Le prochain séminaire PARIS aura lieu 

vendredi 21 avril
9h30-12h30
salle 302
Centre des colloques du campus Condorcet et en distanciel.
Les horaires et le lieu vous seront communiqués dès que possible.

camp de Lavrio

Photo prise en juillet 2021. Vue extérieure du camp de Lavrio. Sur le mur, un graffiti indique : Kurd love Greek.

9h30 : Filyra Vlastou-Dimopoulo, doctorante Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Géographie-cités : « La relation entre un camp de réfugié.e.s et l’espace urbain: une exploration de la coexistence interculturelle à la ville de Lavrio (Grèce) »

Depuis 2015, la pierre angulaire de l’accueil des réfugié.e.s sur le territoire européen en Grèce a été la prolifération des installations de « type camp » (voir Maestri, 2017 ; Martin et al., 2020). Les analyses portant sur les études des camps ont tendance à mettre l’accent sur la nature excluante des camps, alors qu’il y a peu de recherches systématiques sur la relation entre des camps et leur entourage urbain. L’objectif de ma thèse est de combler cette lacune en explorant la relation entre un camp de réfugié.e.s et l’environnement local dans lequel ce camp est situé. J’examine, d’une part, les aspects du vivre ensemble entre les réfugié.e.s résidant dans le camp et les locaux et, d’autre part, comment la coexistence interculturelle au fil du temps devient un élément constitutif potentiel des sujets mais aussi du lieu lui-même.

À cette fin, ma thèse se focalise sur le camp de Lavrio, le premier centre d’accueil des réfugié.e.s géré par l’État grec, fondé en 1947 pour accueillir les fugitives des régimes communistes en Europe après la seconde guerre mondiale. Le camp fonctionne depuis 2017 comme un camp autoorganisé et il est situé dans le centre de Lavrio, accueillant environ 400 réfugié.e.s kurdes principalement de Turquie et de Syrie. La ville de Lavrio de plus de 7 000 habitants a un intérêt analytique en soi, en tant que ville qui a été depuis toujours marquée par la migration : c’est une ville côtière fondée en1870, après qu’un entrepreneur italien a établi une société minière sur un terrain vide. Rapidement, la ville s’est développée, devenant une importante ville industrielle qui, tout au long du XXe siècle, a été un point focal pour les migrants et les réfugiés de diverses origines à la recherche d’un emploi.

La contribution de la thèse à la littérature géographique sur les études de migration consiste à faire le lien entre deux corps d’étude : d’une part, les études sur les camps (voir Katz et al., 2018a ; Minca, 2015a, 2015b ; Martin et al., 2020) et, d’autre part, les études sur le vivre avec la différence (“living with difference”) du domaine de la géographie sociale et de la sociologie urbaine (voir Massey 2005 ; Amin, 2012 ; Hall, 2017). La thèse s’appuie sur une méthodologie qualitative mixte qui comprend des entretiens, des groupes de discussion, de l’ethnographie de la vie quotidienne, ainsi que de la recherche sur des archives nationaux et internationaux (UNRRA) couvrant la période que le camp a été fondé.

Cette présentation développera les premiers résultats de la thèse : elle discutera de l’importance de l’identité du réfugié politique dans l’histoire du camp, elle proposera un modèle pour comprendre la coexistence du camp avec la ville basé sur la relation dialectique entre temporalité, visibilité et formation identitaire, elle soulignera les façons dont la crise de l’accueil post-2015 a conduit à une crise dans la relation entre le camp et la ville, et enfin elle montrera comment les résident.e.s du camp cherchent à affirmer leur présence dans la ville dans la vie quotidienne.

Macrorégions d’appartenance représentées selon leurs fréquences dans les cartes mentales d’étudiant·es de l’Université des Antilles en novembre 2021 (enquête étudiante ANR-DFG Imageun, N = 231 étudiant·es / 275 régions tracées).
Carte issue du poster réalisé avec Elina Marveaux : « Imaginer sa région du monde. Représentations et projections d’imaginaires d’étudiant·e·s de France hexagonale et des Antilles » (JIG 2022).

10h30 : Camille Dabestani, doctorante Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / CNRS / Géographie-cités : « Construction des imaginaires macro-régionaux : régionalisations, pratiques et représentations des espaces d’entre-deux ? »

Cette recherche doctorale porte sur la construction des imaginaires macrorégionaux et interroge les processus de régionalisation d’espaces définis comme ultrapériphériques, en marge ou en position d’entre-deux dans les représentations du monde.
S’appuyant sur l’étude des processus de régionalisation mentale pour un ensemble de cas aux positionnements pluriels dans le monde, cette thèse analyse plus spécifiquement les enjeux macrorégionaux des territoires français de la Caraïbe. Insérées dans l’espace de la Caraïbe, la Martinique et la Guadeloupe sont au croisement d’ensembles spatiaux multiples géographiquement (Amériques), administrativement et institutionnellement (France et UE/Europe). Il s’agit d’appréhender les macrorégions en jeu dans les imaginaires et leurs relations (identification, différenciation ou hiérarchisation) dans ce contexte postcolonial.

Associé à de grands récits régionaux et à la construction de catégories politiques et institutionnelles (outremer, ultrapériphérie), l’espace de la Caraïbe est structurant dans les imaginaires mais apparaît comme un objet politique flou et mouvant au sein même des institutions et des représentations individuelles. Il s’agit également d’interroger les sentiments d’appartenance à des espaces macorégionaux et la multiplicité des logiques spatiales en jeu dans leurs expressions.

En s’appuyant sur les champs de la géographie des représentations et de la géographie politique, trois principaux points de vue sont mobilisés : étudiant, institutionnel et épistémique. Les pratiques et les représentations spatiales d’étudiant·es sont d’abord analysées par plusieurs dimensions (cartographiques, mobilités, parcours migratoires, linguistiques, culturelles) au sein d’une enquête réalisée en deux temps. Un questionnaire cartographique numérique est d’abord employé pour interroger un ensemble de cas (Allemagne, France hexagonale et Caraïbe, Irlande, Tunisie et Turquie) étudiés en association avec le projet ANR-DFG Imageun. Un travail d’entretien est réalisé auprès d’étudiant·es de l’Université des Antilles entre octobre et décembre 2022. La construction de grands récits macrorégionaux et des catégories institutionnelles produits par des organisations régionales est ensuite étudiée et complétée par une analyse de la production de savoirs académiques et grands publics.

11h30 Questions diverses

Prochain séminaire PARIS
21 avril 14h30-17h, salle 3.03, centre de colloques-Condorcet
Filmer la recherche – Géographie-ciné
Organisation collective (Joël Boulier et al.)

Contacts
Sophie Baudet-Michel & Hadrien Commenges
sophie.baudet-michel ( at ) u-paris.fr ; hadrien.commenges ( at ) univ-paris1.fr