Le Congrès du centenaire de l’Union Géographique Internationale (UGI) se tient à Paris, du 18 au 22 juillet 2022, dans plusieurs lieux emblématiques de la géographie : Sorbonne, Institut de Géographie, Société de Géographie.
Organisée par le Comité National Français de Géographie, cette rencontre extraordinaire réunit des géographes du monde entier. Le thème « Le temps des géographes » invite à interroger l’articulation entre les dimensions spatiales et temporelles du cadre de vie des êtres humains et des non-humains. Il permet de confronter instant et durée, éphémère et permanent, temporalités et intemporalités, unicité et répétition, rapidités et lenteurs, mobilités et immobilités, cycles et renouvellements, mortalités et immortalités, révolutions et stagnations, dynamiques et résistances, crises et résiliences, stabilités et instabilités, biostasies et rhexistasies, jeunesses et vieillesses, héritages et prospectives, articulation des échelles spatiales et des échelles temporelles, la géographie et la société.
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Pour célébrer la création de l’UGI, mais aussi l’évolution de la discipline géographique depuis un siècle et sa pertinence pour le présent et le futur, le laboratoire Géographie-cités est particulièrement représenté, tant au niveau des présidences de sessions que des conférenciers. Un signe de la vitalité de la recherche de cette unité mixte CNRS / Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne, Université Paris Cité, EHESS.
18 juillet
Dans le cadre de la session « Approches Spatio-Temporelles Des Phénomènes De Population », Pierre PISTRE, Université De Paris, présente : D’une crise à une autre : dynamiques spatio-temporelles des migrations résidentielles vers les campagnes françaises depuis le début des années 2000
Cette communication propose d’analyser quantitativement l’évolution des migrations vers les campagnes françaises depuis le début des années 2000, cad durant une période marquée par deux crises successives (financière de 2007-2008 et sanitaire COVID depuis 2020). Plus précisément, il s’agit d’explorer l’hypothèse de deux crises aux répercutions contraires – de frein pour la première et d’accélérateur pour la deuxième – sur la tendance au renouveau démographique des espaces les moins peuplés depuis les années 1970-1980.
L’analyse repose nécessairement ici sur une approche spatio-temporelle. Elle est spatiale parce qu’il s’agit d’identifier des différences de (dé)croissance de population selon des catégories d’espace, les appartenances régionales ou des effets de distance aux espaces urbains en particulier. Elle est conjointement temporelle puisque la démarche vise à identifier des effets conjoncturels sur des tendances de population plus structurelles (cf. évolutions de moyen terme des soldes migratoires, des compositions de population…).
Deux sources en opendata sont mobilisées pour couvrir la période d’étude et palier l’absence récente de certaines données (ex. Bouba-Olga, 2022) : d’une part, les données du recensement de la population entre 1999 et 2020 – par l’exploitation des enquêtes annuelles sur les communes de moins de 10 000 habitants (Pistre, 2016) – pour analyser directement l’évolution des dynamiques migratoires ; d’autre part, les données DVF depuis 2014 – enrichies par Etalab et selon la méthode de préparation de Mériskay et Demores (à paraître) – pour examiner les effets d’attraction à travers l’évolution des prix ou des stocks de transaction. Principaux résultats obtenus et attendus : si la crise de 2007-2008 a entraîné un tassement des dynamiques migratoires positives dans les campagnes françaises, la crise COVID depuis 2021 tend à relancer l’attractivité d’une majorité d’espaces peu denses, comme souligné par les acteurs immobiliers (FNAIM, 2022).
Dans le cadre de la session : » Objectifying Mental And Sensitive Maps?« , Camille DABESTANI, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et Hugues PÉCOUT, CNRS – Collège international des sciences territoriales (CIST FR 2007) présentent : « Des cartes mentales pour appréhender les imaginaires macrorégionaux : retour d’expérience et analyse exploratoire de cartes mentales issues d’un questionnaire numérique ».
L’échelle macrorégionale est mobilisée à la fois dans des enjeux de gouvernance mais aussi dans la structuration des représentations mentales de l’espace mondial (Mareï & Richard, 2020). Les imaginaires associés à ces entités macrorégionales sont liés à de multiples facteurs sociopolitiques et historiques (Lewis & Wigen, 2004) et leur dimension spatiale est subjective, multiscalaire et floue (Montello et al., 2014). L’appréhension des macrorégions conduit à se saisir des cartes mentales comme outil déjà expérimenté dans l’analyse des représentations spatiales (Kitchin, 1994) aux échelles mondiales et (macro)régionales (Didelon-Loiseau et al., 2018).
Nous proposons donc de questionner plus spécifiquement l’analyse des formes spatiales et des degrés d’association à des ensembles macrorégionaux dans les représentations mentales des individus par la mobilisation de cartes mentales numériques.
Pour cela, nous nous appuierons sur des cartes mentales réalisées dans le cadre d’une enquête par questionnaire numérique portant sur les représentations des régions de résidence d’étudiants de diverses disciplines dans cinq pays (Allemagne, France, Irlande, Turquie et Tunisie). Ce questionnaire, actuellement en cours de diffusion (N théorique = 3600), s’inscrit au sein du projet de recherche ANR-DFG IMAGEUN[1] (2020-2023). Comment mobiliser des cartes mentales par saisie numérique via un questionnaire en ligne pour appréhender les représentations spatiales d’entités macrorégionales ? Comment prendre en compte la subjectivité de tels ensembles dans le traitement et l’analyse de ces cartes mentales ?
Nous aborderons ces questionnements à partir d’un retour d’expérience sur les choix réalisés lors de la mise en place du questionnaire numérique permettant la saisie de cartes mentales et de l’analyse exploratoire des premiers résultats.
[1] « In the Mirror of the European Neighbourhood (Policy): Mapping Macro-Regional Imaginations
19 juillet
Béatrice VON HIRSCHHAUSEN, CNRS, Germany et Ségolène DEBARRE, Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, président la session « Espaces et lieux des imaginaires du futur »
Avec les interventions de :
Nicolas VERDIER, CNRS, Clarisse DIDELON-LOISEAU, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Détroits et passages dans la construction du Monde
La découverte de détroits par les navigateurs ou l’ouverture de « passages » par les ingénieurs tels que lors de la construction des canaux de Suez et de Panama, sont des micro-évènements localisés qui ont des conséquences globales : ils permettent la rencontre de l’Autre et l’ouverture et le bouclage du monde. Les productions discursives qui prolifèrent lors de ces évènements sont riches d’enseignements sur les horizons d’attentes des sociétés. En fonction de l’époque à laquelle se produisent ces évènements nous observons non seulement une évolution de l’image du monde mais aussi un changement des perceptions du temps. Nous nous proposons de comparer les utopies liées à l’espace mondial et à la mondialisation identifiables dans les discours produits lors de l’ouverture du canal de Suez (1869) et ceux produits dans la perspective de l’ouverture du « passage du Nord-Est ». On y retrouve un certain nombre de points communs comme l’expression d’utopies liées à la maitrise spatio-temporelle de l’échelle mondiale, le leitmotiv de l’amélioration des temps de trajet étant une dimension structurante de ces discours. Ces deux « projets » s’inscrivent néanmoins dans deux époques qui ont des visions du futur radicalement différentes. Ainsi au 19ème siècle, les discours autour du creusement du canal de Suez, font preuve d’une foi dans le progrès technologique et scientifique, dans les aspects bénéfiques de la mise en relation des sociétés qui constituent le monde et dans les bénéfices du commerce pour les populations dans leur ensemble. Près de 150 ans plus tard, à propos de l’ouverture du passage du Nord-Est, on ne trouve plus trace de discours optimiste projeté à l’échelle mondiale mais une sorte de fuite en avant cynique dans la poursuite d’un modèle de société dont on connait les limites, l’une d’elle étant paradoxalement celle qui favorise la circulation maritime dans les zones polaires : le réchauffement climatique.
Anne-Cécile OTT, Université Paris 1 . Le Monde d’après : l’influence des imaginaires du futur sur les représentations enfantines de l’espace mondial.
L’enquête que j’ai menée dans le cadre de ma recherche doctorale auprès de 248 enfants âgés de 6 à 11 ans et scolarisés dans 4 écoles parisiennes sur leurs représentations du monde montre qu’à mesure de l’avancée en âge, les enfants représentent de plus en plus le monde à l’échelle mondiale.
Plusieurs enquêtés ont développé des représentations du monde comme Monde, c’est-à-dire dire perçu comme un tout, comme le plus haut niveau de l’échelle géographique, auquel il faut adjoindre l’existence d’une pensée politique et sociale à cette échelle (Grataloup, 2011).
Ces représentations du Monde révèlent la grande importance chez les enfants enquêtés des questions environnementales — mais aussi des inégalités ou des conflits, qui débouchent parfois sur de véritables réflexions anthropologiques, qui questionnent la place des humains dans la nature. Ces représentations du monde traduisent alors un processus de planétarisation, véritable basculement à l’échelle de la société (Reghezza, 2015).
Ces formes émergentes de représentation du monde sont indissociables d’une pensée des temporalités : d’une réflexivité sur le passé mais aussi d’une capacité de projection dans un temps futur, dont les incertitudes influencent les représentations du Monde de certains des enquêtés. La convocation par les enfants d’imaginaires du futur ne se retrouve toutefois pas chez n’importe quels enfants : elle est le produit d’un processus de socialisation. L’émergence de ces imaginaires se comprend au croisement des caractéristiques sociales des enfants et de l’influence de différentes sphères de socialisation. Il s’agit alors d’articuler les inquiétudes des enfants à leurs expériences vécues et médiatisées (Walker, 2019), que ce soit par exemple par l’institution scolaire ou les médias, qui diffusent en effet de plus en plus d’actions liant enfance et climat ou de discours sur les incertitudes quant au devenir du monde, bien que de manière souvent dépolitisée (Considère et Tutiaux-Guillon, 2013).
Jean-Louis TISSIER. Pierre George et « La France de demain »
Pierre George (1909-2006) a été dans les années cinquante et soixante un géographe témoin de mutations de la géographie humaine de l’Europe et de la France. Les innovations technologiques, leurs applications à des espaces élargis re-dessinaient un monde pour demain. La géographie humaine de P. George était particulièrement attentive aux données démographiques et aux indicateurs économiques (énergie, production industrielle). Ces agrégats lui permettaient des projections sur un futur proche ou plus lointain. La collection des Presses Universitaires de France (PUF), La France de demain, qu’il dirige avec François-Louis Closon (directeur-fondateur de l’INSEE) affiche ce programme éditorial. En 1962 P. George (avec J. Bastié et P.Randet) publie l’ouvrage d’ouverture « La région parisienne ». Sept volumes suivront sur les différentes régions françaises traitées par des élèves et collègues de P. George, chercheurs et professeurs dans les universités de ces régions.
De quoi a été fait le « Demain » de la géographie de la France dans ces « sixties » ambitieuses ? Le lancement de la collection a lieu au moment où la DATAR prend en charge la politique d’aménagement du territoire. Les géographes impliqués doivent combiner dans leurs contributions les héritages, les dynamiques à l’œuvre et les perspectives ouvertes par des objectifs affichés par l’État et déclinés dans les ensembles régionaux. L’analyse de ces différents volumes (textes et iconographie) permettra de repérer les modalités de cette prospective : données démographiques, priorités économiques, mutations territoriales. Ce « Demain » est aujourd’hui notre passé proche : on peut ainsi confronter ce qui est advenu à ce qui était envisagé, et méditer sur la réalisation ou l’écart aux desseins initiaux. Comment se situe, au sens géographique, la nouveauté dans l’existant ? Quels sont les héritages ravivés, les projets pionniers, les artefacts un peu fous (aérotrain, four solaire, usine marémotrice…) ?
Denis ECKERT, CNRS. Les passeurs d’une utopie : la promesse espérantiste et ses premiers militants. Une histoire située dans l’Entre-Deux européen et les Confins des Empires (1887-1914).
La proposition faite en 1887 par L. Zamenhof d’une langue internationale, qui se concrétisera par la structuration de l’esperanto et de la communauté de ses locuteurs, correspondait à une préoccupation largement répandue au 19e siècle: l’établissement d’une langue véhiculaire universelle, échappant à la concurrence entre grandes langues «?impériales?». Elle est aussi une promesse de résolution des incompréhensions entre peuples. Le projet espérantiste correspond à une préoccupation philanthropique qui est ancrée dans une vision d’un futur plus harmonieux pour l’humanité.
On souhaite inscrire l’idée universaliste énoncée par Zamenhof dans le contexte socio-spatial dans lequel elle émerge. Car l’esperanto, même s’il va se mondialiser, émerge dans un contexte spécifique. Il s’agit pour nous de montrer les modalités de circulation d’une utopie et d’une innovation, en s’appuyant sur deux éléments : les premiers manuels (lieux d’édition, langues-cibles…) et brochures de présentation de l’esperanto à partir de 1887, ainsi que les profils de leurs auteurs. La plupart de ces derniers sont en effet, à un titre ou un autre, un produit des marges (sociales, territoriales, ethniques et/ou religieuses) d’Europe centrale et orientale, et s’attachent à ce projet pour se projeter dans un avenir meilleur.
Une attention particulière sera portée aux cultures minoritaires et dominées qui font partie des « publics » très tôt ciblés par les petits noyaux fondateurs de l’espérantisme (Baltes, Juifs yiddishophones, etc.). Lieux d’édition, publics visés, background et trajectoires des auteurs des premiers manuels, analyse des contenus de ces textes seront considérés ensemble pour donner à voir les territorialités originales de la naissance et de la première diffusion de l’esperanto, langue inséparable des horizons de la mondialisation mais innovation très ancrée, à ses débuts, dans la situation spatiale spécifique des Confins d’Empires de la fin du 19e siècle.
Joséphine LÉCUYER, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France. Entre utopie et réalité : les imaginaires du futur de campagnes en décroissance
Les campagnes du nord-est de l’Allemagne font face à de multiples difficultés. Pertes migratoires, décrochage économique, dépendance, stigmatisation : ces espaces sont confrontés à la périphérisation (Kühn, Weck, 2013). Dans le Land de Mecklembourg-Poméranie, les pronostics annoncent par exemple 38% d’habitants en moins entre 2006 et 2030 dans le district de Demmin. Pris dans la spirale du déclin, comment les acteurs publics locaux envisagent-ils le futur de leur région ? Comme souvent, il n’est pas question d’opter pour une stratégie assumée de décroissance (Dormois, Fol, 2017). La peur d’un effet performatif du discours sur la décroissance est bien présente chez les acteurs locaux. Une grande partie des politiques publiques est donc tournée vers le renforcement de l’attractivité du territoire (Lécuyer, 2021). La figure de « l’arrivant » visée diffère parfois légèrement selon les régions, et est dans une certaine mesure fantasmée par les acteurs du développement sans prendre en compte les réalités de leur territoire. Les freins à ces arrivées sont nombreux (manque d’infrastructures, mauvaise connexion internet, longs trajets, manque d’emploi, stigmatisation) mais sont souvent minimisés. Dès lors, des stratégies de marketing territorial destinées aux citadins ou aux personnes ayant quitté le Land mais envisageant d’y revenir sont mises en place, et des équipements sont également construits à destination de cette clientèle citadine visée.
Cette proposition s’appuie un travail de terrain de quatre mois, mené dans le Mecklembourg-Poméranie en 2018 et 2019, au cours duquel ont été réalisés 36 d’entretiens avec des acteurs du développement local, ainsi qu’un travail d’observation lors d’une douzaine réunions rassemblant des acteurs du développement local. Les politiques publiques locales et régionales ont également été analysées, ainsi que divers documents d’aménagement comme les stratégies de développement des régions du programme européen LEADER.
Béatrice VON HIRSCHHAUSEN, CNRS. Un désaccord sur l’avenir enviable ? Horizons d’attente et choix électoraux de voisins est-allemands et ouest-allemands
Cette intervention propose d’interroger l’apparition d’une frontière fantôme sur les cartes électorales allemandes au long de l’ancienne frontière de la Guerre froide. Elle est le plus souvent expliquée à partir d’une analyse des héritages et des frustrations de l’expériences historique est-allemande. Cet article propos de porter l’attention, à rebours de ce schéma explicatif habituel, sur la manière dont se construisent les rapports locaux aux futurs possibles de part et d’autre de l’ancienne frontière ; il fait l’hypothèse d’un désaccord géographiquement construit sur le ou les futurs souhaitables. Il s’agit de mettre à jour ce désaccord, d’en éclairer les raisons, d’essayer de faire la part de ses ressorts proprement géographiques et d’en expliciter les effets d’ordre performatif.
Les matériaux empiriques sont fournis par une enquête conduite en 2020 et 2021, dans deux villages situés en basse Franconie, à quatre kilomètres l’un de l’autre : autrefois séparés par l’ancien Rideau de fer, ils sont aujourd’hui au contact direct de la frontière entre les Länder de Thuringe et de Bavière et profitent tous deux du marché de l’emploi favorable des petites villes bavaroises de la région. Il s’agira d’éclairer le sens que les personnes interrogées donnent à leurs expériences respectives et à leurs pratiques de l’espace, d’expliciter les récits au regard desquels elles se situent (entre Est et Ouest, entre villes et campagnes, entre espaces des réseaux familiers et espaces du monde professionnel), au regard desquels aussi elles comprennent ce qu’elles ont vécu et se projettent dans le futur. Il faudra essayer in fine de comprendre pourquoi, 30 ans après la réunification, leurs votes divergent de façon si spectaculaire en dépit de conditions sociales et économiques aujourd’hui très similaires.
Dans le cadre de la session « Préparer Au Monde De Demain : Quelles Contributions De La Géographie Scolaire Et Universitaire ? » :
Jennifer BROUCK, Université Paris 1 présente : « The figure of knot : embodiment of the hypermobile’s spatialization and its impact on places. »
In our contemporary time, we talk about a mobile society in which places would be dissolved, identities liquified, and territories eradicated by networks. The intensive mobility is often accused to create placeless, floating, autonomous people, and the hypermobile individual –quasi-constantly on the move– represents, for some, the ultimate figure of the uprooting. But what about emotions, meanings or representations into the movement? The dichotomy between network and territory, strongly settled in our categories of thinking, impoverishes the analysis of the mobile experience by ignoring inertias, touches, or collisions.
This study emphasizes and interrogates these connecting moments between individuals and places generated by the displacement. What is the nature of these relations settled and constructed by the ephemeral time? By considering emotions and representations, could the mobility be a potential source of appropriation and anchoring? And what is the impact of these personal and sentimental relations on cities or places?
Through a survey based on a semi-directive questionnaire and mental maps, and conducted with 15 Parisians hypermobile individuals, the ambition is to understand the reliefs of the mobile spatiality. Distinction or similarity of practices according to places, the diversity of emotions, the transformation of representations…By these considerations, the mobility –particularly the intensive one– seems to assume modifications of current structures, and constructions of new ones. Involving all the categories of mobility, this study reveals convergences and echoes between places, which shape an emotional and spatial structure. This changing -but solid- entity is embodied at the individual scale and embraces a fundamental role in the contemporary spatiality. Through the symbolic figure of the knot, the wish is to concretize the existence of these ontological –but real and impacting– territories and to consider them in their articulation with places.
Nolwenn Azilis RIGOLLET, Paris 1, présente : « Le Monde c’est nous » : comment les lycéens pensent-ils le Monde ? État des lieux des représentations et perspectives pédagogiques et didactiques. »
Les lycéens identifient deux types de risques d’origine anthropique : les risques environnementaux d’échelle planétaire et la guerre (en particulier le terrorisme). Dans les représentations des élèves, la biosphère qui se déploie sur la planète Terre et le système Terre sont menacés par l’humain : l’interaction la plus manifeste entre les humains et le reste des composantes de la planète Terre s’opère sur le mode de la destruction. Certaines représentations des lycéens mettent en scène la fin du monde : ces productions à caractère futuro-dystopiques rejoignent les thèses collapsologues.
Les réflexions sur la fragilité de la vie sur Terre semblent conduire à penser le Monde dans sa totalité et ce faisant, une réflexion sur la résolution des problèmes à ce niveau de réflexion s’impose.
Les lycéens se sentent peu légitimes en matière de politique. De manière récurrente dans les entretiens, ils soulignent leur ignorance du fonctionnement institutionnel et leur jeune âge. Ils mettent à distance la politique et l’enseignement moral et civique (EMC), qu’ils considèrent comme une doxa scolaire. Les lycéens valorisent cependant certaines actions de la « société civile », comme l’engagement de la jeunesse en matière de défense de l’environnement et soulignent l’importance des enjeux globaux pour leur génération.
Anne-Cécile OTT, Université Paris 1, présente : « (Se) représenter le monde de demain : quel(s) point(s) de vue des enfants ? »
Enseigner le monde de demain aux enfants et les confronter aux changements globaux auxquels ils font face constituent un défi contemporain pour la didactique de la géographie.
Les enfants construisent cependant déjà des représentations du monde qui sont influencées par une réflexion sur les temporalités et par une projection dans le futur. C’est ce que révèle l’enquête menée dans le cadre de ma recherche doctorale auprès de 248 enfants âgés de 6 à 11 ans et scolarisés dans 4 écoles parisiennes sur leurs représentations de l’espace mondial.
Les enquêtés ont développé des représentations du monde qui témoignent de l’importance dans leurs imaginaires des questions environnementales (Byrne et al., 2014). Leurs discours débouchent parfois sur de véritables réflexions anthropologiques, questionnant par exemple la place des humains dans la nature. Leurs représentations traduisent l’existence d’une pensée du monde comme Monde (Grataloup, 2011) et révèlent les traces d’un processus de planétarisation, véritable basculement à l’échelle de la société (Reghezza, 2015). Ces formes émergentes de représentation du monde sont indissociables d’une réflexivité sur le passé et le présent mais aussi d’une capacité de projection dans le futur.
Ces représentations se sont avérées être socialement différenciées et le produit d’un processus de socialisation. Leur émergence se comprend au croisement des caractéristiques sociales des enfants et de l’influence de différentes sphères de socialisation. Il s’agit alors d’articuler les inquiétudes des enfants à leurs expériences vécues et médiatisées (Walker, 2019), notamment par l’institution scolaire. En retour, il semble que la prise en compte du point de vue des enfants eux-mêmes sur le monde de demain et l’analyse de leurs représentations et perspectives puisse constituer un point d’appui pour les réflexions sur les manières dont la culture scolaire en géographie peut et doit s’emparer de la question du futur et des enjeux globaux.
Béatrice VON HIRSCHHAUSEN copréside avec Sabine VON LÖWIS (Centre For East Europan And International Studies, Germany) la session : « Traces Of The Past: Between Experiences And Spatial Imaginations«
14:30 – 16:15 – Panthéon Room 11
Dans le cadre de la session : Geographical Impacts Of Urban And Metropolitan Logistics: Mobilities Of E-Commerce, Warehousing, Logistics Real Estate, Urban Freight, Marion ALBERTELLI présente : From services to urban logistics : an affirmation of the SNCF’s role in the urban production ?
Since the 1960s, the model of the French metropolitan railway station has evolved considerably. The opening up to competition, Europeanization, the regionalization of networks, and the rise of high-speed rail have led to an economization of large stations and accelerated the transformation of the SNCF. These transformations are also linked to the development of sustainable urban models : since the 1990s, the idea of linking public transport networks and urban planning has become standard in urban planning discourse.
Station areas appear as strategic sectors within those sustainable urban models and they are the subject of new planning policies focused on urban and last-mile logistics. French cities are negotiating with the railway operator to develop « Urban Logistics Equipment » : for instance, the city of Paris included the obligation to develop logistics facilities on railway land in the local plan. The kind of equipment developped, the cooperation between the different stakeholders and the place of logistics functions in the station model will be studied in this communication. It will focus on the cases of Parisian railway stations, Strasbourg station, and station projects such as Rouen Saint-Sever, where the question of logistics is currently raised.
Dans le cadre de la session » It’S Time For… Le Foncier Agricole »présidée par Adrien BAYSSE-LAINÉ, Cnrs et Guillaume SCHMITT, Univ. Polytechnique Hauts-de-France – 14:30 – 16:15 – Panthéon Room 15 – Marine FRANTZ, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a présenté la conférence « Villages ruraux en friches : conversion du foncier agricole en Inde du sud ».
Dans le cadre de la session « Géopolitique des ressources naturelles : à l’heure de la transition socio-écologique » (16:30 – 18:30 – Panthéon Room 06) présidée par
Audrey SÉRANDOUR, Cresat (Université Haute-Alsace) et UMR Prodig et Angélique PALLE, IRSEM et UMR Prodig, Corten PÉREZ-HOUIS, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne a présenté une conférence intitulée : « Le limon du Nil dans la production des briques rouges en Egypte et au Soudan, entre protection de l’environnement, intérêts économiques et convoitises foncières ».
Dans le cadre de la session « Enseigner la géographie à l’université, aujourd’hui et dans le futur » (14:30 – 16:15 – Panthéon Room 53), présidée par Laura PÉAUD, Université Grenoble Alpes et Camille VERGNAUD, université Grenoble Alpes, Clarisse DIDELON-LOISEAU, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et Anne-Cécile OTT, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, ont présenté la conférence : « Ce semestre, notre terrain c’est le Monde : un fantasme d’enseignantes en géographie, la pratique d’un terrain-tour-du-monde pour apprendre le Monde ».
La mondialisation et certaines de ses traductions spatiales, (la métropolisation, la maritimisation des échanges, la littoralisation etc.) sont abordés ad nauseam dans les enseignements scolaires et universitaires. Néanmoins, cette accumulation de savoirs conceptuel et empirique (souvent à partir des mêmes exemples) échoue à produire une connaissance du Monde. Or si le Monde est advenu il doit être pensé comme tel notamment dans notre discipline. La mise en œuvre d’un « terrain tour-du-monde » nous semble, au final, le moyen le plus efficace pour faire émerger la connaissance du Monde
Puisque l’appel à propositions nous y invite, nous laissons libre cours un fantasme d’enseignantes de « la mondialisation » en géographie, pour réfléchir à la pratique d’un terrain-tour-du-monde avec une promotion d’étudiant.e.s de licence. Nous construirons donc notre communication à partir de ce postulat : l’UFR et l’université nous ont donné carte blanche pour la réalisation d’un semestre-tour-du-monde et il n’y a aucun obstacle à sa réalisation. Au-delà des aspects « organisationnel » auxquels nous ne serons jamais être confrontées (même s’ils seraient riches d’apprentissages sur le Monde) nous proposons de mener une réflexion sur ce que nous attendrions de la réalisation de ce tour-du-monde pour les étudiants. Quelles sont les pratiques pédagogiques à mettre en œuvre lors de ce terrain-extrême pour permettre aux étudiants de comprendre et de s’approprier cette notion de Monde ?
Puisqu’on ne pourra jamais faire ce terrain, nous terminerons en nous interrogeant sur la manière dont nous pourrions malgré tout permettre de faire émerger cette prise de conscience du Monde par nos pratiques pédagogiques. Nous évoquerons donc les résultats d’un atelier expérimental que nous avons mis en œuvre avec des étudiants de licence 1 et dont l’objectif était de leur permettre d’appréhender le Monde en leur faisant construire de manière raisonnée et argumentée un itinéraire de tour-du-monde.
Dans le cadre de la conférence « Modes de vie et pratiques spatiales des minorités sexuelles et de genre au-delà de la grande ville » (12:30 – 14:15 – Institut de Géographie Room 401A) présidée par Théophile PLOUVIER, Tves (Ulr4477), Université Du Littoral Côte D’opale, Jordi CALABUIG SERRA, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne / University Of Girona, a présenté la conférence : « Les rythmes des résidents LGBT dans le contexte d’une destination touristique LGBT. Le cas de Barcelone (Espagne) ».
La plupart des destinations touristiques sont un espace d’hybridation entre résidents et visiteurs. D’une part, la population locale avec son propre tempo et dynamique spatiale de la vie quotidienne. De l’autre, les touristes qui vivent la destination intensément, à court terme. La présence des touristes, avec leur saisonnalité, leurs propres intérêts et leur dynamique spatiale spécifique affecte les schémas comportementaux et les rythmes des résidents. Barcelone fait actuellement l’objet d’un débat entre le modèle libéral sous lequel le tourisme s’est développé et le nouveau municipalisme qui vise à repenser le modèle pour le rendre plus durable.
Pour contribuer au débat autour de la durabilité sociale du tourisme, cette étude présente les résultats d’un travail de terrain avec les résidents LGBT de Barcelone dans le contexte de leur ville en tant que destination touristique LGBT. A cet effet, des entretiens semi-dirigés ont été menés avec des résidents et des observations participatives ont été réalisées.
Il s’agit de cerner la relation que les résidents LGBT établissent avec le tourisme et les touristes LGBT. S’il y a des interactions ou non, pourquoi, de quel type, où elles se produisent et quand. Ainsi, les échelles spatiale, sociale et temporelle ont été considérées. Tous ces paramètres sont essentiels pour appréhender la destination touristique et, éventuellement, ils peuvent fournir des éléments à prendre en compte pour s’orienter vers des modèles de développement touristique plus durables.
Les résultats montrent la complexité des attitudes envers le tourisme et des comportements des habitants vis-à-vis de cette activité. Les résidents gèrent les frictions générées par les rythmes des visiteurs de différentes manières, allant de l’implication à temps partiel à l’évitement. Dans ce contexte, la recherche d’espaces moins touristiques au-delà du quartier Gaixample et même la création d’espaces alternatifs de socialisation et de loisirs se pose.
20 juillet
Dans le cadre de la session ; » The Role Of Railway Stations In Urban Transitions Energy, Nature, Communities: Solidarity And Circularity », Mathilde PEDRO, Université Paris I présente : « From stations to urban hubs: the challenges of multimodal governance and their effects on the (re)organisation of metropolitan transit nodes »
The station of the 21st century is no longer just a railway node. It is a multimodal hub accommodating a growing number of means of transport, a public space, a commercial and service centre, and the support of compact, sustainable urbanisation (Triggianese, 2019). In the contemporary context of mobility growth and land scarcity in European metropolises, stations have a key role to play in the transition towards more sustainable urban forms. Through the concept of « urban hub », this presentation questions the articulation of those functions to create a coherent, legible space that meets both the needs of the citizens in terms of mobility and services, the financing and operating requirements of the transport sector as well as the local policies for sustainable urban development.
How does a metropolitan station turn into an urban hub? The ability of different stakeholders to cooperate appears crucial in the development of mixed-use, user-centred hubs (Poppeliers & al., 2016; Baron, 2019). Genuine multimodal governance can lead to a rationalisation of the use of space, a better urban insertion of infrastructures and greater clarity for the traveller. However, strong institutional, technical and political barriers to this multimodal and multifunctional integration remain. Through examples of multimodal hubs in the Paris city-region and in other European metropolises, this presentation will document the challenges in building such governance, the coordinating tools that are developed at a local scale, and their impacts on the spatial organisation of transit nodes as well as on their ability to answer the growing need for seamless multimodal travel.
Dans le cadre de la sesssion » Quelle Place Pour Le Temps En Géographie ? », Jennifer BROUCK, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne présente : » La négociation des temporalités dans les territorialités mobiles ».
Le temps et l’espace se sont longtemps regardés l’un et l’autre en tant qu’étendue lisse et homogène. Le temps du géographe était ainsi durée, cycle et répétition ; et la dimension temporelle, lorsqu’elle était prise en compte dans la production spatiale, était convoquée davantage comme agent secondaire et cristallisant que comme agent central et créateur. Nos quotidiens contemporains ont cependant engagé depuis les années 90 de profondes transformations. Les mobilités, notamment, se parent de nouvelles caractéristiques – l’aléatoire, le pluriel, et le réversible – qui obligent le géographe à analyser des mondes en constante mutation aux structures labiles et éphémères. L’(étrange) dissociation géographique du temps et de l’espace ne permettant pas de saisir l’épaisseur de la réalité contemporaine mobile, une discussion a été engagée.
Il s’agit dans cette proposition d’analyser ce tournant temporel géographique initié dans le champ des mobilités. Le «tout mobile» confère au rythme et au vécu les rôles structurants principaux. Afin de saisir les étapes, les contours et les enjeux de ces nouvelles considérations temporelles, l’étude s’appuiera sur les recherches francophones et anglophones réalisées en géographie sur les mobilités à partir des années 70 –période où les sociétés mobiles deviennent objet d’étude géographique– jusqu’à nos jours. Si, dans un premier temps (1970-90), la dimension temporelle -notamment mythologique ou imaginaire- vient épaissir les territoires des géographes, c’est au sein des territorialités mobiles contemporaines (1990-2020) que se lit une véritable articulation du temps et de la spatialité. En admettant un territoire complexe et fragmenté, ces études racontent les nouvelles spatialités humaines à travers la rencontre, le seuil et l’entre-deux. Cette présentation propose d’interroger le passage d’une logique du trans à une logique de l’inter, où la production spatiale s’observe dans la négociation de temporalités plurielles et hétérogènes.
Dans le cadre de la session : « The Role Of Railway Stations In Urban Transitions Energy, Nature, Communities: Solidarity And Circularity », Antoine GOSNET, EHESS, présente : « Urban projects and Grand Paris Express stations, a comparative analysis of local strategies and processes of territorialization around railway station infrastructures ».
This communication is based on comparative and multi-sited field research that focuses on six-station districts soon to be served by the Grand Paris Express (GPE) network. The aim is to observe six distinct territorialization processes at work and to report on the different local strategies (communal, inter-communal) in the construction of housing policies based on six urban projects under construction, located within an 800-meter perimeter around the new GPE station. The GPE station districts are subject to disparate urban dynamics. The existing land contexts, the degree of interaction between urban governments, and the economic and political decisions they set guide singular local development strategies with differentiated socio-spatial impacts.
In this communication, I will first present the main issues raised by the current fieldwork on six local authority housing policy factories, based on policy referentials and semi-structured interviews.
Then, I will come back in a second time to the research I am conducting using the Sit@del database on the delivery of building permits at the parcel scale. This quantitative approach allows me to report on the current (2017-2020) and past (2013-2016) construction dynamics in the vicinity of the six stations studied, and the typology of authorized housing.
Finally, I will try to report on the different strategies of local actors. To what extent is the establishment of a GPE station taken into account in public action referential? What instruments are put in place to maintain public control over land, or regulate rents near the station? What types of social housing are built on the urban projects studied, etc.?
More broadly, I would like to conclude this communication on the new political oppositions in the Île-de-France region that the construction of the GPE seems to be updating.
21 juillet
Renaud LE GOIX, Université de Paris copréside avec Samuel DEPRAZ (Laboratoire Espi2R (Unité De Recherche Du Groupe Espi) la session: » Real Estate And Space: Where And How To Build In A Context Of No Net Land Take? »
08:30 – 10:15 – Institut de Géographie Room 401A
Dans le cadre de la session : « Space-Time Interactions In Early Warnings And Alerting Systems », Edwige DUBOS-PAILLARD, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, présente : « A theoretical reflection on temporal aspects of emergency population warning and rescue response on human behaviors during disasters »
During disasters, people, confronted by life-threatening situations, deal with high levels of stress. While some groups of individuals will be able to cope and adopt thoughtful responses, others will experience acute stress reactions that will disrupt their psychological and physiological functioning leading to irrational responses such as terror, agitation or panic flight (Chidiac & Crocq, 2010). These last reactions are difficult to manage for the emergency services. They often require early assistance provided by medico-psychological emergency cells. Several factors can influence people’s reactions in face with a disaster. Beyond the intensity, the frequency, the temporality and the spatiality of the event (Dubos-Paillard et al, 2021), some factors such as education, risk culture, preparedness can influence the human toll of the disaster.
This paper proposes a theoretical reflection on two factors: the diffusion of information via a warning system reaching a large number of individuals (Douvinet, 2020) and a more localized but on-site intervention by the police and rescue services. We assume that they can influencepositively the dynamics of behavior during the event, but that their effectiveness depends on the period in which they are implemented. We base our reflection on a dynamic multi-compartments model, the Alert-Panic-Control (APC) model, which allows to model the diversity of human behaviors and their evolution during a disaster (Provitolo et al, 2015; Lanza et al, 2020; Verdiere et al, 2021). Inspired by epidemiological models, it makes it possible to simulate different scenarios in which the population can evolve between three kinds of behaviors named Alert (awareness of the danger), Control (sheltering, evacuation, etc.) and Panic (disordered agitation, panic flight, etc.). The objective is therefore to estimate the best moments to implement these two solutions, considering uneven levels of efficiency in order to limit potential “panic” behaviors.
Dans le cadre de la session : » Smart Development And Growth In Cities And Regions », Sylvain REMY présente : Fueling Innovation with Production: The Effects of Industry Structure on Colocation ».
Recent ‘colocation’ scholarship argues that deindustrialization undermines innovation. However, established innovation scholarship contends that industrialized regions tend to innovate less. This paradox is addressed by considering the role of industry structure and knowledge flows in colocating and separating innovation and production, locally and globally. The subregional dispersion of innovation is consequently proposed as an indicator of regional colocation. A spatio-temporal analysis of innovation and science in large-firm dominated, deindustrialized, and highly innovative Seoul, Korea over 25 years finds a substantial increase in colocation thanks to new firms and sets a benchmark for other deindustrialized economies.
Dans le cadre de la session L’Hébergement Et L’Occupation Temporaires : Une Institutionnalisation De La Précarité Temporelle Dans La Fabrique Urbaine ?, Marie-Vic OZOUF-MARIGNIER, EHESS, présente : » Variations sur l’éphémère en urbanisme. Etude critique ».
De l’urbanisme transitoire et des usages temporaires des espaces vacants à l’urbanisme tactique, en passant par les friches ou les tiers-lieux et par l’expérimentation urbaine sur appels à projets innovants, l’émergence en France de pratiques et de dispositifs éphémères en urbanisme, ainsi que la présence de nouveaux acteurs, semblent avoir entrainé l’apparition d’une nouvelle terminologie dont les usages diffèrent en fonction du contexte local et des acteurs impliqués. Alors que dans d’autres langues, comme l’anglais ou l’espagnol, ce sont les expressions « urbanisme adaptatif « et « urbanisme tactique » qui se sont imposées pour désigner deux types de pratiques bien différenciées, la prolifération de termes en français questionne.
Cette communication vise ainsi à analyser de manière critique ce nouveau vocabulaire et à interroger sa place dans les discours des différents acteurs (urbanistes, élus locaux, associations, usagers). Les travaux sur la terminologie de la ville montrent que les mots participent à la construction de la réalité. En s’appuyant sur un corpus de documents sur des expériences récentes menées notamment en Ile-de-France, cette communication souhaite interroger le rôle joué par les « mots de l’éphémère » dans la construction de nouveaux référentiels et de procédures dans l’action publique et l’urbanisme, discipline qui s’est historiquement attaché aux aménagements qui durent dans le temps.
Dans quels régimes de temporalité s’inscrivent ces nouvelles manières de faire la ville ? Dans l’événement, par définition fugace et non reproductible ? Dans l’attente du changement ou dans celle de la pérennisation ? Ces pratiques sont-elles choisies ou subies ? Dans quelles mesures, sous couvert de l’innovation, relèvent-elles de « bonnes pratiques » destinées à produire des modèles ou des normes ou profitent-elles du « benchmarking » des dispositifs plus habituels?
Dans le cadre de la session : » Géographies Francophones Du Commerce Et De La Consommation : Thèmes, Enjeux, Approches », Ulysse LASSAUBE présente : « Proximités commerciales à Paris. Une approche de l’achat par les mobilités ».
Cette communication propose de renouveler le concept de la proximité en géographie du commerce par l’étude des déplacements pour achats de différentes populations à Paris. Elle résume une partie des résultats de mes travaux de recherches doctorales qui s’appuient sur une enquête par questionnaires et entretiens permettant de saisir les pratiques d’achats effectives des individus. Dans le souci d’une approche exhaustive des pratiques d’achats, l’enquête a été menée dans quatre terrains parisiens qui présentent des paysages commerciaux divers et qui répondent à des problématiques locales spécifiques (un quartier touristique : Montmartre ; l’hypercentre métropolitain : Les Halles ; un quartier populaire : la Fontaine-au-Roi ; un quartier plus aisé : Passy), auprès de personnes qui y résident, qui y travaillent, ou bien qui s’y rendent pour une autre raison. Les résultats viennent nuancer l’exclusivité du quartier de domicile comme unique référence spatiale de la réalisation des achats habituels dits « de proximité » (Guerin-Pace, 2003). En effet, en mettant en évidence que les comportements de mobilités pour achats sont majoritairement multipolarisés (Lestrade, 2001 ; Delage, 2012), la communication vise à montrer que la proximité ne peut être considérée dans un simple rayon spatiotemporel autour du domicile des individus (Fournié, 2008) mais qu’elle s’articule en réalité sur un réseau de lieux de consommations, de travail, de loisirs et d’autres « portes d’accès » (Cattan, Frétigny, 2011) qui ouvrent les routines des individus sur d’autres proximités commerciales.
Dans le cadre de la session : « Geographers And The Powers That Be », Matthieu PICHON, Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne présente : « Geographers, urban policies and the powers that be in France (1960-2000) : between scientific autonomy and political heteronomy ».
This paper aims to assess the relation between French geographers and urban powers between the 1960s and the 1990s. Through qualitative and quantitative textual analyses and study of archives, we defend the hypothesis that the objectives and strategies of the French State and local authorities in terms of urban policies and urban planning influenced the nature of the work carried out by a large part of French urban geographers.
First, we show that from the 1960s onwards, French geographers became more and more concerned by urban problems, considering them not only as scientific objects but also as political issues. A series of debates thus highlighted a desire to support or correct the urban policies conducted by the State or local authorities. The aim of these debates was to show that geography could be an aid to policy-making and statecraft, particularly in a context of competition with other social scientists or professionals such as urban planners. Then, we show how this issue contributed to the transformation of the discipline, whether it be within scientific works (a growing part of the urban literature dealt with planning and policy-related topics) or in terms of research practices (urban geographers carried out research funded by contracts with private or public stakeholders) and teaching (geographers set up a number of degrees to enable students to enter the labour market related to urban planning and development).
Through this empirical work our broader objective is to understand what the powers that be do to social science. If we consider, following Pierre Bourdieu, that science constitutes a field, i.e. a « relatively autonomous space, [a] microcosm endowed with its own laws » (Bourdieu, 1997) within the social world, then it is a matter of bringing to light how its autonomy can be constrained by heteronomous logics specific to other fields. In doing so, we hope to enrich the theoretical debate on the role of geography in relation to the powers that be.
Dans le cadre de la session « Dynamiques Et Enjeux De La Gérontocroissance De La Population Mondiale » Présidée par Mickael BLANCHET, Université Angers, France et Sophie BUHNIK, Maison franco-japonaise (UMIFRE 19 MEAE-CNRS), Anton PAUMELLE, présente : « Retour sur le vieillissement et la gérontocroissance des bourgs ruraux français depuis les années 1990. Une étude à partir des migrations résidentielles ».
Table ronde : « Open science : mythe, réalité ou contre-vérité ? » modérée par le professeur Zoltan Kovacs, Université de Szeged, Hongrie
Christine Kosmopoulos a présenté une conférence intitulée : Diamond open access publishing, an authentic model of open science.
La science ouverte est devenue une question essentielle dans la politique scientifique européenne. Elle constitue un changement radical dans les pratiques de diffusion de l’information scientifique, de publication, de gestion des données, d’expertise, d’évaluation, d’intégrité, de droits d’auteur ou de coûts pour les finances publiques. Précédemment nommée « Science 2.0 », la notion de « science ouverte » a été officiellement introduite par la Commission européenne en 2014.
Dans ce cadre, le terme « open access » des publications recouvre des modèles économiques très différents : « green open access » (auto-archivage par l’auteur de son œuvre), « gold open access avec les APC (Article processing charges), mais aussi le modèle hybride, le modèle bronze, les épirevues, les accords transformants… et pour finir le modèle Diamant sans coût pour le lecteur ni pour l’auteur. C’est la mathématicienne française Marie Farges qui a proposé, en 2012, de qualifier ce modèle de « Diamond Open Access ». Dans ce cas, la publication reste entre les mains de la communauté scientifique et appartient à son comité éditorial, chargé de l’évaluation par les pairs, et non plus aux éditeurs. De telles revues s’appuient sur des d’infrastructures publiques développées en open source.
Cybergeo est considérée par le consortium européen de la publication Diamant (Science Europe, cOAlition S, OPERAS, et l’ANR) comme un exemple réussi et durable de publication du modèle Diamant. La revue a initié ce modèle en adoptant un système ouvert intégral sans coût pour le lecteur, ni pour l’auteur dès son origine. En 2012, elle est l’une des premières (la première ?) revues à rejoindre le modèle Freemium qui lui permet d’assurer une certaine pérennité grâce aux revenus reversés à travers les abonnements aux bibliothèques calculés sur la base du PIB du pays, pour l’accès aux pdf. Ce modèle, qui lui permet de fonctionner en totale autonomie dans le respect d’une science ouverte authentique, a favorisé l’initiative de nombreux projets innovants (data papers, model papers, CybergeoNetworks, CybergeoNet etc.)
L’accès ouvert et la science ouverte génèrent en effet des solutions innovantes pour la publication comme pour l’évaluation de la recherche, si toutefois la publication ne passe pas par des APC. L’accès ouvert vert et l’accès ouvert diamant permettent en effet d’accéder à une grande variété de données (articles, livres, chapitres, conférences, mais aussi médias, codes sources ouverts, données ouvertes, etc.) et de faciliter la reproductibilité de la science. En mars 2022, Science Europe, cOAlition S, OPERAS et l’ANR ont présenté le plan d’action visant à poursuivre le développement et l’expansion d’un écosystème de communication scientifique Diamond OA durable, plan auquel Cybergeo a participé. Il propose d’aligner et de développer des ressources communes pour l’ensemble de l’écosystème Diamond OA, y compris les revues et les plateformes, tout en respectant la diversité culturelle, multilingue et disciplinaire qui constitue la force du secteur des sciences humaines et sociales.
22 juillet
Clément NICOLLE et Milan BONTÉ, coprésident la session : « Espace, Genre Et Sexualités : Où En Sommes-Nous ? »
08:30 – 10:15 – Panthéon Room 1
Avec l’intervention de :
Noémie CALIXTE, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France : « D’une perception statique à un vécu mobile du quotidien des femmes vivant des violences dans les couples hétérosexuels ».
Beatriz FERNANDEZ AGUEDA, EHESS et Marie-Vic OZOUF-MARIGNIER, EHESS président la session « L’Éphémère Spatial »
08:30 – 10:15 – Panthéon Room 216
Avec les interventions de :
Antoine FLEURY, CNRS avec Arnaud MEGE, Laboratoire HABITER EA2076 – Université de Reims Champagne-Ardenne, France et Sandra MALLET, Laboratoire HABITER EA2076 – Université de Reims Champagne-Ardenne, France. Le temporaire comme instrument de la fabrique urbaine.
Une analyse à l’échelle de la métropole de BordeauxLes actions temporaires sur l’espace urbain, mobilisées depuis une dizaine d’années en Europe, se développent en France sous différentes dénominations, telles que : urbanisme temporaire, transitoire et tactique. Elles prennent des formes très diverses, avec pour point commun de mettre en œuvre des projets rapides, provisoires et peu coûteux, et proposent de repenser les modes de faire habituels avec des projets se construisant de manière plus progressive, en fonction des ressources, des spécificités et des besoins locaux.
De nombreux travaux ont analysé les projets temporaires : circulation des modèles (Douay, Prévot, 2016), émergence d’un nouveau milieu professionnel (Pinard, Morteau, 2020), participation citoyenne (Iveson, 2013), rapports de pouvoir et critique de leurs effets sur la fabrique urbaine (Andres, 2013) … Peu d’entre eux ont abordé la manière dont le recours à ces actions temporaires pour aménager l’espace s’ancrent au niveau local (Baillargeon, Diaz, 2020). Or, une lecture transversale des projets temporaires à l’échelle d’une métropole permet de comprendre combien ceux-ci entrent dans le cadre de stratégies d’aménagement, de dynamiques politiques, institutionnelles et territoriales plus globales, qu’elles viennent nourrir.
L’étude présentée entre dans le cadre du programme de recherche en cours UrbaTime, financé par l’ANR. Elle se centre sur la métropole de Bordeaux, particulièrement investie dans le domaine de l’urbanisme temporaire depuis plusieurs années.
La communication montrera comment s’est ancré le temporaire comme outil au service de la politique urbaine à partir du milieu des années 2000, tout en précisant combien cet ancrage s’est réalisé de manière non-linéaire. Plus largement, il s’agira d’interroger la manière dont l’urbanisme temporaire transforme progressivement la manière de fabriquer la ville, en introduisant de l’expérimentation dans les procédures et les routines, bref en réexaminant l’articulation du temporaire avec le pérenne.
Varvara TOURA, CNRS : « – Y-a-t-il une bonne échelle d’intervention pour les projets dits «éphémères»? Regards croisés de «l’éphémère spatial» dans des projets d’aménagement d’espaces publics au nord et au sud de l’Europe ».
L’analyse de «l’éphémère spatial» dans les projets d’urbanisme et d’aménagement révèle à la fois des questions liées aux espaces de l’éphémère (Haydn et Temel, 2006) et aux processus à l’œuvre dans l’éphémère (Bachir et al, 2017). Les projets d’aménagement d’espaces publics permettent l’expérimentation au niveau du quartier ou de la ville et impliquent les habitants dans les processus de leur aménagement (Marcant et Lamare, 2007). La question principale de la communication est de questionner les différentes interprétations de «l’éphémère spatial» dans des projets d’aménagement d’espaces publics liées à la durée de l’éphémère (l’éphémère conçu pour durer versus l’exploitation temporaire) et à l’échelle d’intervention (quartier ou ville).
A partir d’une analyse comparative de trois projets «éphémères» (les projets Ile-de-Nantes et Docks-de-Seine en France et La Grande Promenade à Athènes), on essaie de faire le lien entre l’échelle spatiale des projets «éphémères», le budget de ces projets (notamment au sud de l’Europe) et la durée de l’éphémère. Une enquête bibliographique et des enquêtes de terrain menées auprès d’habitants, d’élus locaux et d’aménageurs ont été réalisées afin d’étudier l’évolution des projets et les interactions entre les acteurs institutionnels et ceux de la société civile.
L’étude des projets d’aménagement d’espaces publics au nord et au sud de l’Europe montre une différente approche sur la notion de l’éphémère, «choisi» dans les cas français (expérimentations créatives urbanistiques proposées aux habitants par des associations et les collectivités locales) et «subi» dans le cas grec (expérimentations urbanistiques après 10 ans d’austérité au niveau national sans la participation active des habitants). En même temps, elle révèle la question de la «bonne échelle» d’intervention pour les projets dits «éphémères» (expérimentations au niveau du quartier pour les cas français versus des expérimentations au niveau de la ville pour le cas grec).
Cécile MATTOUG : La friche comme éphémère ? Impermanence, délaissement et convoitise du vide urbain dans la banlieue parisienne
Couramment considérée comme éphémère, la friche est une figure inhérente à toute mutation territoriale. Apparaissant, puis disparaissant dans les temps de la production urbaine, la figure polymorphe de la friche est communément admise comme un espace résiduel attendant la mise en œuvre de projets d’aménagement ou d’urbanisme (Andres, 2008). Pourtant, les lieux désignés sous ce terme sont criblés de traces qui permettent de retracer l’histoire des territoires urbanisés et industrialisés. Ces espaces en friche sont, par leurs composantes paysagères, architecturales et sociales, des lieux de continuités et d’héritage de temps bien plus longs de la ville. Cependant, les représentations d’éphémère et d’impermanence de la friche sont symptomatiques des attentions qui leurs sont portées (Demailly, 2014). D’une part, la friche est un espace délaissé par les pouvoirs publics, car ils voient ces espaces comme des vides et ils les emploient au gré de leurs improvisations (Soubeyran, 2014). D’autre part, de multiples acteurs les convoitent car ils s’attachent à leurs ressources et à leurs significations (Inter-friches, 2021). Aussi, les représentations contradictoires de ces lieux témoignent du rôle de la friche comme objet de mémoire et de conflits de la production urbaine (Mattoug, 2021) : dans quelle mesure la friche est-elle une figure de l’éphémère, en tension entre délaissement et convoitise des territoires en mutation ?
Cette contribution s’attachera à confronter les caractères spatiaux et sociaux d’espaces en friche dans la banlieue parisienne. Les résultats de l’enquête paysagère et sociale menée entre 2015 et 2021 mettent en lumière l’ambiguïté de la mémoire sociale et politique de la friche dans un contexte de mutation territoriale. Afin de répondre à des besoins aménagistes, la réécriture de l’histoire d’un lieu contribue à construire la représentation d’éphémère d’un ensemble patrimonial.
Marie-Vic OZOUF-MARIGNIER, EHESS et Beatriz FERNANDEZ, EHESS : Variations sur l’éphémère en urbanisme. Etude critique
De l’urbanisme transitoire et des usages temporaires des espaces vacants à l’urbanisme tactique, en passant par les friches ou les tiers-lieux et par l’expérimentation urbaine sur appels à projets innovants, l’émergence en France de pratiques et de dispositifs éphémères en urbanisme, ainsi que la présence de nouveaux acteurs, semblent avoir entrainé l’apparition d’une nouvelle terminologie dont les usages diffèrent en fonction du contexte local et des acteurs impliqués. Alors que dans d’autres langues, comme l’anglais ou l’espagnol, ce sont les expressions « urbanisme adaptatif « et « urbanisme tactique » qui se sont imposées pour désigner deux types de pratiques bien différenciées, la prolifération de termes en français questionne.
Cette communication vise ainsi à analyser de manière critique ce nouveau vocabulaire et à interroger sa place dans les discours des différents acteurs (urbanistes, élus locaux, associations, usagers). Les travaux sur la terminologie de la ville montrent que les mots participent à la construction de la réalité. En s’appuyant sur un corpus de documents sur des expériences récentes menées notamment en Ile-de-France, cette communication souhaite interroger le rôle joué par les « mots de l’éphémère » dans la construction de nouveaux référentiels et de procédures dans l’action publique et l’urbanisme, discipline qui s’est historiquement attaché aux aménagements qui durent dans le temps.
Dans quels régimes de temporalité s’inscrivent ces nouvelles manières de faire la ville ? Dans l’événement, par définition fugace et non reproductible ? Dans l’attente du changement ou dans celle de la pérennisation ? Ces pratiques sont-elles choisies ou subies ? Dans quelles mesures, sous couvert de l’innovation, relèvent-elles de « bonnes pratiques » destinées à produire des modèles ou des normes ou profitent-elles du « benchmarking » des dispositifs plus habituels?
Sandrine ROBERT, EHESS : L’asynchronie des rythmes dans la résilience des structures spatiales
Dans l’analyse des structures spatiales, rythmes lents et rythmes rapides peuvent être pensés en complémentarité plutôt qu’en opposition. En archéogéographie, l’analyse de l’interaction entre flux, tracé, modelé (Robert 2021) ou du tryptique voie, parcelle, bâti (Noizet et Clemençon 2020) montre que c’est l’asynchronie entre ces différents niveaux qui permet aux réseaux routiers, aux tissus urbains ou aux morphologies rurales de se transmettre dans le temps. Le niveau qui possède le rythme le plus rapide permet la réutilisation d’une partie des formes héritées grâce à leur réinterprétation par de nouveaux usages.
Cette asynchronie des différents niveaux de formes peut être rapprochée du modèle panarchique où la dynamique des systèmes socio-écologiques est expliquée à travers l’interaction entre trois niveaux : étendu et lent, intermédiaire et rapide, peu étendu et très rapide (Gunderson and Holling 2001). Ce modèle introduit des connexions entre les niveaux, à travers les flèches de mémoire ou de révolte. Ainsi, des événements intervenus au niveau des cycles très rapides peuvent avoir une influence sur les niveaux lents et conduire le système à se transformer profondément.
Nous proposons d’examiner plus particulièrement le rôle du cycle court et très rapide des usages, à partir de cas concrets puisés dans l’analyse des réseaux routiers, du tissu urbain et du bâti. Nous insisterons sur l’idée que, plutôt que la qualité architecturale des formes, ce sont leur capacité à pouvoir réinvestir des usages nouveaux et parfois éphémères à l’échelle de l’histoire des formes, qui leur permet de durer dans le temps.
Jean MAKHLOUTA : Pratiques queer à Beyrouth : trois lieux, trois temporalités
Depuis quelques années, les géographes proposent de renouveler le regard sur Beyrouth à travers les pratiques de populations en position de minorité, en incluant l’invisible, le marginal et l’informel (Cattan 2012 ; Dahdah 2015 ; Hafeda 2018). Cette proposition d’article souhaite contribuer à cette réflexion en étudiant les espaces de l’éphémère que les minorités sexuelles et de genre construisent en ville pour contourner un contexte social et législatif répressif à l’homosexualité.
En partant de trois lieux fortement fréquentés pour des usages variés par les minorités sexuelles et de genre à Beyrouth (un appartement, un bar et un lieu associatif), je propose d’étudier comment cette population investit l’architecture de ces lieux pendant des temporalités spécifiques afin formaliser des pratiques en ville et ainsi exister en société (Douay & Prévot 2016). Il s’agit de comprendre comment la forme et la matérialité de ces trois lieux permettent d’inscrire dans un espace-temps des sociabilités autrement vues comme interdites. Cet article s’appuiera sur des méthodes qualitatives (entretiens semi-directifs et observation participante), des croquis d’aménagement et des relevés habite?s (Dadour 2020) effectue?s lors d’un terrain d’étude réalisé dans le cadre plus général d’une thèse sur les stratégies spatiales des minorités sexuelles et de genre à Beyrouth.
Ségolène DEBARRE, Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne : Une inscription spatiale éphémère. Les traces de l’immigration de Turquie dans le dixième arrondissement de Paris.
Cette communication interroge les temporalités d’une centralité immigrée à l’aune du renouvellement urbain. Il s’agit d’analyser l’effacement progressif des traces de l’immigration de Turquie dans le 10e arrondissement de Paris. Prolongement du Sentier, le bas du faubourg Saint-Denis, entre la Porte Saint-Denis, les rues de l’Échiquier, d’Enghien et le faubourg Poissonnière, accueille dans les années 1960-1970 des populations immigrées de Turquie pour des motifs économiques, rejointes dans les années 1980 et 1990 par des réfugiés politiques. Le 10e arrondissement remplit à l’époque une fonction de sas où la solidarité immigrée permet de trouver emploi, logement et lieux de sociabilité. Les commerces originaires de Turquie se multiplient : épiceries, boucheries, restaurants et cafés côtoient bureaux de traduction, agences immobilières et de voyages ainsi que librairies, vidéoclubs, quincailleries et salons de coiffure.
À partir des années 2000, une nette dissociation s’opère entre les lieux d’habitation et de travail, et les immigrés de Turquie deviennent très minoritaires parmi les résidents du quartier. Son embourgeoisement l’a depuis largement transformé : en 2006, le chercheur Bernard Dinh recensait dans le quartier de la porte Saint-Denis environ quatre-vingt commerces tenus par des personnes originaires de Turquie (Dinh, 2009). Une grande partie a aujourd’hui disparu ou s’est adaptée à la demande d’une clientèle nouvelle friande d’aliments « exotiques ».
La concurrence est aussi venue de commerces spécialisés installés en périphérie (en particulier en Seine-Saint-Denis et dans le Val-D’Oise), plus proches des lieux de résidence de leur clientèle. En comparant les résultats de l’enquête de Bernard Dinh avec les nôtres, nous nous interrogeons sur les recompositions de ce quartier et sur l’émergence de nouvelles centralités immigrées, en analysant l’éphémère spatial dans une dimension à la fois matérielle et subjective, à travers les représentations des acteurs.
Djemila ZENEIDI, CNRS : L’habitat éphémère pour sans domicile
Cette communication a pour objet de discuter de l’émergence et de la diffusion des micro-habitats pour des personnes en situation de sans domicile. Définies a priori par leur modeste volume et leur caractère éphémère, ces structures sont très hétérogènes et empruntent leurs formes à des modèles d’hébergement connus comme la cabane, le mobile home… Elles émergent également sous des aspects atypiques et singuliers: pour exemple camions frigorifiques, habitats capsulaires, igloos, ou encore containers. Ce qui nous semble inédit dans ces hébergements, c’est qu’ils quittent le monde de l’informel auquel il est courant de les associer, pour être adoptés par les institutions, les collectivités locales et territoriales. Ces refuges sont proposés en réponse à la crise du logement dans une déclinaison décalée de la politique du housing first[1] (le logement d’abord en France). Mais pas seulement puisqu’ils sont aussi dans un contexte de préoccupations écologiques déployés selon les logiques de low impact housing. Les initiatives mises en œuvre dans de nombreuses métropoles montrent le caractère expérimental de ces micro-habitats. Ces formes d’habitat ont également pour caractéristique d’être conçus et planifiés pour une durée éphémère. Derrière la logique du court terme, se déploie en creux une logique d’un habitat minimal pensé et conçu pour les personnes sans domicile. C’est cette dimension temporelle de l’éphémère que l’on souhaite questionner ici à la lumière de deux expérimentations observées dans une ville française (« igloos » et cabanes urbaines). Cette communication présentera la généalogie des formes spatiales éphémères de ces deux types de structures, leur traduction en normes d’habitat minimal et la manière dont les sans domicile s’en sont saisies pour habiter autrement l’espace public.