La prise en compte du patrimoine dans un secteur spécifique (PLU de La Riche, approuvé le 26/06/2017).

Cet article s’appuie sur les résultats d’un projet de recherche consacré à la notion de « plan local d’urbanisme patrimonial » et qui visait à dresser un état des lieux de la manière dont les collectivités territoriales se sont emparées des outils d’identification et de protection du patrimoine dans le cadre de l’élaboration de leur PLU.

Nous nous sommes focalisés ici sur des communes centres de grandes agglomérations françaises, pour une analyse comparée de ces PLU, enrichie d’entretiens et d’analyses de terrain avec les acteurs de leur élaboration. De cette analyse, il ressort que le patrimoine figure clairement parmi les points de passages obligés d’un PLU, en lien généralement avec d’autres enjeux, sans que cela ne présume cependant de l’ambition politique en la matière. Dans le cadre de l’élaboration de ces PLU se déploie un jeu d’acteurs mettant en jeu la définition du patrimoine et pouvant aboutir à une extension géographique et typologique de celui-ci avec notamment une tendance à l’immatérialisation de cette notion, qui se rapproche de celles de cadre de vie et de paysage.

Cette recherche a également été l’occasion d’entrer dans l’écriture réglementaire et de constater de grands écarts dans les degrés de contraintes et de protection. Elle a aussi permis de préciser les manières dont s’articulent des outils spécifiques de protection et la planification patrimoniale par le PLU. Ce que l’on peut qualifier en certains cas de véritable « PLU patrimonial » enrichit incontestablement la panoplie réglementaire en la matière.

« Au-delà du degré de contrainte impliqué par l’écriture réglementaire (de la recommandation à la prescription), le contenu même des règles énonce une certaine façon de définir le patrimoine et sa conservation, opérant un glissement de la protection d’une matérialité patrimoniale à une protection des paysages urbains. De nombreux PLU proposent une typologie des patrimoines protégés : un premier niveau (souvent qualifié d’exceptionnel) limite les possibilités de transformation voire de démolition, tandis qu’un second niveau énonce la nécessité de reconstruire dans les volumes existants en cas de démolition. Cette seconde disposition peut apparaître comme une façon de décourager de fait les démolitions, qui ne peuvent conduire à accroître la surface bâtie, mais elle montre aussi une approche alternative des objectifs de la patrimonialisation : ce n’est plus la stricte matérialité, ni même l’apparence ou le style architectural, qui sont l’objet des recommandations, mais les volumes et formes de la ville, voire sa silhouette, bref les paysages urbains. »
Le plan local d’urbanisme : un champ d’extension de la protection patrimoniale ? p. 17

Télécharger Mathieu Gigot, Sébastien Jacquot, Julie Marchand, Vincent Veschambre. Le plan local d’urbanisme : un champ d’extension de la protection patrimoniale ?. Territoire en mouvement. Revue de Géographie et d’Aménagement, 2023, Patrimoine, projets urbain et planification, 56, 22 p.

Mathieu Gigot est maître de conférences à l’Université Paris Cité et membre de l’UMR Géographie-cités. Géographe de formation et enseignant-chercheur en urbanisme, ses travaux de recherche se situent à l’interface entre la géographie, l’urbanisme et le droit. Il est responsable du projet LAPTER au sein de l’UMR Géographie-cités.

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Romeo Carabelli, Mathieu Gigot, Amélie Robert. Identifier et caractériser le patrimoine de proximité. Vers une approche participative. Mission Val de Loire, 2022, 978-2-9581106-0-4

Romeo Carabelli, Mathieu Gigot, Georges-Henry Laffont. Vers un sens commun pour le patrimoine de proximité. Communautés et actions territorialisantes. Mission Val de Loire, 2022, 978-2-9581106-1-1