Les textes sur la carte dans le Mercure de France, 1672-1771
Au XVIIIe siècle la carte et ses usages se diffusent dans la société française. Le Mercure de France est l’un des vecteurs de cette diffusion. En effet, cette revue est non seulement le lieu de publicité, mais encore celui de débats, parfois de spécialistes de la carte. Nicolas Verdier (CNRS / Géographie-cités / EHESS) montre les temporalités de cette diffusion au prisme d’un périodique mondain.
L’intérêt du Mercure de France est que cette revue est tout au long du siècle l’une des revues majeures de l’Europe. Elle offre donc un observatoire particulièrement utile des évolutions sur le continent pendant cette période.
Au total donc, le Mercure en tant que journal mondain contient un nombre croissant de textes relatifs à la cartographie. On l’a vu, les disputes savantes, si elles ne s’y cantonnent pas, y trouvent cependant leur place, permettant d’une part de voir l’ensemble de la presse d’Ancien Régime, si ce n’est comme un continuum, du moins comme un espace finalement assez homogène malgré les orientations attribuées aux différentes publications. Dès lors c’est la question du rôle de ces différentes revues qui se met en place, faisant de ce périodique mondain, non le lieu de la validation par les pairs, mais celui de la validation par le public savant et, au-delà, par les potentiels mécènes.
Nicolas Verdier est directeur de recherches au CNRS, membre du laboratoire Géographie-cités, directeur d’études à l’EHESS. Ses recherches s’inscrivent dans le cadre du croisement entre territorialités dans le temps et épistémologie des savoirs sur les espaces et les territoires, les deux approches formant les deux faces d’un même questionnement. Une question oriente cette réflexion : comment les sociétés négocient et renégocient dans le temps leurs rapports aux espaces et aux territoires ? C’est par la mobilisation de deux champs : l’étude des recompositions spatiales et l’épistémologie des savoirs sur les espaces et les territoires qu’il propose des réflexions sur les temporalités de l’unification et de l’aménagement du territoire, sur les concepts d’échelle, de hiérarchie, de réseau ou de mémoire, voire de territoire.
Modalités de la communication scientifique et technique
Ce texte a été publié dans un ouvrage collectif « Modalités de la communication scientifique et technique » sous la direction de Muriel Le Roux, historienne, spécialiste d’histoire des sciences, des techniques et des entreprises. Chercheuse au CNRS, elle est rattachée à l’IHMC (CNRS, ENS-PSL, Paris 1 Panthéon-Sorbonne) dont elle est la directrice-adjointe.
Résumé
Si communiquer est aujourd’hui pour les scientifiques une injonction, ce livre a pour ambition d’explorer les arcanes des processus éditoriaux, communicationnels ou de vulgarisation, et de mettre en lumière les évolutions de cette activité inhérente aux sciences. La communication s’est ainsi, au fil du temps, codifiée, normalisée, du fait des scientifiques, d’institutions académiques d’État, d’éditeurs ou d’entreprises médiatiques. De façon générale, elle nécessite un émetteur, un message et un destinataire. Les communications scientifiques ne dérogent pas à la règle ; après validation des résultats par des spécialistes, les travaux sont communiqués à un plus grand nombre de chercheurs, puis vers différents « utilisateurs de connaissances » jusqu’au grand public. Elles proposent de partager l’état des connaissances disponibles sur un sujet donné à un moment T et peuvent concerner de grandes périodes de temps comme de longues distances. Il existe de nombreuses façons de communiquer : communication non verbale, visuelle, orale, écrite, imprimée, numérique, formelle, informelle… Dans ce volume, il n’est question que de communication sur des supports pérennes.
L’histoire de la communication est aussi une histoire technique, depuis les tablettes d’argile sumériennes jusqu’à l’imprimé, sans omettre le télégraphe, le téléphone, la radio, la télévision, l’internet, ce dernier offrant la possibilité de correspondre et de lire les dernières communications sur un même support. Ce livre, en étudiant différents cas de l’époque moderne à nos jours, donne à voir les stratégies des scientifiques, leurs rapports avec les « promoteurs » de sciences quels qu’ils soient et souligne combien la communication scientifique est une affaire de culture et de politique. Histoire de ruptures, de continuités et d’invariants, l’histoire de la communication scientifique est aussi celle de notre rapport au monde.
