Prochain séminaire PARIS : 15 octobre – 14h30-17h- Condorcet – Salle 1.122 et en visio 

14h30 : L’émigration espagnole récente en Europe : caractéristiques, évolution et perception de ses jeunes protagonistes
Alberto Capote, Professeur à l’Université de Grenade, Professeur invité (par Camille Schmoll) à l’UMR.

La crise économique de 2008 a frappé durement le sud de l’Europe, notamment l’Espagne. La destruction d’emplois, la précarité du marché du travail et les politiques d’austérité ont entraîné un retour à l’émigration. Les destinations prioritaires ont été au sein de l’Union européenne : l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni (avant le Brexit). Bien qu’avec moins d’intensité, les flux se sont poursuivis pendant la reprise économique des revenus. Les profils des personnes qui émigrent depuis l’Espagne vers des destinations européennes sont assez divers mais, globalement, il s’agit de personnes plutôt jeunes dont la composition par sexe est assez équilibrée, qui ont différents niveaux d’études où prédominent toutefois les jeunes diplômés et ceux qui ont une formation professionnelle. Ces personnes partagent une caractéristique commune : le sentiment que l’Espagne offre peu d’opportunités pour satisfaire leurs aspirations légitimes. Cet article se concentre sur la fraction plus jeune de cette émigration. L’objectif est d’analyser l’émigration espagnole vers l’Europe après la crise économique de 2008 : analyse de l’évolution et des caractéristiques des flux vers les trois principales destinations (France, Allemagne et Royaume-Uni) ; analyse des raisons poussant les jeunes espagnols à émigrer ; et surtout analyser comment ils perçoivent leurs projets migratoires dans le cadre de la libre mobilité européenne.

15h30 :  » Produire et reproduire les bidonvilles en France : action publique, migrations et informalité urbaine en Seine-Saint-Denis et à Mayotte  »
Lucas Teiller, Doctorant à l’équipe PARIS, sous la direction de Camille Schmoll

Vue d’une cour du bidonville dit « de la Prêtresse » à Stains (Crédit : Lucas Teiller)

Mon étonnement initial provient de la relative stabilité du nombre de bidonvilles recensés sur le territoire national dans un contexte où, depuis une vingtaine d’années, l’action publique à destination des bidonvilles en France est largement structurée par des impératifs de « résorption » et de répression de « l’habitat illégal ». Je m’inscris à la suite d’un certain nombre de travaux qui ont cherché dans l’analyse de l’action publique locale les raisons de cette permanence. À partir d’une enquête conduite dans deux territoires français rarement mis en regard, je m’intéresse aux modalités de production d’espaces d’habitat informel, généralement qualifiés de bidonvilles et habités par des migrant.es précaires. Je m’appuie sur un dispositif méthodologique essentiellement qualitatif. L’analyse d’un corpus juridique, réglementaire et technique, est complétée par une série d’entretiens semi-directifs avec des acteurs publics locaux et nationaux. J’ai par ailleurs mené un travail ethnographique dans deux bidonvilles situés à Stains et à Mamoudzou, et au sein d’associations d’accès au droit intervenant dans les bidonvilles. Je développerai trois des pistes qui ont émergé au cours de cette enquête. D’abord, l’action publique à destination des bidonvilles est largement tributaire de bricolages institutionnels et d’arrangements avec les cadres des politiques urbaines, sociales et migratoires. Il en résulte à la fois d’importantes difficultés de coordination entre les acteurs et un accès au droit inégal, fragmentaire et partiel pour les habitant.es concerné.es. D’autre part, l’analyse des mobilités multiscalaires auxquelles se livrent – par choix ou par contrainte – les habitant.es rencontré.es révèle l’inadéquation entre leurs parcours et aspirations, et les dispositifs qui leur sont proposés ou imposés. Enfin, j’aimerais explorer l’hypothèse selon laquelle, en Seine-Saint-Denis et à Mayotte, le maintien des habitant.es de bidonvilles dans une situation de précarité et d’irrégularité constitue un outil de gouvernement de groupes sociaux indésirables.