Depuis le début de la guerre, un quart de la population ukrainienne s’est déplacée ou exilée et la Pologne a accueilli plus de la moitié de ces réfugiés. La politique d’asile européenne actuelle prend-t-elle en compte les apprentissages des crises migratoires précédentes, notamment celle de 2015 ?

Emmanuel Laurentin reçoit Irina Mützelburg, docteure en science politique et chercheuse à l’institut d’études est-européennes et internationales de Berlin, Céline Schmitt, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés et Camille Schmoll, directrice d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), membre de l’Unité Mixte de Recherche Géographie-cités et de l’Institut Convergences Migrations.

Camille Schmoll souligne les limites de la protection temporaire, et les différences de cette crise avec celle de 2015 :

« La question de l’accès à la protection temporaire pour les personnes non ukrainiennes résidentes en Ukraine se pose, comme les étudiants ou les travailleurs temporaires. (…) Le traitement politique particulier réservé aux réfugié.es ukrainiens et ukrainiennes est sans précédent. Il y a une rapidité de l’exode. C’est difficile de comparer avec ce qu’il s’est passé en 2015. Le traitement est différent, les itinéraires aussi, les risques aussi, la composition de la population. Les femmes sont beaucoup plus nombreuses que dans les exodes précédents, et il y a une proximité ressentie avec cette population. (…) Le contexte de libre circulation qui a précédé la crise permet une gestion plus souple. »