L’adaptation du logement au grand âge en Chine

Les expériences contrastées de Hangzhou et Zhengzhou

Pengli WANG (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Géographie-cités) soutiendra sa thèse de doctorat en géographie intitulée « L’adaptation du logement au grand âge en Chine : les expériences contrastées de Hangzhou et Zhengzhou », menée sous la direction de Natacha AVELINE – DUBACH (directrice de thèse, Directrice de recherche CNRS en Géographie urbaine)

Le 14 décembre 2023
Institut de Géographie
191 rue Saint Jacques
75005 Paris

Membres de jury

Isabelle Attané, directrice de recherche à l’INED, Rapporteuse
Natacha Aveline – Dubach, directrice de recherche CNRS en Géographie urbaine, Directrice
Guillaume Giroir, professeur à l’université d’Orléans, Rapporteur
Dominique Argout, maître de conférence en sciences de l’éducation, l’université Paris-Est Créteil, Examinateur
Sophie Buhnik, enseignante-chercheuse en urbanisme à l’École Supérieure des Professions immobilières, Examinatrice

Résumé

Le vieillissement accéléré de la population chinoise, conséquence de la « politique de l’enfant unique » mais aussi du décollage économique de la Chine, a incité le gouvernement à transformer en profondeur son régime de protection sociale.
Ces transformations touchent tous les aspects de l’action sociale relatifs au vieillissement : les retraites, l’assurance maladie, l’assurance dépendance et le logement. Cette thèse rend compte de l’effort de l’État, à tous ses échelons, pour adapter l’offre d’hébergement et de soins de longue durée à une société en prise au délitement du familialisme confucéen.

Située à la croisée de la géographie du vieillissement et de la géographie d’aménagement, la thèse interroge tout particulièrement les modes de production des yanglaoyuan (maisons de retraite médicalisées ou non) et les politiques d’adaptation au grand âge des logements existants. Elle s’appuie sur le cas de deux métropoles décamillionaires de taille démographique comparable mais de maturité économique contrastée : Hanzghou, ville côtière prospère et Zhengzhou, ville de l’intérieur en cours de développement.
Le cadre théorique relie les débats sur la caractérisation des régimes de protection sociale à la littérature des housing studies sur les politiques propriétaristes et l’aide sociale basée sur les actifs (asset-based welfare). L’apport empirique est consistant, basé sur des enquêtes auprès de 70 acteurs publics et privés et une analyse ethnographique de 50 projets résidentiels.

Les résultats mettent en lumière une priorité très affirmée au maintien à domicile dans le cadre d’une doctrine propriétariste, l’objectif étant de pourvoir à 90% de l’offre résidentielle avec des modulations locales mineures. Les municipalités prennent en charge la requalification du bâti existant et procèdent, dans le cadre de ces opérations de rénovation urbaine, à la mise en place d’un fin maillage territorial de dispositifs communautaires offrant une assistance de base aux personnes âgées, en coordination avec les infrastructures hospitalières locales. Ces initiatives sont possibles grâce à l’importance des biens publics hérités de l’ère socialiste, qui peuvent ainsi être réaffectés, et plus généralement grâce au maintien de la propriété foncière par l’Etat. Cet avantage permet également aux gouvernements locaux de se désengager de l’exploitation de yanglaoyuan publics en attirant des exploitants privés grâce à la mise à disposition gratuite ou à très faible coût des locaux. Partout, ce modèle économique « léger en actif » (asset light) est promu pour développer une offre de yanglaoyuan à but non lucratif.

Cependant, le soutien à ce type d’habitat mobilise également des subventions publiques, ce qui crée des inégalités régionales significatives dans l’offre d’hébergement longue durée en fonction de la capacité financière des collectivités locales. Même lorsque les aides sont conséquentes comme à Hangzhou, elles ne suffisent pas à abaisser suffisamment le tarif d’hébergement ni à garantir une qualité des soins adéquates, ce qui rend l’offre inadaptée aux besoins tant en termes de niveau de médicalisation que de tarification. Ces dynamiques contribuent à renforcer la stratification sociale et spatiale des conditions de vie des personnes âgées, produite par le différentiel de capacité financière des gouvernements locaux mais également des ménages, en raison des écarts remarquables dans le montant des pensions en fonction de l’ancien employeur.