Évolution de la présence des utilisateurs Facebook entre une période de confinement (18-25 mars 2020) et de vacances estivales (29 juillet-2 août 2022) – Source : Data for Good @Meta. © L.Chalonge-Géographie-cités.

Les départs précipités de citadin∙es à l’orée du premier confinement ont nourri l’idée d’un exode urbain. Par des données inédites sur les utilisateurs de Facebook en France,  Nadine Cattan, Olivier Telle et Céline Vacchiani-Marcuzzo, membres du laboratoire Géographie-cités en livrent une tout autre lecture, à une très fine échelle territoriale.

Dans un article publié dans Métropolitiques le 4 décembre, les auteur·e·s étudient les dynamiques des mobilités des Français·es et des Parisien·nes, entre mars 2020 et septembre 2022, afin de décrypter les potentielles recompositions territoriales qui les accompagnent.

Les données utilisées pour mener cette recherche sont issues de la base de données Meta Data for Good, produite par Facebook, et permettent de capter l’évolution des mobilités de millions d’individus dans le monde, dès lors que l’application Facebook est installée sur leur smartphone

Les analyses présentées dans cet article ont été menées dans le cadre du programme MAMA, en coopération avec Joséphin Béraud et Ludovic Chalonge, ingénieurs d’études.

« Cette recherche confirme qu’un tel exode n’a pas eu lieu à l’occasion du premier – et plus spectaculaire – confinement. Elle montre que la diminution de la population dans les centres urbains est due certes à des départs depuis ces centres, mais aussi à la réduction, voire à l’arrêt des mobilités des espaces périphériques vers les centres urbains. Par ailleurs, la comparaison des mobilités sortantes observées lors du premier confinement avec une période plus classique de fortes mobilités permet plus encore de nuancer un potentiel exode lié au confinement.  »

Nadine Cattan, Olivier Telle et Céline Vacchiani-Marcuzzo, « Le mythe de l’exode urbain parisien : quelles mobilités en temps de crise sanitaire ? », Métropolitiques, 4 décembre 2023. DOI : https://doi.org/10.56698/metropolitiques.1978.

Nadine Cattan est géographe, directrice de recherche au CNRS, à l’UMR Géographie-cités. Elle a copublié récemment l’ouvrage Hybrid Mobilities. Transgressive Spatialities (Routledge, 2021) et un numéro thématique de revue, « When Migrants Produce the City: Daily Negotiations of Urban Space/Quand les migrants produisent la ville : négociations quotidiennes de l’espace urbain » (The Canadian Geographer/Le Géographe canadien, 2021).

Olivier Telle est géographe de la santé au CNRS, actuellement en poste à l’IRASEC (Bangkok, Thaïlande). Ses recherches visent à mieux comprendre comment l’augmentation des maladies infectieuses et zoonotiques est connectée aux dynamiques environnementales, politiques et sociospatiales des villes en Asie du Sud et du Sud-Est (Singapour, Delhi, Vientiane, Bangkok). En Thaïlande, Olivier est associé au Laboratoire international associé « HealthDeep », entre le CNRS et les universités Mahidol et Kasetsart.

Céline Vacchiani-Marcuzzo est géographe, maîtresse de conférences habilitée à l’Université de Reims-Champagne Ardennes, membre de l’UMR Géographie-cités, spécialiste de la ville et de l’urbain. Ses travaux portent sur l’aspect fonctionnel et relationnel des villes dans une perspective comparative (États-Unis, Afrique du Sud, France). Ses publications abordent les trajectoires des villes sur le temps long, la diversité des systèmes de villes et les liens entre ville et innovation. Ses recherches en cours questionnent les mobilités des populations dans les villes dans une ère postCovid.

Lire aussi

Thomas Évariste & Jean-Baptiste Frétigny & Anne Fuzier & Christophe Gay & Maxime Huré & Thomas Pfirsch, « Les mobilités post-Covid : un monde d’après plus écologique ? », Métropolitiques, 29 juin 2023.
DOI : https://doi.org/10.56698/metropolitiques.1933