions politiques en référence à un échelon supérieur, l’UE ou dans un espace d’envergure macro-régional (Escach, 2014, Gourdon, 2021, Briot, 2021). Les contributions attendues pourront porter sur les normes de l’action publique conçues par l’Union européenne et leur déclinaison territoriale ; les modalités d’appropriation par les acteurs locaux et leur croisement avec les enjeux nationaux et transnationaux (transition écologique, cohésion territoriale et justice spatiale, innovation, modèles urbains, etc.).

L’Europe du point de vue des pratiques quotidiennes (Axe 2)

D’autres travaux étudient la dimension locale de la recomposition de l’action politique par l’intégration européenne au niveau des habitants. C’est le cas, les travaux portant sur les espaces transfrontaliers qui analysent les pratiques des habitants situés à proximité de la frontière (mobilités quotidiennes, stratégies résidentielles) et la manière dont elles modèlent l’espace vécu et perçu de ces populations, faisant émerger de nouvelles formes de territorialités, et des formes spécifiques d’aménagement et de coopération institutionnelles (Hamez, 2013 ; Reitel, 2015 ; Moine et Reitel, 2020).

En complément de l’étude de ces espaces particuliers et emblématiques de l’intégration régionale européenne, les communications pourront présenter d’autres terrains d’étude de la construction territoriale de l’Europe au quotidien sous l’angle de la relation entre habitants-citoyens, territoires en dehors ou en tenant compte des cadres institutionnels de la coopération (collectivités territoriales, groupements transfrontaliers, etc.).

L’Europe à travers les représentations sociales (Axe 3)

Depuis une cinquantaine d’années, les politistes et sociologues se sont attachés à comprendre la façon dont est construit l’opinion publique de l’UE à partir d’enquête d’opinion tels que les Eurobaromètres, dont les limites, notamment méthodologiques, ont fait l’objet de nombreuses critiques (Reynié, 2005 ; Aldrin, 2010 ; Gaxie et al. 2011). La dimension géographique des représentations y est rarement analysée pour elle-même, conduisant des géographes à développer leurs propres enquêtes sur la dimension spécifiquement géographique des représentations de l’Europe (limites spatiale, sémantique, idéologique – Didelon et al., 2021 ; Toureille, 2017 ; Brennetot et al., 2013 ; Brennetot et Rosemberg, 2013 ; Beauguitte et al. 2012).

Cependant, l’analyse du contexte spatial de construction des opinions sur l’Europe et l’UE est rarement étudiée à l’échelle locale et passe le plus souvent par des comparaisons entre représentations agrégées au niveau national (même si des exceptions existent – Dabrowski et al., 2019). Les communications pourront présenter les avancées récentes en matière d’analyse des représentations « par le bas » de l’Europe et de l’UE depuis les grandes enquêtes pionnières des années 2000 (FP7 Eurobroadmap, projet Garnet de Lucarelli et Fioramonti), les enjeux et limites posés par une analyse des représentations sociales d’objets abstraits, situés à petite échelle, et les manières de les mettre en relation avec l’analyse de la dimensions politique et territoriale de la construction européenne (comment « politiser » l’analyse de ces représentations, mettre en évidence d’idéologies et de positionnements vis-à-vis de l’UE, de politiques ciblées, de projets territoriaux alternatifs, par exemple).

Soumission

Les propositions de communication anonymisées seront envoyées sous la forme d’un document écrit (format .pdf de préférence) comportant :

  • La ou les axes parmi les trois axes de l’appel proposé dans lequel s’insère la communication,
  • Un titre provisoire,
  • Une liste de mots-clefs (5 maximum),
  • Une présentation de l’exposé d’une longueur maximum de 500 mots
  • Une liste de 3 à 10 références bibliographiques.

La proposition sera envoyée par courriel avant le 1er juin 2023.

Évaluation

Les propositions seront évaluées par le comité scientifique. Les avis seront transmis à partir du 20 juin 2023.

Comité scientifique

Veit BACHMANN, Goethe Universität-Frankfurt am Main
Arnaud BRENNETOT, Université de Rouen Normandie – UMR6266 IDEES
Sylvia BRUNET, Université de Rouen Normandie – EA4703 CUREJ
Sophie DE RUFFRAY, Université de Rouen Normandie – UMR6266 IDEES
Claude GRASLAND, Université Paris Cité – UMR8504 Géographie-cités | FR2007 CIST
Grégory HAMEZ, Université de Lorraine – UR7304 LOTERR
Vincent LEBROU, Université de Franche-Comté – CRJFC
Thomas PERRIN, ENSA Montpellier – LIFAM
Frédéric SANTAMARIA, Université Grenoble-Alpes – UMR5194 Laboratoire des sciences sociales PACTE
Dominique RIVIERE, Université Paris Cité – UMR8504 Géographie-cités

Comité d’organisation et informations pratiques

Etienne Toureille, Université de Rouen Normandie – UMR6266 IDEES
Brice Lamenie, Associé UMR8504 Géographie-cités

Bibliographie : https://cist.cnrs.fr/events/aac-penser-et-faire-leurope-a-lechelle-locale-une-approche-par-les-territoires/