Nevers ancrage à gauche ?Pour comprendre les recompositions électorales à l’œuvre lors de la présidentielle de 2022, Élie Guéraut et Achille Warnant se penchent sur le cas de Nevers. La composition sociologique des quartiers, de la ville-centre jusqu’aux mondes périurbains et ruraux qui l’entourent, éclaire la géographie des votes.

Après avoir longtemps été associé à un « fief » socialiste et communiste (Guéraut et Warnant 2020), ce territoire peut-il être à présent considéré comme un laboratoire de l’« après-gauche », dans un espace désormais dominé par de nouveaux acteurs politiques ? Après la crise du socialisme municipal en 2014, confirmée et accentuée lors des municipales de 2020, l’élection présidentielle de 2022 marque-t-elle une confirmation de l’effritement de cet ancien bastion de la gauche ? Confrontées à la montée du Rassemblement national (RN) et de La République en marche (LREM), quelles places occupent désormais localement les différentes organisations politiques classées à gauche ? Que nous enseigne la géographie du vote, appliquée ici à l’aire urbaine de Nevers, des recompositions socio-électorales à l’œuvre dans la France contemporaine ?

Cet article se propose de répondre à ces questions en revenant d’abord sur l’histoire et les caractéristiques de l’ancrage des socialistes et des communistes dans l’agglomération neversoise, qui repose sur de larges alliances de classes, notamment entre les milieux populaires (urbains et ruraux) et la petite bourgeoisie culturelle locale (Guéraut 2020). Les résultats des présidentielles de 2022, analysés dans une seconde partie, montrent combien ces alliances semblent aujourd’hui caduques, bien qu’un sursaut du vote Jean-Luc Mélenchon dans quelques bureaux de vote centraux et quartiers d’habitat social nuance ce résultat.

Télécharger Élie Guéraut, Achille Warnant. À Nevers, la fin d’un ancrage à gauche ? Métropolitiques, 29/9/2022