Qui peut (encore) habiter à Bordeaux ? Les parcours résidentiels dans la métropole bordelaise et en Gironde 

Élise Thouron (Université de Bordeaux / UMR Géographie-cités) soutiendra sa thèse Cifre Qui peut (encore) habiter à Bordeaux ? Les parcours résidentiels dans la métropole bordelaise et en Gironde  réalisée sous la direction de Nathalie Gaussier (Université de Bordeaux) et Renaud Le Goix (Université Paris Cité) le

plan campus montesquieuVendredi 8 mars
9h
Université de Bordeaux
Salle des thèses
(cf. plan, n°34).

Composition du jury

Membres du jury

Mme GAUSSIER Nathalie, Maître de conférences, Université de Bordeaux, Directrice de thèse
M. LE GOIX Renaud, Professeur des universités, Université Paris, Cité Directeur de thèse
Mme BOURDEAU-LEPAGE Lise, Professeur des universités, Université Lyon 3, Rapportrice
M. DESJARDINS Xavier, Professeur des universités, Sorbonne Université, Rapporteur
M. ROUGÉ Lionel, Maître de conférences, Université de Toulouse 2, Examinateur
M. TAULELLE François, Professeur des universités, Université de Toulouse 2, Examinateur
Mme VALLÉE Julie, Directrice de recherche, CNRS, Examinatrice

Membres invités

M. DU MOULIN DE LABARTHÈTE Simon, Directeur Général de l’agence d’urbanisme Bordeaux Aquitaine
Mme DE VELLIS Caroline, Directrice d’équipe à l’agence d’urbanisme Bordeaux Aquitaine

Une illustration, issue de votre thèse ou photo-portrait.

Résumé

Partant du constat partagé par les élus et les techniciens qu’il est de plus en plus difficile de se loger dans la métropole bordelaise, la thèse s’intéresse aux stratégies résidentielles et aux parcours résidentiels dans la métropole bordelaise et en Gironde. En effet, le contexte immobilier particulièrement tendu et les prix élevés à l’achat et à la location conditionnent les modalités d’entrée sur les marchés du logement, locatif comme à la propriété, de s’y maintenir, de déménager. Ainsi, derrière la question de l’offre et des prix immobiliers à l’achat et à la location, l’enjeu majeur de la crise contemporaine du logement réside dans la fluidité des parcours résidentiels.

Dans un positionnement de recherche-action, l’objectif est de proposer une description fine des parcours résidentiels et de leurs points de blocage pour rendre compte des enjeux qui se posent aujourd’hui aux politiques publiques. Les méthodes mobilisées visent à décrire les stratégies, d’une part, et les parcours résidentiels, d’autre part. Partant d’une caractérisation générale des flux à partir des données Fidéli, une enquête par questionnaire (N=812), portant sur des ménages ayant récemment déménagé et vivant en Gironde à l’issue du déménagement, a fait l’objet d’un redressement et d’un traitement statistique. Des entretiens complètent l’analyse quantitative afin de comprendre plus finement les choix et les stratégies résidentielles. Mis en perspective avec les travaux existants, ces entretiens permettent de définir des idéaux types de trajectoires résidentielles, précisés par les résultats de l’analyse multivariée de l’enquête par questionnaire.

Les résultats mettent en évidence une typologie des parcours résidentiels en Gironde en 6 catégories : les « accédants en métropole », les « néo-Bordelais locataires », les « jeunes bénéficiant d’aides et/ ou d’un patrimoine familial » et qui déménagent sans difficulté dans le périurbain, les « retraités heureux », les « professions intermédiaires en milieu de cycle de vie entravées dans la métropole » et enfin, les « ouvriers et employés entravés en Gironde ». Ainsi, l’analyse croisée des idéaux types des trajectoires résidentielles et de la typologie des parcours résidentiels souligne que le cycle de vie ne permet pas à lui seul d’expliquer les parcours résidentiels des ménages. Les parcours résidentiels sont également socialement sélectifs. Les catégories aisées accèdent plus facilement à la propriété et a fortiori, à la location. À l’inverse, les classes les plus précaires sont exclues de l’accession à la propriété, parfois même dans le périurbain, alors que l’accession à la propriété demeure centrale dans la demande résidentielle. De plus, les inégalités patrimoniales, y compris au sein de la même étape du cycle de vie, opèrent enfin des distinctions importantes dans la fluidité des parcours résidentiels. Enfin, les aspirations résidentielles propres à chaque parcours de vie influencent aussi les parcours résidentiels. À moment dans le cycle de vie similaire et catégorie professionnelle équivalent, les trajectoires de vie mènent à des choix et à des arrangements différents.

Au regard de ces résultats, les politiques publiques en faveur de la fluidité des parcours résidentiels ne peuvent se résumer à des politiques de l’habitat. Elles doivent intégrer des politiques sociales, économiques et de transports afin de permettre un accès à un logement décent, à toutes les étapes de la vie. Les parcours résidentiels sont finalement un catalyseur des enjeux de la ville de demain.