Flux alimentaires (hors boissons), département du Nord et Métropole européenne de Lille, 2012. Lisa Seppecher, Thomas Salaun, Atelier M2 Urbanisme Université Paris 1, 2018-2019.
Dates : 2019 – 2022
Responsable du programme au sein de l’UMR : Sabine Barles
Responsables du programme en dehors de l’UMR : Marc Dumont, Bénédicte Grosjean (pour l’ensemble du programme)
Nom des institutions partenaires : Université de Lille, École nationale supérieure d’architecture de Lille
Financement : GIP Europe des projets architecturaux et urbains (PUCA)
Transversalité concernée : Les fabriques de l’urbain : processus, acteurs, pratiques
Description : le projet vise à analyser les « systèmes territoriaux complexes » dans lesquelles certaines métropoles – ici la Métropole européenne de Lille – s’inscrivent, constitués d’autres villes, de territoires plus ruraux et/ou transfrontaliers. Il s’agit alors de caractériser les relations que la métropole polarisante entretient avec d’autres entités territoriales d’échelles, de niveaux institutionnels et d’éloignements variés. Un volet de ce travail est plus particulièrement consacré au métabolisme métropolitain dans ses dimensions extraterritoriales.
Cette recherche observe les « systèmes territoriaux complexes » dans lesquelles certaines métropoles s’inscrivent, constitués d’autres villes, petites et moyennes, de territoires plus ruraux et/ou transfrontaliers. Elle pousse non à décentrer mais délocaliser et renouveler le regard sur les relations que la métropole polarisante entretient avec d’autres entités territoriales d’échelles, de niveaux institutionnels et d’éloignements variés. Ces relations ont été et restent encore considérées comme l’expression de logique de captation et éventuellement de redistribution de la richesse (cf. les débats sur le « ruissellement » ou, plus anciens, sur « l’avantage métropolitain »), plus largement l’expression des forces de polarisation et de dispersion inhérente au phénomène métropolitain. Si ces forces de polarisation persistent incontestablement (cf. résultats de l’EMD 2018), d’autres logiques émergentes sont à souligner, comme le renforcement du rôle des Régions lié aux récentes réformes territoriales, le redéploiement de compétences « réticulaires » en matière d’aménagement et de développement territorial (de la loi SRU à la GEMAPI) ou encore le désir politiquement exprimé de s’extraire d’une opposition estimée contre-productive entre métropoles et périphéries, traduite en termes de cohésion des territoires. Cet objectif de cohésion est en l’occurrence explicitement incarné par un Ministère en France, et s’exprime autant à travers des revendications encore plus fortes « d’égalité des territoires » qu’à l’échelle des régions, avec les nouveaux documents en cours de construction (SRADDET) qui ont comme consigne explicite, imposée à tous, d’œuvrer à cette « égalité territoriale ». Il faut aussi souligner que depuis 1997, l’expression « cohésion territoriale » a fait son apparition dans les documents d’orientation à l’échelle européenne (Faludi, Waterhout, 2004), et a de ce fait impulsé une pensée de planification spatiale qui est nouvelle pour l’Europe, jusque là tenue de laisser cette question à des échelons plus locaux, par le principe de subsidiarité. . Mais aujourd’hui, l’enjeu de « cohésion » induit des recherches sur les effets régionaux des politiques européennes (C. Colomb, S. Duhr, V. Nadin, 2010), et les (ré)équilibrages potentiellement nécessaires entre territoires, à travers de nouveaux types de relations et formes de coopérations.
Cette optique de cohésion – rarement abordée sous l’angle d’interdépendances réciproques – nous semble en outre particulièrement censée car elle permet d’envisager les territoires en termes systémiques. Cela s’applique aux ressources, pas seulement produites et consommées, mais aussi « »incorporées (énergie grise), transformées, réutilisées, et recyclées; cela implique aussi d’intégrer dans les évaluations une diversité de « valeurs territoriales » (économique et foncière, mais aussi symbolique, culturelle, patrimoniale, d’usage, sociale, etc.). Enfin, une approche systémique comme celle du métabolisme territorial, permet de prendre en compte les externalités – généralement hors cadre – du fait urbain, qu’elles soient positives (attractivité, éducation, diversité, émancipation…) ou négatives (désertification, inégalités, pollution, infrastructures lourdes,…).
Ces différents angles d’analyse nous semblent très importants dans le cadre de la région élargie de Lille, où à la fois on touche les limites de sortie de crise par lui-même du système métropolitain (en matière de pauvreté, d’inégalité sociale), où s’engage aussi une transition vers un autre modèle économique autour de la connaissance et des structures collaboratives de la production et de l’organisation du monde du travail, et où, enfin, le défi d’impulser des dynamiques face aux effets des changements climatiques apparaît de façon particulièrement vive, en particulier dans la gestion des mobilités.
C’est donc cette possible construction et mise en œuvre à travers des coopérations de différentes formes et natures, d’un modèle de métropole-réseau, systémique, que nous souhaitons placer comme hypothèse au centre des analyses. C’est donc cette possible construction et mise en œuvre à travers des coopérations de différentes formes et natures, d’un modèle de métropole-réseau, systémique, que nous souhaitons placer comme hypothèse au centre des analyses. La réflexion pourra sur ce plan mobiliser des références étrangères, certaines élaborées dans le milieu de la géographie, comme les Metropol regionen en Allemagne (C.Schulz), la Città metropolitana en Italie (G.Novarina), les City regions en Grande-Bretagne (O.Syke), concepts plus ou moins opérants qui permettront d’alimenter le cadre conceptuel aux côtés d’autres expressions élaborées par des concepteurs, notamment dans le cadre de consultations comme le Grand Paris (ou Lille 2030, les travaux préparatoires pour le SCoT,, ou Bruxelles 2040), telle la notion Horizontal Metropolis (P. Viganò, 2013).
La question des coopérations fait particulièrement sens dans le cas de la métropole de Lille. Lille est historiquement une ville « en relations », inscrite depuis le Moyen-âge dans le réseau serré des villes-marchés flamandes, commerçantes et manufacturières. Au 19ème siècle, le développement industriel fulgurant de Roubaix et Tourcoing en fait la seule agglomération réellement polycentrique de France (où l’écart entre la ville de rang 1 et celles de rang 2 et 3 est le plus faible). Le fait transfrontalier, qui fut un facteur déterminant de cette urbanisation et de ce développement économique (flux dans les deux sens de main d’œuvre, de matières premières, de délocalisation des usines, opportunités réglementaires, etc.…), s’institutionnalise progressivement depuis les années 1990 à travers la COPIT puis l’instauration du premier GECT d’Europe (2008). Enfin, la mobilité croissante des personnes relie aujourd’hui entre elles, en termes de bassins de vie, l’agglomération lilloise avec la dorsale des anciennes villes minières en chapelet, au sud, pour les relations domicile-travail, et avec le littoral, de Dunkerque au Touquet, comme façade touristique, et de loisirs.
Trois contextes et objets possibles de coopérations potentielles en construction ont été retenus :
A- L’économie collaborative, saisie à travers les nouveaux espaces du travail et de la production et sa capacité à construire plus largement l’attractivité de la métropole. Quelles coopérations sont-elles possibles avec les territoires de l’Arc sud (ancien bassin minier) pour contribuer à rééquilibrer les mobilités ; à travers l’hypothèse de la mise en place de tiers lieux ? Comment dans ce cadre d’économie du partage s’engagent des formes de gestion du foncier ?
B – Le métabolisme territorial, autour de ressources comme l’eau, l’énergie, les aliments, les matériaux de construction, les déchets. Cette question a pour caractéristique importante d’impliquer des territoires habituellement peu associés à la métropolisation classique, mais ayant en réalité des liens essentiels avec l’organisation des formes de l’urbanisation. Elle a aussi pour intérêt d’examiner les modalités de territorialisation de la transition écologique et énergétique.
C – La coopération transfrontalière. Si celle-ci s’examine sous plusieurs niveaux, on retiendra le projet qui s’esquisse aujourd’hui dans le cadre de l’Eurométropole (dont la MEL est l’un des 14 partenaires les plus moteurs, avec deux autres intercommunalités, l’une flamande et l’autre wallonne) : le projet d’Espace Bleu.
L’UMR Géographie-Cités prend en charge le deuxième axe de recherche (métabolisme territorial).