Équipe CRIA

© Juliette Maulat

Créée dans les années 1980 par des collègues mobilisés par des recherches sur les espaces industriels et leurs aménagements, l’équipe CRIA a ensuite étendu ses objets de recherche en interrogeant plus globalement l’impact des mutations productives, notamment des réseaux, sur les territoires. L’urbanisme et l’aménagement en sont progressivement devenus l’objet principal, avec une attention particulière mais non exclusive à leur dimension réticulaire. Suite à un élargissement thématique progressif, les travaux portent actuellement sur la production et la gestion de la ville (acteurs, outils, matérialités urbaines). L’équipe est aujourd’hui marquée par les origines disciplinaires variées de ses membres : urbanisme, économie, géographie, sociologie, architecture, ingénierie. Cette pluri- voire inter-disciplinarité constitue l’un de ses atouts, compte tenu de la complexité et de l’intrication des problématiques urbaines et territoriales contemporaines et de leur traduction en termes d’urbanisme et d’aménagement. L’équipe est aussi marquée par l’importance de ses relations avec les acteurs, publics ou privés, de la production et de la gestion des villes et plus généralement des territoires.

Les travaux du CRIA sont développés autour de 5 axes de recherche :

  • Réseaux, infrastructures, mobilités
  • Métabolisme territorial et écologisation de l’urbanisme
  • Action locale entre publique et privée, bâti et non bâti
  • Développement territorial et actions d’aménagement
  • La recherche et l’enseignement en urbanisme : approches réflexives

Présentation détaillée des axes de recherche

Problématique de recherche

Les travaux du CRIA privilégient une approche de la production en urbanisme et aménagement, entendue comme une chaîne d’actions collectives et organisées relevant de différents secteurs, et concourant à la transformation de l’espace, des territoires et des milieux de vie, ainsi qu’aux effets en retour de ces transformations. La question de la production, abordée dans une perspective interdisciplinaire, met en jeu une analyse articulant acteurs, outils et matérialités.
Si la question de la production (tant exceptionnelle qu’ordinaire, tant issue des acteurs conventionnels que d’autres, privés ou individuels) est centrale, les travaux du CRIA sont marqués par des thématiques spécifiques : la transition socio-écologique et plus largement l’écologisation, sur la gestion du vivant, l’étude des vulnérabilités sociales, écologiques, sanitaires et territoriales, la financiarisation, ou encore les mutations à l’œuvre hors des métropoles (basses et moyennes densités, villes petites et moyennes), la généralisation de l’expérimentation et du recours au temporaire dans un contexte incertain, le renouvellement de la question foncière à l’aune de ces enjeux. Les travaux du CRIA sont développés autour de 5 axes de recherche

Réseaux, infrastructures, mobilités

Ce premier axe porte sur l’articulation entre réseaux, infrastructures et mobilités. Il est structuré autour de deux perspectives de recherche. La première est dans la continuité d’une longue tradition du CRIA d’analyse des stratégies territoriales (évaluation, planification, financement, modes de gestion) relatives aux réseaux et à leurs transformations notamment du point de vue physique à travers les infrastructures. Cette analyse porte en particulier sur les grandes infrastructures de réseau (gares, pôles d’échanges, aéroports, ports, centres logistiques,) dans un contexte de remise en cause de la légitimité même des grandes infrastructures et d’évolution du débat territorial associé (récits, acteurs, dispositifs). S’y ajoutent les évolutions des modalités de financement des transports (dont certaines fondées sur la valorisation foncière et la captation de valeur) à l’aune de la recomposition de l’intervention des États, de l’ouverture à la concurrence et de la privatisation en cours du secteur.
La deuxième perspective correspond à une intensification des recherches sur les politiques publiques relatives à la mobilité des personnes et des biens dans des contextes métropolitains. Elle s’attache à analyser la trajectoire de ces politiques publiques (planification, gouvernance) et les outils réglementaires, financiers et infrastructurels structurant une régulation des mobilités urbaines. Différents contextes sont abordés (Europe et Amérique du nord principalement) permettant de caractériser le contenu de la boîte à outils des politiques publiques bousculée par l’épisode pandémique récent. Une attention particulière est portée à la question des controverses tant dans le champ de la mobilité des personnes (des politiques socialement et spatialement sélectives) que dans le champ de la mobilité des biens (les impensés sociaux, écologiques et économiques de la logistique).

Métabolisme territorial et écologisation de l’aménagement et de l’urbanisme

Le deuxième axe de recherche porte sur l’écologie territoriale, à travers en particulier une analyse interdisciplinaire du métabolisme urbain, c’est-à-dire des flux et stocks matériels et énergétiques caractéristiques des villes et de leurs relations avec d’autres territoires, comme des interactions sociétés-biosphère. Ces travaux trouvent aujourd’hui un écho particulier dans la définition et la mise en œuvre des politiques d’économie circulaire, de souveraineté alimentaire, de production énergétique. L’entrée par le métabolisme permet d’en proposer une analyse matérielle, située et critique (par exemple sur les arbitrages entre énergie et matières) et de questionner la notion de transition, ceci grâce à une inscription des travaux dans la longue durée (historique et prospective) et dans une approche multiscalaire (qui permet de considérer les relations que les villes entretiennent avec d’autres territoires et vice versa).
Ces questions renvoient à celle de l’écologisation de l’urbanisme et de l’aménagement : l’analyse au prisme des enjeux de circularité est ainsi complétée par la prise en compte des enjeux de naturalité. Il s’agira d’interroger la manière dont la cohabitation entre les citadins et d’autres êtres vivants (végétaux et animaux) et la prise en compte de leurs fonctions écosystémiques modifie les pratiques de conception, de production et de gestion des espaces urbains. L’évolution du rapport à la matérialité du vivant non humain dans la fabrique de la ville est abordée à travers les dispositifs de préservation de l’environnement et de la biodiversité (ZAN – zéro artificialisation nette, ZEN – zéro émission nette, ZPNB – zéro perte nette de biodiversité, etc.) et les processus de désartificialisation ou de renaturation. Il s’agit aussi de s’intéresser aux formes d’interactions ordinaires entre humains et non-humains dans les espaces urbains, analysées au prisme notamment de la transformation des modalités de gestion et d’entretien. La question de la relation ville-fleuve est abordée en lien avec les réflexions sur la protection écologique fluviale et l’évolution des dispositifs et outils associés. Cet axe de recherche entre en résonance avec les quatre autres, la question de l’écologisation pouvant de plus en plus être considérée comme transversale à l’échelle de l’équipe.

Action locale entre public et privé, bâti et non bâti

Les processus qui concourent à la fabrication des espaces bâtis, non bâtis et des espaces publics font l’objet d’une attention particulière à travers l’analyse de l’action publique locale et de son articulation avec l’action des acteurs privés, associatifs et des ménages. Pour ce faire, les travaux se focalisent d’une part sur les référentiels d’action, les stratégies des acteurs (politiques et techniques), leurs modes d’action (instruments, outils juridiques et réglementaires (du droit dur au droit souple), zonages, dispositifs, en particulier les montages opérationnels et circuits de financement) et le contenu matériel de la production bâtie (habitat, activités, espaces infrastructurels, bâtiments vacants, etc.) ou non bâtie (renaturation, désimperméabilisation, valorisation de friches, installation de mobiliers plus ou moins pérennes ou temporaires, reconfiguration des espaces publics, etc.). D’autre part, l’attention est portée non seulement à la façon dont l’action publique locale cherche à s’adapter aux évolutions des conditions et modes de vie (croissance des inégalités, décroissance et déprise urbaines, vulnérabilité sociale, territoriale et sanitaire, vieillissement de la population, demande de prise en compte des enjeux environnementaux et de santé, etc.), mais aussi aux effets des démarches engagées sur ceux qui habitent et pratiquent les territoires concernés (appropriation et résistances, évolution des parcours résidentiels, transformation des pratiques de consommation, ségrégations sociospatiales, etc.).
Une attention plus particulière est portée, en premier lieu, au cycle de vie des espaces produits. L’ambition affichée est de parvenir à aborder les processus d’aménagement dans un continuum dépassant non seulement la segmentation dans le temps du projet (programmation-conception-production-gestion), mais aussi la répartition sectorielle entre acteurs (maîtrise d’ouvrage-maîtrise d’œuvre ; producteurs-exploitants-usagers). Il s’agit de réfléchir aux conditions de prise en compte des modalités de gestion et d’usage de ces espaces lors de leur conception et de leur production, tout en portant une attention renouvelée aux processus de transformation de l’existant, dans la perspective d’une plus grande sobriété foncière et matérielle, et de saisir les reconfigurations de la conduite de projet à l’heure où les démarches expérimentales et le recours au temporaires se généralisent. S’y ajoute l’analyse du droit en action dans ces processus d’aménagement. En second lieu, des travaux poursuivent l’analyse de l’évolution de la façon dont sont perçus et gérés différents types d’espaces bâtis et non bâtis par les opérateurs urbains qui en sont propriétaires, en s’interrogeant sur la mesure dans laquelle ils sont soumis à des processus de marchandisation et/ou de financiarisation, qui pourraient avoir des effets sur leurs usages. Enfin, la question des dynamiques immobilières est abordée notamment à l’aune du vieillissement de la population, de la crise sanitaire et de ses effets de longue durée.

Développement territorial et actions d’aménagement

Il s’agit d’explorer la manière dont les démarches de développement territorial sont établies et les effets qu’elles produisent sur les acteurs, les populations et les territoires, notamment quand elles incorporent des processus et actions d’aménagement, ou des démarches plus immatérielles telles que la labellisation. Qu’ils soient impulsés d’en haut (cadres et politiques nationaux et transnationaux de développement territorial, rôle dans certains cas du developmental state) ou d’en bas (projets de développement local ou démarches associatives), il s’agit d’analyser la manière dont sont appréhendés les territoires et sont produits les cadres (discours, concepts, politiques, actions, outils) des démarches de développement territorial à différentes échelles. L’attention est également portée sur les circulations de modèles et de “bonnes pratiques”, sur les stratégies “alternatives”, les interactions entre les cadres produits et la manière dont ils sont incorporés et transformés au moment de la mise en œuvre de ces démarches.
Il s’agit également d’analyser les façons dont les cadres en question sont interrogés, voire remis en question, par la confrontation à la diversité des acteurs à différentes échelles et/ou aux caractéristiques mêmes des territoires concernés par les démarches de développement territorial. Dans ce cadre, les travaux portent spécifiquement sur les interactions entre formes spatiales et actions de développement, sur le développement économique local, ainsi que sur les démarches de labellisation patrimoniales comme formes de développement local. Ils font aussi écho aux travaux conduits dans l’axe 2 lorsque l’écologisation devient un outil de développement (par exemple à travers celui de territoires énergétiques). Les terrains de recherche privilégiés sont les quartiers de la politique de la ville, les territoires de faible densité, les villes petites et moyennes, certains pays d’Asie orientale (déprise urbaine au Japon notamment, vulnérabilité aux crises sanitaires à Singapour).

L’urbanisme et l’enseignement de l’urbanisme : approches réflexives

Le CRIA poursuit ses contributions aux réflexions collectives sur le champ de l’urbanisme et de l’aménagement, ses ressources théoriques, ses pratiques pédagogiques et ses liens avec l’action. Les questions et inquiétudes soulevées par les changements de l’environnement, tout comme par la crise sanitaire et plus généralement les crises systémiques interpellent fortement le champ de l’urbanisme et de l’aménagement, qu’il s’agisse de ses bases théoriques ou de l’enseignement qui en est fait (et du contenu du champ comme registre d’action, comme indiqué dans l’axe 2). La question des méthodes pédagogiques et scientifiques est aussi abordée, en particulier autour de travaux sur l’usage du jeu sérieux dans l’enseignement ou sur les modalités d’appréhension de la ville et du projet urbain par des dispositifs de marches urbaines (classes dehors, balades urbaines).
Par ailleurs, ces dernières années, l’équipe a hébergé de nombreuses thèses CIFRE et participé à plusieurs projets de recherche-action via par exemple le programme POPSU. Riche de cette expérience dont est notamment issu un guide de la thèse CIFRE, publié en 2023, s’adressant à la fois aux futurs doctorants, encadrants et entreprises, l’équipe développe une réflexion sur les liens existant entre recherche et action urbaine, dans la perspective d’une meilleure diffusion des connaissances en direction des professionnels de la ville, aussi bien que pour mieux évaluer les apports de l’expertise à la recherche et l’articulation entre ces deux champs d’intervention.

Terrains d’études

Les travaux du CRIA portent sur différentes configurations territoriales (des métropoles aux viles petites et moyennes). Ils sont conduits dans des aires culturelles diversifiées (Europe, Amérique du Nord, Asie du Nord-Est).

« La Bretelle », occupation temporaire sous le boulevard périphérique entre Paris et Ivry-sur-Seine, 2023 © Antoine Fleury

Les programmes scientifiques récents des membres de l’équipe

Precare

Dates : 2025 - 2028

Le projet Precare a pour objectif d’apporter une contribution théorique et opérationnelle à l’analyse de la précarité dans les villes petites et moyennes françaises, et à celle des actions publiques, associatives et solidaires mises en œuvre pour accompagner les plus fragiles.

SPACE

Dates : 2022-2025

Le projet SPACE a pour objectif de développer une approche dynamique et adaptative de la durabilité urbaine. Il s'appuie sur des analyses des facteurs de risque et des modèles socio-spatiaux qui favorisent la transmission de la dengue à Singapour, ainsi que sur les compétences sociales et techniques développées par les individus, les groupes communautaires et les acteurs étatiques en réponse à la propagation de la maladie.

LAPTER

Dates : 2022 - 2025

Le projet de recherche LAPTER (Labels Patrimoniaux et Touristiques en Région Centre Val de Loire : une ressource TERrritoriale ?) vise à répondre à la question suivante : à quoi servent les labels à destination de la valorisation patrimoniale et touristique ? Plus précisément, il s’agira de regarder si - et dans quelle mesure - ces labels constituent des outils d’aménagement des territoires et de développement local.

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