Transversalités inter-équipes

Les quatre transversalités

(l’ordre de présentation n’est pas significatif)

Les échanges scientifiques entre les trois équipes se structurent autour de quatre transversalités.
Cette organisation par transversalités vise à favoriser les interactions et l’interconnaissance des travaux des uns et des autres, à l’échelle d’une UMR très large, multi-sites et multi-équipes dont les membres sont impliqués dans de nombreux programmes scientifiques largement ouverts sur des partenariats extérieurs tant en France qu’à l’international.

Cadenas d’amour : obscurs objets du tourisme. Pont Neuf, Paris, 2019.

Transversalité – Mobilités et territoires : vers une approche relationnelle de l’espace

Contacts : Nadine Cattan, Sylvie Fol et Camille Schmoll

Cette transversalité investit le paradigme du ‘Mobility turn’ qui considère la mobilité comme le signe d’un assouplissement, voire d’une remise en cause, des relations traditionnellement entretenues avec les territoires et les lieux dans la fabrication des identités individuelles et collectives, dans la structuration des inégalités sociales, dans la construction des échanges économiques et dans la compréhension des processus de mondialisation et de métropolisation. Il s’agit d’examiner la façon dont les mobilités structurent et façonnent les territoires et à l’inverse comment les territoires construisent les mobilités.

Objectifs. Le premier objectif est d’approcher la mobilité comme catégorie fondatrice de l’espace. Il s’agit de s’éloigner des approches fixistes, et de développer une approche relationnelle de l’espace. Le second objectif est d’analyser la dimension normative de la mobilité en l’interrogeant au prisme des arbitrages entre intentionnalité et contrainte, et de montrer à quel point la mobilité est à l’origine de recompositions des inégalités socio-spatiales. Un troisième objectif élargit les champs de recherche de l’axe et interroge, à côté des mobilités humaines, d’autres formes de circulations et de mouvements : circulations des objets, des informations, des émotions, des savoirs et des idées dans le cadre de leurs interactions avec les mobilités humaines.

Les travaux de cette transversalité croisent des approches abordant les mobilités à partir d’angles différents et complémentaires. Il s’agit en premier lieu d’approches conceptuelles, qui incluent une réflexion sur la circulation des concepts et des notions, considérée comme une forme spécifique et à part entière de mobilité. Il s’agit ensuite d’approches par les pratiques, qui abordent les mobilités selon des temporalités diverses et sous toutes leurs formes, qu’elles soient humaines ou non humaines, matérielles ou virtuelles (rapport à l’automobile, mobilités résidentielles, migrations). Il s’agit aussi d’approches relatives à la gestion des mobilités, qui s’intéressent à la façon dont les acteurs publics ou privés interviennent pour infléchir et réguler les mouvements et circulations des biens et des individus (logistique, transports de biens, accessibilité aux ressources urbaines, localisation des équipements). Enfin, il s’agit d’approches aussi bien qualitatives que quantitatives, qui tirent parti de l’extraordinaire diversité de données qui sont aujourd’hui à la disposition des chercheurs dans le domaine des mobilités.

Méthodologie. Les approches englobantes proposées par cet axe permettent de concevoir les systèmes territoriaux qui se fabriquent au croisement de différents types de mobilités, d’une grande variété d’acteurs et de différentes modalités d’action.

L’identification des figures géographiques des systèmes de mobilité revêt un intérêt tout particulier en s’inscrivant dans une perspective multi-échelle et multidimensionnelle des déplacements. Une perspective historique mettra en relief la longue durée des pratiques d’échanges et de mobilités.

L’animation de cet axe transversal se fera par :

  • un séminaire de recherche bisannuel
  • une forte coopération avec le Groupe de Travail « Mobilité » du LabEx DynamiTe
  • des projets de recherche collectifs, dont certains sont déjà engagés
  • la publication d’un ouvrage collectif sur le thème de la construction des spatialités par les mobilités
  • l’organisation d’une série de séminaires communs aux trois équipes sur les méthodologies pour proposer des approches et outils qui permettent d’appréhender la mobilité :
    • dans ses déploiements individuels, collectifs, multi-échelles
    • dans le croisement des différents types de mobilités
    • autour de la question de la représentation et de la figuration des mobilités.

Transversalité – Stabilités et fluidités des objets géographiques

Contacts : Béatrice Von Hirchausen et Ségolène Debarre

La transversalité prend appui sur l’intérêt ancien au sein de l’UMR pour la dimension temporelle des objets géographiques et pour la dimension spatiale des devenirs historiques. Elle permet de revenir collectivement sur des questions partagées quant aux stabilités et instabilités des entités géographiques, au flou et aux géométries variables de leurs limites, aux rapports entre rapidité des flux et durée des configurations spatiales ou aux rapports entre pratiques et représentations de l’espace et du temps.

Bénéficiant des apports de lieux de discussion scientifique bien établis tels le séminaire “Histoire et géographie, temps et espace“ de l’EHESS (depuis 2010) ainsi que des groupes de travail “Système de peuplement sur le temps long”, “Réseaux et territoires” et “Intégration régionale” du LabEx Dynamite (depuis 2012), la transversalité fédère des chercheur.e.s s’intéressant à la mise en relation intime entre l’espace et le temps observable sous diverses formes de dynamiques spatio-temporelles ou dans les manières qu’ont les sociétés de se situer conjointement dans l’espace et dans le temps.

Leurs travaux portent sur :

  • les modalités de résilience de systèmes spatiaux ou territoriaux : question de la dynamique des formes dans leur articulation aux échelles spatiales et temporelles ; question de la réaction aux chocs affectant des réseaux.
  • la modélisation et l’intégration du temps (discret ou continu par exemple) dans les modèles de dynamique spatio-temporelle.
  • les rythmes et les temporalités des phénomènes sociaux et leurs effets sur le façonnement des lieux et des territoires : la question se décline au niveau micro des pratiques journalières comme dans les travaux sur la transmission intergénérationnelle de la richesse et la reproduction des inégalités spatiales.
  • les (dés-)ajustements des temporalités du politique et des dynamiques spatiales observables à travers les investissements dans la production urbaine, ou à travers les réponses publiques aux phases de décroissance, à la rétraction des réseaux d’infrastructures ou de services ou avec la remise en cause des paradigmes de la croissance et des réseaux centralisés.
  • les représentations conjointes de l’espace et du temps, dans les imaginaires ordinaires ou dans les productions savantes, et les effets performatifs de tels montages sur les découpages du monde, sur les stratégies et politiques territoriales et leurs mises en récit.

Le travail collectif est organisé de manière décentralisée autour de « dossiers  » qu’animent des binômes ou trinômes appartenant à au moins deux équipes. Des appels à contributions internes à l’UMR permettent aux participants de proposer des projets d’articles, de les discuter en workshop, en vue de les soumettre sous forme de numéro thématique dans une revue à comité de lecture. Ces projets de dossiers offrent des espaces de discussion ouverts et sont conçus comme des lieux de formation et de perfectionnement de l’écriture scientifique des jeunes chercheur.e.s.

« Les imaginaires du futur dans l’analyse de la production des espaces »

Coordination : Ségolène Débarre et Béatrice von Hirschhausen

Il est couramment considéré que la production de l’espace (dans toutes ses dimensions, qu’elles soient matérielles, sociales, culturelles, économiques, etc.) est le résultat d’un processus historique cumulatif. Les métaphores de la « genèse » de systèmes spatiaux, de leur auto-entretien ou de leur résilience, celle de l’écriture de l’espace, de ses réécritures et du « palimpseste » géographique, ou celle des mémoires spatiales et de leur oubli ont donné corps à des schémas théoriques qui analysent les configurations spatiales en remontant le fil de leur histoire à différentes échelles. Ce dossier propose de faire place à une perspective inverse et complémentaire, en interrogeant les effets performatifs des imaginaires du futur sur la production de l’espace. On sait en effet que la prise en compte du futur gouverne les choix individuels ou collectifs. Appliquée à la dimension spatiale des devenirs historiques, la question des imaginaires du futur concerne tout à la fois les cadres formels de projection dans l’avenir – à travers, par exemple, les plans d’aménagement, les scénarios de développement ou les utopies urbaines ou rurales – et des imaginaires déployés dans les cadres informels de représentations diffuses et partagées sur l’avenir de tel ou tel territoire ou sur les destins prêtés à telle ou telle région du monde. La prise en compte de la contribution des visions du futur à la production des espaces n’est pas neuve : elle fut notamment abordée sous l’angle des mouvements utopistes (F. Choay 1965) et plus récemment en interrogeant les effets de visions dystopiques sur les choix politiques (Bret et alii 2012), sous l’angle de la prospective et des scénarios de développement (Découflé 1988), sous l’angle de la planification (Zepf et Andres 2011) et des idéologies qu’elle colporte selon qu’elle est « descendante » ou « ascendante » (d’Aquino 2002) ou des « ruses » qu’elle suscite (de Certeau 1988) ; sous l’angle aussi des imaginaires (Debarbieux 2015) et de leur efficacité autoréalisatrice (Staszak 2000) ou performative (Mondada 2003 ; Fijalkow 2017). Seront réunies dans ce dossier différentes contributions qui interrogent la place des horizons futurs dans la production de l’espace à partir d’une grande variété d’objets de recherche de l’UMR. On interrogera les manières dont les imaginaires du futur informent sous des formes très diverses les interprétations du présent comme du passé et coproduisent les espaces que nous étudions.

On peut décliner cette interrogation sur une grande variété de registres. Par exemple : – Comment des visions du futur formalisées dans des projets, des plans, des projections, orientent-ils les choix politiques ou ceux d’acteurs ordinaires ? Qu’est-ce qui, dans une situation donnée, les rend plausibles et spatialement efficaces ? Comment les imaginaires partagés sur les développements promis à une région, une ville, ou un quartier, dynamisent-ils ou entravent-ils les projets ? Où prennent-ils leur source et comment orientent-ils sur un mode performatif les trajectoires ? Quelles configurations spatiales sont favorisées dans des contextes économiques ou politiques rassurant ou au contraire de très haute incertitude ? Et comment certaines expériences géographiquement récurrentes dans la durée (en position centrale, périphériques ou « entre-deux ») se traduisent-elles dans les futurs imaginés par les sociétés locales ? Comment la géographie scolaire fabrique-t-elle des imaginaires du futur à partir d’une intention de restitution d’un état du monde ? Quels sont ces futurs imaginés ? Que reproduisent-il des schémas de domination et des rapports inégaux ? Comment les sociétés articulent-elles leurs choix aux promesses politiques ou/et aux incertitudes quotidiennes ? De quelles expériences géographiquement situées se nourrissent les croyances dans un futur promis ?

Bibliographie

Bernard Bret, Sophie Didier, Frédéric Dufaux (coord.) : « Les utopies, un horizon pour la justice spatiale? » Introduction au dossier thématique « Utopie et justice spatiale ». In :  Justice spatiale/Spatial Justice, n° 5, Déc 2012 / Déc 2013. https://www.jssj.org/issue/decembre-2012-dossier-thematique/

Françoise Choay : Urbanisme, utopies et réalités. Une anthologie. Paris, Le Seuil, 1964, 448 p.

Bernard Debarbieux (2015). L’espace de l’imaginaire: Essais et détours. Paris : CNRS Éditions. 307 p.

Michel de Certeau: L’invention du quotidien, volume 1: Art de faire. Paris, Gallimard, 1988, 349 p.

André-Clément Découflé : « Scénario » in Pierre Merlin, Françoise Choay (dir.) Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, 1988, Paris : PUF, 1988, p. 713-715.

Yankel Fijalkow (dir.) : Dire la ville c’est faire la ville. La performativité des discours sur l’espace urbain. Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2017, 194 p.

Lorenza Mondada, « Performativité », in : Levy et Lussault (dir.) Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés. Paris, Belin, 2003, p.

Jean-François Staszak, « Prophéties autoréalisatrices et géographie », Espace géographique, tome 29, n°2, 2000. pp. 105-119. DOI : https://doi.org/10.3406/spgeo.2000.198

« L’éphémère spatial »

Coordination : Beatriz Fernandez et Marie-Vic Ozouf-Marignier

Les réflexions géographiques sur les temporalités spatiales ont souvent privilégié le temps long et la permanence (temps immobile, stabilité ou même dynamiques, mais sur la longue durée, résilience ou durabilité des formes et des usages, etc.). Dans notre laboratoire, cette perspective de la longue durée est travaillée par les trois équipes et par un grand nombre de chercheur.e.s, qu’il s’agisse de réflexions sur les concepts ou d’études longitudinales.

L’ambition de ce dossier est de se pencher sur la dimension inverse de la temporalité et de mettre à l’étude l’éphémère, le temporaire, le transitoire, ce qui est passager, ne dure pas, voire ce qui est réversible. Comment les géographes, les aménageurs ou les spécialistes des modèles et systèmes complexes traitent-ils de la fugacité ? Comment, par exemple, la géographie classique, attentive à la stabilité de la relation homme/milieu ou aux genres de vie a-t-elle intégré la saisonnalité, l’itinérance ou le nomadisme ? De même, l’aménagement et l’urbanisme qui s’inscrivent coutumièrement dans une posture de transformation à long terme du territoire ou de la ville, ont aujourd’hui adopté le plan et le contrat qui s’inscrivent dans une durée limitée (quelques années le plus souvent). Quelles en sont les incidences ? Le transitoire, intervalle entre des durées plus longues, est aussi devenu une pratique qui forme le support de l’expérimentation et de l’alternativité en urbanisme.

Les premiers champs d’investigation auxquels nous pensons sont en lien avec des phénomènes prégnants de l’actualité contemporaine : habitat précaire ou migrations, friches, tiers-lieux, urbanisme transitoire ou tactique, occupations de ZAD, rues ou places, qui donnent lieu à diverses recherches au sein de l’UMR. Les contributions au dossier pourront aussi reposer sur l’investigation d’autres périodes et les problématiques d’autres disciplines avec lesquelles la géographie entretient des liens étroits : archéologie, anthropologie, études paysagères.

Cependant, on croit souhaitable de distinguer l’éphémère de l’événement (qui a eu naguère son groupe de recherche en géographie, l’EPEES) du changement, de la rupture ou de la catastrophe. Il nous semble que ces derniers thèmes, bien que proches de l’éphémère par la présence d’une temporalité courte, génèrent des problématiques spécifiques, trop vastes pour être incluses dans notre dossier.

Il serait intéressant de mêler des réflexions sur l’éphémère « choisi » (expériences créatives paysagères ou urbanistiques) et sur l’éphémère « subi » (expérience de la précarité et des marges). Dans tous les cas, la problématique que nous aimerions privilégier serait celle des effets croisés d’une part, de la temporalité courte et momentanée sur l’organisation spatiale, les territoires ou le paysage ; d’autre part, des spatialités éphémères sur l’appréhension du temps. Pour cette seconde relation qui va de l’espace au temps, nous observons en effet la fréquence de la dialectique entre le temporaire et le durable. Par exemple, dans les expériences d’urbanisme transitoire, la projection vers des formes de pérennisation est très souvent manifeste. Elle est même constitutive des expérimentations réglées par les politiques publiques. Place pourra également être faite à des contributions s’interrogeant sur l’éphémère en tant que processus, voire sur les durées variables de l’éphémère (des projets transitoires qui se pérennisent, des architectures éphémères qui se durcifient, des installations précaires qui durent, des occupations temporaires qui font souche, etc.) et les transformations spatiales que ces changements entrainent seront les bienvenues.

Les contributions pourront porter :

– sur les espaces de l’éphémère : friches, campement, habitat précaire, exploitation temporaire ou intermittente des espaces agraires ou naturels, bâtiments à usage temporaire (construits pour de grands événements comme les expositions universelles, les JO, etc)

– sur le vocabulaire de l’éphémère, dans une perspective d’histoire et d’épistémologie de la géographie, de l’urbanisme et de l’aménagement

– sur les pas de temps concernés par l’éphémère : l’éphémère de la préhistoire ou de l’archéologie n’est pas le même que celui de quelques années de la fabrique urbaine d’aujourd’hui

-sur l’articulation entre éphémère des formes et éphémère des usages

– sur les processus à l’œuvre dans l’éphémère (l’éphémère pour expérimenter, l’éphémère conçu pour durer, l’éphémère dans les outils ou instruments d’aménagement et d’urbanisme)

Bibliographie

Adisson F., 2017, « Choisir ses occupants. Quand les grands propriétaires adoptent des collectifs pour la gestion transitoire des friches urbaines », Métropolitiques, 6 janvier 2017. URL : https://metropolitiques.eu/Choisir-ses-occupants.html

Agier M. (ed.), 2014, Un monde de camps, Paris, La Découverte.

Bontemps V., Makaremi C., Mazouz S. et Bernard H. (eds.), 2018, Entre accueil et rejet: ce que les villes font aux migrants, Lyon, Le Passager clandestin (coll. « Bibliothèque des frontières »).

Bachir, L., Dinh S., Dreuil M., Krier C., Theron E., 2018,  L’urbanisme temporaire : comment évaluer son impact ? Définitions, acteurs, outils et enjeux. Atelier Professionnel Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Plateau Urbain, février 2018, p. 46.

Beekmans J. et De Boer J., 2014, Pop-Up City: City-Making in a Fluid World. Amsterdam, BIS Publishers BV.

Bishop P. et Williams L., 2012, The Temporary City. Londres, Routledge.

Bouagga Yasmine, Barré Céline, Barnier Sarah (eds.), 2017, De Lesbos à Calais: comment l’Europe fabrique des camps, Neuvy-en-Champagne, Le Passager clandestin (coll. « Bibliothèque des frontières »).

Bouillon F., 2009, Les mondes du squat, coll. « Partage du savoir », PUF, Paris.

Douay N. et Prevot M. (2016), « Circulations d’un modèle urbain « alternatif » ? Le cas de l’urbanisme tactique et de sa réception à Paris », EchoGéo [En ligne], avril/juin, vol. 36. URL : https://echogeo.revues.org/14617.

Durand A., 2017, Mutabilité urbaine. La nouvelle fabrique des villes., Gallion, Infolio Editions.

Haydn F. et Temel R. (éd.), 2006, Temporary urban spaces: concepts for the use of city spaces. Bâle/Boston/Berlin, Birkhaüser Verlag.

Krauss G. et Tremblay D.-G., 2019, Tiers-lieux: travailler et entreprendre sur les territoires : espaces de coworking, fablabs, hacklabs…, Rennes, PUR.

Mauss M., 1906, « Essai sur les variations saisonnières des sociétés eskimos. Étude de morphologie sociale », L’Année sociologique, t. IX, p. 39-132.

Nédélec, P., 2017, «  De nouveaux mots pour de nouvelles modalités de fabrique de la ville ? Initiatives citadines d’aménagement des espaces publics »,L’Information géographique, 3(3), 94-107. https://doi.org/10.3917/lig.813.0094

Overmeyer K. (éd.), 2007, Urban Pioneers: Temporary Use and Urban Development in Berlin. Berlin, Jovis Verlag.

Pradel B., 2010, Urbanisme temporaire et urbanité événementielle, les nouveaux rythmes collectifs, thèse de doctorat en sociologie de l’Université Paris-Est, 500 p.

Scherrer F., Vanier M. (eds.), 2013, Villes, territoires, réversibilités, « Colloque de Cerisy » Paris, Hermann.

Panneau signalant le lieu de l’ancien Rideau de fer et la date de son ouverture. Ségolène Debarre.

Place de la République à Montreuil, 2018. Antoine Fleury.

Transversalité – Les fabriques de l’urbain : processus, acteurs, pratiques

Contacts : Antoine Fleury et Juliette Maulat

La fabrique de l’urbain est abordée sous des angles différents par de nombreux chercheurs de l’UMR, quelles que soient leurs équipes. Elle est envisagée par certains comme un processus projeté, voire planifié, porté par des acteurs collectifs (institutionnels et organisés) disposant tous d’un pouvoir sur l’espace, mais avec des stratégies spatiales, des discours de légitimation et des rationalités d’action qui leur sont propres (acteurs publics, aménageurs, promoteurs, grande distribution, etc.). Elle est envisagée, par d’autres, de manière plus marquée comme résultant également des pratiques spatiales d’individus et également de l’action de « petits acteurs », plus ou moins dominés mais auxquels il est reconnu une certaine capacité d’action.

La transversalité a vocation à rassembler ces différentes approches, à les valoriser et à développer des recherches collectives sur la fabrique urbaine appréhendée à travers l’action collective, les pratiques et stratégies spatiales, les représentations et/ou les expériences sensibles. Elle propose ainsi de tirer profit des compétences variées et complémentaires des chercheurs de l’UMR, pour explorer les interactions entre les acteurs – individuels ou collectifs – et leur rôle dans les processus complexes de transformation, appropriation et production de l’espace urbain.

Deux types d’activités collectives sont mises en œuvre au cours de la période quinquennale en cours :

1) la programmation de sorties de terrain. L’objectif est de favoriser à la fois le partage de connaissances, la mise en débat autrement des résultats de recherche et une meilleure interconnaissance. Les participant·es se sont rendus à la Butte Pinson, à Bagneux, à Saint-Denis (Carrefour Pleyel), à Paris (ZAC Paris Rive Gauche, Campus Condorcet, ateliers Vaugirard) ou encore au Plessis-Robinson, abordant des problématiques aussi diverses que la gestion et la transformation des friches, l’expérimentation, l’aménagement des quartiers de gare, les stratégies immobilières des opérateurs de transport, la rénovation urbaine, etc.

2) un ouvrage collectif sur la fabrique du Grand Paris. L’objectif est de rassembler, structurer et diffuser les nombreux travaux menés dans le laboratoire sur ce territoire, tout en contribuant d’une manière originale aux débats sur le Grand Paris et ce faisant à la recherche urbaine sur la fabrique des grandes métropoles. Son originalité réside dans l’approche qu’il propose, attentive à la fois à la matérialité de la ville, aux processus sociaux et à la diversité de ses acteurs, avec une dimension empirique marquée. Les transformations de l’environnement bâti comme non-bâti, des réseaux comme des paysages et des milieux sont au cœur des questionnements. Elles sont saisies à différentes échelles spatiales et dans leurs temporalités multiples. Qui fabrique cette grande métropole qu’est le Grand Paris, inscrite dans un ensemble complexe de relations à large échelle ? De nouveaux modèles, référentiels, doctrines ou outils émergent-ils dans ce contexte si particulier, tant d’un point de vue urbanistique qu’institutionnel ou politique ? La très grande ville est-elle compatible avec une transition socio-écologique ? Dans quelles mesures continue-t-elle à produire des inégalités, plus ou moins visibles ? Telles sont les quatre grandes questions auxquelles l’ouvrage fournit des réponses en analysant conjointement les discours, valeurs et représentations des acteurs, leurs actions spatialisées et la dimension matérielle de la ville telle qu’ils la transforment.

Transversalité – Données et protocoles dans les humanités numériques

Contacts : Marion Maisonobe, Hugues Pecout Ludovic Chalonge

Internet et l’évolution numérique ont chamboulé non seulement les données et corpus de documents mobilisés et produits par la recherche scientifique – en taille, en nombre, en diversité – mais aussi les façons de faire de la recherche, voire les objets de la recherche elle-même.
Qu’est-ce que l’abondance et la diversité de données numériques fait aux sciences du territoire ?

Cette transversalité fédère :

  1. les travaux qui mobilisent des sources émergentes, hétérogènes et massives (notamment : traces individuelles anonymisées issues des TIC mobiles, données issues du web, sources anciennes numérisées, grands corpus audiovisuels, grands corpus d’images, etc.) à des fins de mesure de dynamiques socio-spatiales, de croisement et de comparaison avec d’autres sources, de modélisation, de visualisation, et d’analyse critique de leurs usages
  2. les travaux sur les méthodes mixtes portant la nécessaire réflexion sur l’évolution de nos méthodes d’enquête : comment articuler les masses de données numériques – souvent bruitées, sèches mais volumineuses – aux données issues d’entretiens et de travail de terrain — plus riches, mais coûteuses et rares — ainsi qu’aux données institutionnelles de type censitaire ;
  3. la diffusion de pratiques et d’outils améliorant la nécessaire reproductibilité de nos recherches, et promouvant l’accès ouvert ;
  4. le travail de constitution et de mise en ligne d’un catalogue des données utilisées et produits dans les recherches de l’unité. L’objectif est d’améliorer la visibilité des ressources constituées depuis plus de 30 ans, en capitalisant sur la connaissance des potentiels et limites de ces données.

Ces travaux répondent aux exigences scientifiques de reproductibilité de nos analyses et démonstrations, a posteriori de leur publication. Ils impliquent une ouverture contrôlée des corpus et des protocoles. L’animation de la transversalité comprend :

  • des journées d’étude auxquelles seront invité.e.s des chercheur.e.s extérieur.e.s à l’UMR. Ces journées serviront de base à la coordination des numéros de revue;
  • des formations internes proposées dans les locaux de l’UMR, et également ouvertes aux étudiants de Master, aux méthodes, outils et bonnes pratiques de la collecte et de la manipulation des nouvelles sources de (grands volumes de) données ;
  • la coordination de numéros thématiques.

Il s’agit encore de s’ouvrir aux possibilités en matière de sciences citoyennes et participatives offertes par les outils numériques.

Laurent Beauguitte
Ludovic Chalonge
Hadrien Commenges
Marianne Guérois
Gaelle Hallair
Hugues Pecout
Christine Kosmopoulos
Thomas Louail
Marion Maisonobe
Julie Vallée

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