Conflits intra-étatiques et politiques du logement autour des gares du Grand Paris Express
Cet article, rédigé par Antoine Gosnet, doctorant (Géographie-cités/EHESS), a été publié dans la revue Cambridge Journal of Regions, Economy and Society dans le cadre d’un numéro spécial consacré aux mégaprojets urbains et à leur valeur symbolique dans les économies régionales.
Ce numéro s’inscrit dans un contexte où les grandes infrastructures métropolitaines sont de plus en plus appréhendées dans leur ancrage local. Elles doivent composer à la fois avec les logiques d’attractivité dans une concurrence exacerbée entre les métropoles globales avec les enjeux d’accès aux centralités urbaines pour les populations locales.
Dans le contexte de la construction du Grand Paris Express, l’article interroge l’affirmation du quartier de gare comme périmètre de référence de l’action publique urbaine, à une époque où la métropolisation et la gestion par projets tendent à fragmenter l’action publique et à segmenter la ville en lieux stratégiques.
À partir de plusieurs terrains d’enquête, l’article propose :
- de ne plus penser l’« État » comme un acteur homogène de l’aménagement, mais comme une mosaïque d’acteurs — centraux, déconcentrés, agencifiés — dont les priorités peuvent entrer en contradiction, notamment sous l’effet du mégaprojet. Ces tensions se cristallisent particulièrement autour des enjeux de production de logements sociaux (plus de 400 000 demandes de logements très sociaux restent en attente en Île-de-France)
- de questionner la “sur-gouvernance” des quartiers de gare, soumis à une multitude d’instruments d’action publique, sans que cela ne garantisse une maîtrise foncière publique étendue. Certains acteurs privés y ont devancé l’action publique dans la captation des plus-values foncières et immobilières, tandis que certaines collectivités refusent encore de produire des logements adaptés aux budgets, aux recompositions familiales et/ou aux trajectoires résidentielles des franciliens ;
- de soumettre à la discussion une modélisation possible de la transition métropolitaine, qui ne s’opère plus à l’échelle des métropoles dans leur globalité, mais à celle de quelques quartiers stratégiques emblématiques de la métropolisation et de création de valeur symbolique — au détriment d’autres territoires et besoins.
Antoine Gosnet, A mega-rescaling-project: state powers and intra-state conflicts in the development of the Grand Paris Express station districts, Cambridge Journal of Regions, Economy and Society, 2025, rsaf007, https://doi.org/10.1093/cjres/rsaf007

