géographie du politique« Tout ce dont l’étudiant a besoin pour le sujet 2022-2023 de Géographie thématique de l’agrégation de Géographie ».

Paru chez Atlande en février 2022, Géographies du politique est LA référence pour le sujet de Géographie thématique de l’agrégation de Géographie. Laurent BEAUGUITTE,
Hugo CUPRI, Antoine FLEURY et Nicolas GINSBURGER, chercheurs à Géographie-cités ont participé à l’élaboration de cet ouvrage.

Comme tous les Clefs-concours, l’ouvrage est structuré en trois parties :

  • Repères : le substrat conceptuel
  • Thèmes : comprendre les enjeux du programme
  • Outils : cartes, graphiques, images, chronologie et glossaire

Contributeurs membres de Géographie-cités

Laurent BEAUGUITTE est chargé de recherche CNRS à l’UMR Géographie-cités. Ses travaux portent sur la dimension spatiale du politique, de l’échelle Monde (ONU) à l’échelle intra-urbaine (Nuit debout). Il a récemment étudié les scènes musicales d’extrême droite et les zones à défendre (cf. son carnet de recherche Espaces et radicalités). Il est par ailleurs spécialisé dans les démarches d’analyse de réseaux.
Hugo CUPRI prépare actuellement une thèse de doctorat de géographie sur “Les géographes et l’épithète politique (1880-2000)” à l’université Panthéon-Sorbonne et au sein de l’équipe de recherche E. H. GO (Épistémologie et Histoire de la Géographie) de l’UMR 8504 Géographies cités. Ce travail s’inscrit dans les champs de la sémantique historique, de la sociolinguistique et de l’histoire conceptuelle.
Antoine FLEURY est géographe, chargé de recherche au CNRS – UMR 8504 Géographie-cités. Ses recherches portent sur les espaces publics, appréhendés sous différents angles allant de l’aménagement et de la gestion aux usages et à leur régulation, ainsi qu’au commerce urbain, abordé conjointement sous l’angle des structures commerciales, des pratiques des commerçants et des politiques publiques. Soucieux d’analyser ces objets en relation avec le changement urbain au sens large, il a aussi travaillé sur la gentrification et les inégalités socio-spatiales, sur les modes d’habiter périurbains et sur les articulations entre espaces urbains et mobilités.
Nicolas GINSBURGER est normalien, docteur en histoire contemporaine et chercheur associé à l’équipe de recherche E. H. GO (Épistémologie et histoire de la géographie) de l’UMR Géographie-cités (CNRS, Paris). Après une thèse sur les géographes universitaires français, allemands et états-uniens pendant la Première Guerre mondiale, il a consacré de nombreuses publications à des figures françaises et européennes de géographes engagés au cours du xxe siècle. Il a récemment codirigé l’ouvrage collectif Géographes français en Seconde Guerre mondiale (éditions de la Sorbonne, 2021).

Extrait

« GÉOGRAPHIE ET POLITIQUE À L’HEURE DE LA GUERRE FROIDE

Malgré les efforts d’un Demangeon ou d’un Bowman pour établir une forme de cordon sanitaire entre une “géographie politique” légitime et une “géo[1]politique” dévoyée, la distinction entre ces deux notions est toujours demeurée des plus floues. Aux États-Unis, à partir de la Seconde Guerre mondiale, le choix d’user de l’une ou de l’autre de ces étiquettes témoigne surtout des différences d’appréciation de la nature des relations internationales. Tandis que les tenants d’une vision “réaliste” et matérialiste usent volontiers du mot “géopolitique”, les adeptes d’une vision “libérale” et institutionnaliste préfèrent parler de “géographie politique”. Au demeurant, le recul des occurrences du terme “géopolitique” aux États-Unis à partir des années 1950, qui a pu faire parler d’un déclin de celle-ci, résulte surtout de l’essor académique de la discipline “relations internationales”, qui tend à absorber dans un ensemble plus vaste ce que l’on désignait auparavant sous le nom de “géopolitique”. L’étude de l’international passe ainsi progressivement des mains des géographes à celles des politistes qui se prétendent mieux armés pour l’envisager dans toute sa complexité. Toutefois, le fait que l’emploi du mot “géopolitique” décline ne signifie pas pour autant que les modèles heuristiques qu’il recouvre disparaissent. Tout au contraire, l’affrontement planétaire entre les États-Unis et l’URSS qui s’ouvre en 1947 donne lieu à l’élaboration de stratégies largement inspirées par les modèles issus de l’analyse géopolitique. Ainsi de la doctrine du containement de l’Union soviétique, destinée à empêcher l’accaparement par Moscou du potentiel de puissance, recèlerait l’“île mondiale” eurasiatique, dans laquelle il est difficile de ne pas reconnaître l’influence des préceptes de N. J. Spykman, eux-mêmes inspirés des travaux d’Halford J. Mackinder qui, pour ne jamais s’être réclamé de la géopolitique, n’en a pas moins a posteriori été considéré comme l’un de ses “pères” fondateurs. Il n’est d’ailleurs pas anodin de signaler que le principal spécialiste américain de géographie politique dans les années 1950, Richard Hartshorne (1899-1992), fait l’objet en URSS d’une campagne de diffamation assimilant ses travaux à de la “géopolitique” et donc à du “fascisme”. En bonne logique marxiste, la géopolitique est en effet accusée de longue date par les communistes de faire primer le spatial sur l’économique et, ce faisant, de justifier les inégalités en les présentant comme des fatalités géographiques à accepter plutôt que comme des injustices historiques à combattre. Le supposé déclin de la géopolitique dans les années 1950 et 1960 doit d’autant plus être relativisé que ces deux décennies sont aussi celles au cours desquelles la discipline connaît une grande vogue en Amé[1]rique latine où elle est le plus souvent pratiquée par des militaires, à l’image du lieutenant Augusto Pinochet (1915-2006) qui enseigne cette discipline à l’école militaire de Santiago du Chili et publie un manuel sur le sujet [PINOCHET UGARTE, 1968] ou du général brésilien Carlos de Meira Mattos (1913-2007). »

Commander Géographie du politique. Sous la direction de Fabrice Argounes.Ed. Atlande, 2022, 300 p.