logement IDFLes évincés, suivre les mobilités résidentielles des ménages défavorisés en Île-de-France

Luc Guibard (Université Paris Cité /UMR Géographie-cités) soutiendra sa thèse intitulée «Les évincés, suivre les mobilités résidentielles des ménages défavorisés en Île-de-France  », réalisée sous la direction de Renaud Le Goix (Université Paris Cité / UMR Géographie-cités)

lundi 24 juin
14 h
Campus des grands moulins de l’Université Paris Cité
Salle des thèses (580F)
5e étage de la Halle aux farines
Paris 13

Composition du jury

Christophe Imbert, professeur, Université de Rouen-Normandie, rapporteur

Renaud Le Goix, professeur, Université Paris Cité, directeur

Christine Lelévrier, professeure, Université Paris-Est-Créteil, examinatrice

Antonine Ribardière, maîtresse de conférences HDR, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, examinatrice

Julie Vallée, directrice de recherche, CNRS, examinatrice

Mathieu Van Criekingen, professeur, Université libre de Bruxelles, rapporteur

Résumé de la thèse

Cette thèse porte sur les inégalités de mobilité résidentielle en Île-de-France. Elle part du constat d’une profonde crise de l’abordabilité du logement dans la région, liée à l’inflation des prix immobiliers, à la diffusion des dynamiques de gentrification, mais aussi à la transformation des dispositifs de protection sociale. Dans ce contexte, la fragilisation du statut résidentiel des Franciliens les moins favorisés a été particulièrement discutée : ces derniers apparaissent confrontés à des risques accrus de mal-logement, de blocage de leurs parcours résidentiels, d’éviction et de relégation spatiale.

En s’appuyant sur l’analyse des données des Caisses d’allocations familiales, la thèse a pour objectif de documenter l’inscription spatiale des inégalités de mobilité résidentielle en Île-de-France. Individuelles, géolocalisées et couvrant la moitié de la population francilienne, les données allocataires constituent une source précieuse pour l’analyse des pratiques résidentielles. Elles permettent notamment d’effectuer un suivi précis des mobilités sortantes d’un territoire. Elles offrent aussi la possibilité d’une approche multidimensionnelle des inégalités sociales, croisant des aspects économiques, familiaux et professionnels.

Après avoir présenté les apports et les limites de cette source administrative, une analyse intégrée et contextualisée des déterminants de la mobilité résidentielle des allocataires franciliens est proposée. Celle-ci s’appuie sur la modélisation des risques de déménagement et de changement de commune des foyers. Elle confirme le rôle prépondérant des transitions familiales et professionnelles, mais révèle également l’instabilité résidentielle plus forte et l’ancrage territorial moins marqué des ménages confrontés à différentes formes de vulnérabilité sociale, en particulier dans les contextes où l’accès au logement est plus difficile. À Paris, le risque d’éviction des foyers les moins favorisés apparait particulièrement marqué.

À partir de mesures d’accessibilité renvoyant à différentes formes de centralité (géographique, fonctionnelle et relative à l’ancien espace de vie des ménages), une seconde partie de l’analyse porte sur les trajectoires d’éloignement en Île-de-France. Elle confirme que ces trajectoires sont socialement différenciées, mais appelle à nuancer l’hypothèse d’une périurbanisation de la pauvreté dans la région. Le caractère discriminant du revenu sur les parcours d’éloignement relatifs (distance à l’ancien logement) ressort en revanche, tout comme la dégradation plus importante de l’accessibilité aux ressources urbaines des ménages combinant différentes formes de vulnérabilité sociale. Cette recherche souligne finalement le rôle déterminant du secteur social face à la crise du logement abordable en Île-de-France.