IGU the centennial congressLe Congrès du centenaire de l’Union Géographique Internationale (UGI) se tient à Paris, du 18 au 22 juillet 2022, dans plusieurs lieux emblématiques de la géographie : Sorbonne, Institut de Géographie, Société de Géographie.

Organisée par le Comité National Français de Géographie, cette rencontre extraordinaire réunit des géographes du monde entier. Le thème « Le temps des géographes » invite à interroger l’articulation entre les dimensions spatiales et temporelles du cadre de vie des êtres humains et des non-humains. Il permet de confronter instant et durée, éphémère et permanent, temporalités et intemporalités, unicité et répétition, rapidités et lenteurs, mobilités et immobilités, cycles et renouvellements, mortalités et immortalités, révolutions et stagnations, dynamiques et résistances, crises et résiliences, stabilités et instabilités, biostasies et rhexistasies, jeunesses et vieillesses, héritages et prospectives, articulation des échelles spatiales et des échelles temporelles, la géographie et la société.

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Pour célébrer la création de l’UGI, mais aussi l’évolution de la discipline géographique depuis un siècle et sa pertinence pour le présent et le futur, le laboratoire Géographie-cités est particulièrement représenté, tant au niveau des présidences de sessions que des conférenciers. Un signe de la vitalité de la recherche de cette unité mixte CNRS / Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne, Université Paris Cité, EHESS.

18 juillet

Cette communication propose d’analyser quantitativement l’évolution des migrations vers les campagnes françaises depuis le début des années 2000, cad durant une période marquée par deux crises successives (financière de 2007-2008 et sanitaire COVID depuis 2020). Plus précisément, il s’agit d’explorer l’hypothèse de deux crises aux répercutions contraires – de frein pour la première et d’accélérateur pour la deuxième – sur la tendance au renouveau démographique des espaces les moins peuplés depuis les années 1970-1980.
L’analyse repose nécessairement ici sur une approche spatio-temporelle. Elle est spatiale parce qu’il s’agit d’identifier des différences de (dé)croissance de population selon des catégories d’espace, les appartenances régionales ou des effets de distance aux espaces urbains en particulier. Elle est conjointement temporelle puisque la démarche vise à identifier des effets conjoncturels sur des tendances de population plus structurelles (cf. évolutions de moyen terme des soldes migratoires, des compositions de population…).
Deux sources en opendata sont mobilisées pour couvrir la période d’étude et palier l’absence récente de certaines données (ex. Bouba-Olga, 2022) : d’une part, les données du recensement de la population entre 1999 et 2020 – par l’exploitation des enquêtes annuelles sur les communes de moins de 10 000 habitants (Pistre, 2016) – pour analyser directement l’évolution des dynamiques migratoires ; d’autre part, les données DVF depuis 2014 – enrichies par Etalab et selon la méthode de préparation de Mériskay et Demores (à paraître) – pour examiner les effets d’attraction à travers l’évolution des prix ou des stocks de transaction. Principaux résultats obtenus et attendus : si la crise de 2007-2008 a entraîné un tassement des dynamiques migratoires positives dans les campagnes françaises, la crise COVID depuis 2021 tend à relancer l’attractivité d’une majorité d’espaces peu denses, comme souligné par les acteurs immobiliers (FNAIM, 2022).

Dans le cadre de la session :  » Objectifying Mental And Sensitive Maps?« , Camille DABESTANI, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et Hugues PÉCOUT, CNRS – Collège international des sciences territoriales (CIST FR 2007) présentent : « Des cartes mentales pour appréhender les imaginaires macrorégionaux : retour d’expérience et analyse exploratoire de cartes mentales issues d’un questionnaire numérique ».

L’échelle macrorégionale est mobilisée à la fois dans des enjeux de gouvernance mais aussi dans la structuration des représentations mentales de l’espace mondial (Mareï & Richard, 2020). Les imaginaires associés à ces entités macrorégionales sont liés à de multiples facteurs sociopolitiques et historiques (Lewis & Wigen, 2004) et leur dimension spatiale est subjective, multiscalaire et floue (Montello et al., 2014). L’appréhension des macrorégions conduit à se saisir des cartes mentales comme outil déjà expérimenté dans l’analyse des représentations spatiales (Kitchin, 1994) aux échelles mondiales et (macro)régionales (Didelon-Loiseau et al., 2018).
Nous proposons donc de questionner plus spécifiquement l’analyse des formes spatiales et des degrés d’association à des ensembles macrorégionaux dans les représentations mentales des individus par la mobilisation de cartes mentales numériques.

Pour cela, nous nous appuierons sur des cartes mentales réalisées dans le cadre d’une enquête par questionnaire numérique portant sur les représentations des régions de résidence d’étudiants de diverses disciplines dans cinq pays (Allemagne, France, Irlande, Turquie et Tunisie). Ce questionnaire, actuellement en cours de diffusion (N théorique = 3600), s’inscrit au sein du projet de recherche ANR-DFG IMAGEUN[1] (2020-2023). Comment mobiliser des cartes mentales par saisie numérique via un questionnaire en ligne pour appréhender les représentations spatiales d’entités macrorégionales ? Comment prendre en compte la subjectivité de tels ensembles dans le traitement et l’analyse de ces cartes mentales ?
Nous aborderons ces questionnements à partir d’un retour d’expérience sur les choix réalisés lors de la mise en place du questionnaire numérique permettant la saisie de cartes mentales et de l’analyse exploratoire des premiers résultats.

[1] « In the Mirror of the European Neighbourhood (Policy): Mapping Macro-Regional Imaginations

19 juillet

Béatrice VON HIRSCHHAUSEN, CNRS, Germany et Ségolène DEBARRE, Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, président la session « Espaces et lieux des imaginaires du futur »

Avec les interventions de :

Nicolas VERDIER, CNRS, Clarisse DIDELON-LOISEAU, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Détroits et passages dans la construction du Monde

La découverte de détroits par les navigateurs ou l’ouverture de « passages » par les ingénieurs tels que lors de la construction des canaux de Suez et de Panama, sont des micro-évènements localisés qui ont des conséquences globales : ils permettent la rencontre de l’Autre et l’ouverture et le bouclage du monde. Les productions discursives qui prolifèrent lors de ces évènements sont riches d’enseignements sur les horizons d’attentes des sociétés. En fonction de l’époque à laquelle se produisent ces évènements nous observons non seulement une évolution de l’image du monde mais aussi un changement des perceptions du temps. Nous nous proposons de comparer les utopies liées à l’espace mondial et à la mondialisation identifiables dans les discours produits lors de l’ouverture du canal de Suez (1869) et ceux produits dans la perspective de l’ouverture du « passage du Nord-Est ». On y retrouve un certain nombre de points communs comme l’expression d’utopies liées à la maitrise spatio-temporelle de l’échelle mondiale, le leitmotiv de l’amélioration des temps de trajet étant une dimension structurante de ces discours. Ces deux « projets » s’inscrivent néanmoins dans deux époques qui ont des visions du futur radicalement différentes. Ainsi au 19ème siècle, les discours autour du creusement du canal de Suez, font preuve d’une foi dans le progrès technologique et scientifique, dans les aspects bénéfiques de la mise en relation des sociétés qui constituent le monde et dans les bénéfices du commerce pour les populations dans leur ensemble. Près de 150 ans plus tard, à propos de l’ouverture du passage du Nord-Est, on ne trouve plus trace de discours optimiste projeté à l’échelle mondiale mais une sorte de fuite en avant cynique dans la poursuite d’un modèle de société dont on connait les limites, l’une d’elle étant paradoxalement celle qui favorise la circulation maritime dans les zones polaires : le réchauffement climatique.

Anne-Cécile OTT, Université Paris 1 . Le Monde d’après : l’influence des imaginaires du futur sur les représentations enfantines de l’espace mondial.

L’enquête que j’ai menée dans le cadre de ma recherche doctorale auprès de 248 enfants âgés de 6 à 11 ans et scolarisés dans 4 écoles parisiennes sur leurs représentations du monde montre qu’à mesure de l’avancée en âge, les enfants représentent de plus en plus le monde à l’échelle mondiale.
Plusieurs enquêtés ont développé des représentations du monde comme Monde, c’est-à-dire dire perçu comme un tout, comme le plus haut niveau de l’échelle géographique, auquel il faut adjoindre l’existence d’une pensée politique et sociale à cette échelle (Grataloup, 2011).
Ces représentations du Monde révèlent la grande importance chez les enfants enquêtés des questions environnementales — mais aussi des inégalités ou des conflits, qui débouchent parfois sur de véritables réflexions anthropologiques, qui questionnent la place des humains dans la nature. Ces représentations du monde traduisent alors un processus de planétarisation, véritable basculement à l’échelle de la société (Reghezza, 2015).
Ces formes émergentes de représentation du monde sont indissociables d’une pensée des temporalités : d’une réflexivité sur le passé mais aussi d’une capacité de projection dans un temps futur, dont les incertitudes influencent les représentations du Monde de certains des enquêtés. La convocation par les enfants d’imaginaires du futur ne se retrouve toutefois pas chez n’importe quels enfants : elle est le produit d’un processus de socialisation. L’émergence de ces imaginaires se comprend au croisement des caractéristiques sociales des enfants et de l’influence de différentes sphères de socialisation. Il s’agit alors d’articuler les inquiétudes des enfants à leurs expériences vécues et médiatisées (Walker, 2019), que ce soit par exemple par l’institution scolaire ou les médias, qui diffusent en effet de plus en plus d’actions liant enfance et climat ou de discours sur les incertitudes quant au devenir du monde, bien que de manière souvent dépolitisée (Considère et Tutiaux-Guillon, 2013).

Jean-Louis TISSIER. Pierre George et « La France de demain »

Pierre George (1909-2006) a été dans les années cinquante et soixante un géographe témoin de mutations de la géographie humaine de l’Europe et de la France. Les innovations technologiques, leurs applications à des espaces élargis re-dessinaient un monde pour demain. La géographie humaine de P. George était particulièrement attentive aux données démographiques et aux indicateurs économiques (énergie, production industrielle). Ces agrégats lui permettaient des projections sur un futur proche ou plus lointain. La collection des Presses Universitaires de France (PUF), La France de demain, qu’il dirige avec François-Louis Closon (directeur-fondateur de l’INSEE) affiche ce programme éditorial. En 1962 P. George (avec J. Bastié et P.Randet) publie l’ouvrage d’ouverture « La région parisienne ». Sept volumes suivront sur les différentes régions françaises traitées par des élèves et collègues de P. George, chercheurs et professeurs dans les universités de ces régions.
De quoi a été fait le « Demain » de la géographie de la France dans ces « sixties » ambitieuses ? Le lancement de la collection a lieu au moment où la DATAR prend en charge la politique d’aménagement du territoire. Les géographes impliqués doivent combiner dans leurs contributions les héritages, les dynamiques à l’œuvre et les perspectives ouvertes par des objectifs affichés par l’État et déclinés dans les ensembles régionaux. L’analyse de ces différents volumes (textes et iconographie) permettra de repérer les modalités de cette prospective : données démographiques, priorités économiques, mutations territoriales. Ce « Demain » est aujourd’hui notre passé proche : on peut ainsi confronter ce qui est advenu à ce qui était envisagé, et méditer sur la réalisation ou l’écart aux desseins initiaux. Comment se situe, au sens géographique, la nouveauté dans l’existant ? Quels sont les héritages ravivés, les projets pionniers, les artefacts un peu fous (aérotrain, four solaire, usine marémotrice…) ?

Denis ECKERT, CNRS. Les passeurs d’une utopie : la promesse espérantiste et ses premiers militants. Une histoire située dans l’Entre-Deux européen et les Confins des Empires (1887-1914).

La proposition faite en 1887 par L. Zamenhof d’une langue internationale, qui se concrétisera par la structuration de l’esperanto et de la communauté de ses locuteurs, correspondait à une préoccupation largement répandue au 19e siècle: l’établissement d’une langue véhiculaire universelle, échappant à la concurrence entre grandes langues «?impériales?». Elle est aussi une promesse de résolution des incompréhensions entre peuples. Le projet espérantiste correspond à une préoccupation philanthropique qui est ancrée dans une vision d’un futur plus harmonieux pour l’humanité.
On souhaite inscrire l’idée universaliste énoncée par Zamenhof dans le contexte socio-spatial dans lequel elle émerge. Car l’esperanto, même s’il va se mondialiser, émerge dans un contexte spécifique. Il s’agit pour nous de montrer les modalités de circulation d’une utopie et d’une innovation, en s’appuyant sur deux éléments : les premiers manuels (lieux d’édition, langues-cibles…) et brochures de présentation de l’esperanto à partir de 1887, ainsi que les profils de leurs auteurs. La plupart de ces derniers sont en effet, à un titre ou un autre, un produit des marges (sociales, territoriales, ethniques et/ou religieuses) d’Europe centrale et orientale, et s’attachent à ce projet pour se projeter dans un avenir meilleur.
Une attention particulière sera portée aux cultures minoritaires et dominées qui font partie des « publics » très tôt ciblés par les petits noyaux fondateurs de l’espérantisme (Baltes, Juifs yiddishophones, etc.). Lieux d’édition, publics visés, background et trajectoires des auteurs des premiers manuels, analyse des contenus de ces textes seront considérés ensemble pour donner à voir les territorialités originales de la naissance et de la première diffusion de l’esperanto, langue inséparable des horizons de la mondialisation mais innovation très ancrée, à ses débuts, dans la situation spatiale spécifique des Confins d’Empires de la fin du 19e siècle.

Joséphine LÉCUYER, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France. Entre utopie et réalité : les imaginaires du futur de campagnes en décroissance

Les campagnes du nord-est de l’Allemagne font face à de multiples difficultés. Pertes migratoires, décrochage économique, dépendance, stigmatisation : ces espaces sont confrontés à la périphérisation (Kühn, Weck, 2013). Dans le Land de Mecklembourg-Poméranie, les pronostics annoncent par exemple 38% d’habitants en moins entre 2006 et 2030 dans le district de Demmin. Pris dans la spirale du déclin, comment les acteurs publics locaux envisagent-ils le futur de leur région ? Comme souvent, il n’est pas question d’opter pour une stratégie assumée de décroissance (Dormois, Fol, 2017). La peur d’un effet performatif du discours sur la décroissance est bien présente chez les acteurs locaux. Une grande partie des politiques publiques est donc tournée vers le renforcement de l’attractivité du territoire (Lécuyer, 2021). La figure de « l’arrivant » visée diffère parfois légèrement selon les régions, et est dans une certaine mesure fantasmée par les acteurs du développement sans prendre en compte les réalités de leur territoire. Les freins à ces arrivées sont nombreux (manque d’infrastructures, mauvaise connexion internet, longs trajets, manque d’emploi, stigmatisation) mais sont souvent minimisés. Dès lors, des stratégies de marketing territorial destinées aux citadins ou aux personnes ayant quitté le Land mais envisageant d’y revenir sont mises en place, et des équipements sont également construits à destination de cette clientèle citadine visée.
Cette proposition s’appuie un travail de terrain de quatre mois, mené dans le Mecklembourg-Poméranie en 2018 et 2019, au cours duquel ont été réalisés 36 d’entretiens avec des acteurs du développement local, ainsi qu’un travail d’observation lors d’une douzaine réunions rassemblant des acteurs du développement local. Les politiques publiques locales et régionales ont également été analysées, ainsi que divers documents d’aménagement comme les stratégies de développement des régions du programme européen LEADER.

Béatrice VON HIRSCHHAUSEN, CNRS. Un désaccord sur l’avenir enviable ? Horizons d’attente et choix électoraux de voisins est-allemands et ouest-allemands

Cette intervention propose d’interroger l’apparition d’une frontière fantôme sur les cartes électorales allemandes au long de l’ancienne frontière de la Guerre froide. Elle est le plus souvent expliquée à partir d’une analyse des héritages et des frustrations de l’expériences historique est-allemande. Cet article propos de porter l’attention, à rebours de ce schéma explicatif habituel, sur la manière dont se construisent les rapports locaux aux futurs possibles de part et d’autre de l’ancienne frontière ; il fait l’hypothèse d’un désaccord géographiquement construit sur le ou les futurs souhaitables. Il s’agit de mettre à jour ce désaccord, d’en éclairer les raisons, d’essayer de faire la part de ses ressorts proprement géographiques et d’en expliciter les effets d’ordre performatif.

Les matériaux empiriques sont fournis par une enquête conduite en 2020 et 2021, dans deux villages situés en basse Franconie, à quatre kilomètres l’un de l’autre : autrefois séparés par l’ancien Rideau de fer, ils sont aujourd’hui au contact direct de la frontière entre les Länder de Thuringe et de Bavière et profitent tous deux du marché de l’emploi favorable des petites villes bavaroises de la région. Il s’agira d’éclairer le sens que les personnes interrogées donnent à leurs expériences respectives et à leurs pratiques de l’espace, d’expliciter les récits au regard desquels elles se situent (entre Est et Ouest, entre villes et campagnes, entre espaces des réseaux familiers et espaces du monde professionnel), au regard desquels aussi elles comprennent ce qu’elles ont vécu et se projettent dans le futur. Il faudra essayer in fine de comprendre pourquoi, 30 ans après la réunification, leurs votes divergent de façon si spectaculaire en dépit de conditions sociales et économiques aujourd’hui très similaires.

Dans le cadre de la session « Préparer Au Monde De Demain : Quelles Contributions De La Géographie Scolaire Et Universitaire ? » :

Jennifer BROUCK, Université Paris 1 présente : « The figure of knot : embodiment of the hypermobile’s spatialization and its impact on places. »

In our contemporary time, we talk about a mobile society in which places would be dissolved, identities liquified, and territories eradicated by networks. The intensive mobility is often accused to create placeless, floating, autonomous people, and the hypermobile individual –quasi-constantly on the move– represents, for some, the ultimate figure of the uprooting. But what about emotions, meanings or representations into the movement? The dichotomy between network and territory, strongly settled in our categories of thinking, impoverishes the analysis of the mobile experience by ignoring inertias, touches, or collisions.
This study emphasizes and interrogates these connecting moments between individuals and places generated by the displacement. What is the nature of these relations settled and constructed by the ephemeral time? By considering emotions and representations, could the mobility be a potential source of appropriation and anchoring? And what is the impact of these personal and sentimental relations on cities or places?
Through a survey based on a semi-directive questionnaire and mental maps, and conducted with 15 Parisians hypermobile individuals, the ambition is to understand the reliefs of the mobile spatiality. Distinction or similarity of practices according to places, the diversity of emotions, the transformation of representations…By these considerations, the mobility –particularly the intensive one– seems to assume modifications of current structures, and constructions of new ones. Involving all the categories of mobility, this study reveals convergences and echoes between places, which shape an emotional and spatial structure. This changing -but solid- entity is embodied at the individual scale and embraces a fundamental role in the contemporary spatiality. Through the symbolic figure of the knot, the wish is to concretize the existence of these ontological –but real and impacting– territories and to consider them in their articulation with places.

Nolwenn Azilis RIGOLLET, Paris 1, présente : « Le Monde c’est nous » : comment les lycéens pensent-ils le Monde ? État des lieux des représentations et perspectives pédagogiques et didactiques. »

Cette proposition de communication est le fruit de mes travaux de doctorat sur les représentations que les lycéens se font du Monde. Ma méthodologie s’appuie sur un travail de questionnaire, de productions graphiques et d’entretiens menés avec des lycéennes et des lycéens. Je m’inscris dans l’Axe 1 : je dresse un état des lieux des représentations que les lycéens se font du Monde aujourd’hui, le régime de peur associé aux grands bouleversements environnementaux construit par les programmes scolaires et les médias et m’interroge sur les leviers d’actions pédagogiques et didactiques qui peuvent en être issus.

Les lycéens identifient deux types de risques d’origine anthropique : les risques environnementaux d’échelle planétaire et la guerre (en particulier le terrorisme). Dans les représentations des élèves, la biosphère qui se déploie sur la planète Terre et le système Terre sont menacés par l’humain : l’interaction la plus manifeste entre les humains et le reste des composantes de la planète Terre s’opère sur le mode de la destruction. Certaines représentations des lycéens mettent en scène la fin du monde : ces productions à caractère futuro-dystopiques rejoignent les thèses collapsologues.
Les réflexions sur la fragilité de la vie sur Terre semblent conduire à penser le Monde dans sa totalité et ce faisant, une réflexion sur la résolution des problèmes à ce niveau de réflexion s’impose.
Les lycéens se sentent peu légitimes en matière de politique. De manière récurrente dans les entretiens, ils soulignent leur ignorance du fonctionnement institutionnel et leur jeune âge. Ils mettent à distance la politique et l’enseignement moral et civique (EMC), qu’ils considèrent comme une doxa scolaire. Les lycéens valorisent cependant certaines actions de la « société civile », comme l’engagement de la jeunesse en matière de défense de l’environnement et soulignent l’importance des enjeux globaux pour leur génération.

Anne-Cécile OTT, Université Paris 1, présente :  « (Se) représenter le monde de demain : quel(s) point(s) de vue des enfants ? »

Enseigner le monde de demain aux enfants et les confronter aux changements globaux auxquels ils font face constituent un défi contemporain pour la didactique de la géographie.
Les enfants construisent cependant déjà des représentations du monde qui sont influencées par une réflexion sur les temporalités et par une projection dans le futur. C’est ce que révèle l’enquête menée dans le cadre de ma recherche doctorale auprès de 248 enfants âgés de 6 à 11 ans et scolarisés dans 4 écoles parisiennes sur leurs représentations de l’espace mondial.
Les enquêtés ont développé des représentations du monde qui témoignent de l’importance dans leurs imaginaires des questions environnementales (Byrne et al., 2014). Leurs discours débouchent parfois sur de véritables réflexions anthropologiques, questionnant par exemple la place des humains dans la nature. Leurs représentations traduisent l’existence d’une pensée du monde comme Monde (Grataloup, 2011) et révèlent les traces d’un processus de planétarisation, véritable basculement à l’échelle de la société (Reghezza, 2015). Ces formes émergentes de représentation du monde sont indissociables d’une réflexivité sur le passé et le présent mais aussi d’une capacité de projection dans le futur.
Ces représentations se sont avérées être socialement différenciées et le produit d’un processus de socialisation. Leur émergence se comprend au croisement des caractéristiques sociales des enfants et de l’influence de différentes sphères de socialisation. Il s’agit alors d’articuler les inquiétudes des enfants à leurs expériences vécues et médiatisées (Walker, 2019), notamment par l’institution scolaire. En retour, il semble que la prise en compte du point de vue des enfants eux-mêmes sur le monde de demain et l’analyse de leurs représentations et perspectives puisse constituer un point d’appui pour les réflexions sur les manières dont la culture scolaire en géographie peut et doit s’emparer de la question du futur et des enjeux globaux.

Béatrice VON HIRSCHHAUSEN copréside avec Sabine VON LÖWIS (Centre For East Europan And International Studies, Germany) la session : « Traces Of The Past: Between Experiences And Spatial Imaginations« 

14:30 – 16:15 – Panthéon Room 11

Dans le cadre de la session :  Geographical Impacts Of Urban And Metropolitan Logistics: Mobilities Of E-Commerce, Warehousing, Logistics Real Estate, Urban Freight, Marion ALBERTELLI présente : From services to urban logistics : an affirmation of the SNCF’s role in the urban production ?

Since the 1960s, the model of the French metropolitan railway station has evolved considerably. The opening up to competition, Europeanization, the regionalization of networks, and the rise of high-speed rail have led to an economization of large stations and accelerated the transformation of the SNCF. These transformations are also linked to the development of sustainable urban models : since the 1990s, the idea of linking public transport networks and urban planning has become standard in urban planning discourse.
Station areas appear as strategic sectors within those sustainable urban models and they are the subject of new planning policies focused on urban and last-mile logistics. French cities are negotiating with the railway operator to develop « Urban Logistics Equipment » : for instance, the city of Paris included the obligation to develop logistics facilities on railway land in the local plan. The kind of equipment developped, the cooperation between the different stakeholders and the place of logistics functions in the station model will be studied in this communication. It will focus on the cases of Parisian railway stations, Strasbourg station, and station projects such as Rouen Saint-Sever, where the question of logistics is currently raised.

Dans le cadre de la session  » It’S Time For… Le Foncier Agricole »présidée par Adrien BAYSSE-LAINÉ, Cnrs et Guillaume SCHMITT, Univ. Polytechnique Hauts-de-France – 14:30 – 16:15 – Panthéon Room 15 – Marine FRANTZ, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a présenté la conférence  « Villages ruraux en friches : conversion du foncier agricole en Inde du sud ».

Dans le cadre de la session « Géopolitique des ressources naturelles : à l’heure de la transition socio-écologique » (16:30 – 18:30 – Panthéon Room 06) présidée par
Audrey SÉRANDOUR, Cresat (Université Haute-Alsace) et UMR Prodig et Angélique PALLE, IRSEM et UMR Prodig, Corten PÉREZ-HOUIS, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne a présenté une conférence intitulée : « Le limon du Nil dans la production des briques rouges en Egypte et au Soudan, entre protection de l’environnement, intérêts économiques et convoitises foncières ».

Dans le cadre de la session « Enseigner la géographie à l’université, aujourd’hui et dans le futur » (14:30 – 16:15 – Panthéon Room 53), présidée par Laura PÉAUD, Université Grenoble Alpes et Camille VERGNAUD, université Grenoble Alpes, Clarisse DIDELON-LOISEAU, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et Anne-Cécile OTT, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, ont présenté la conférence : « Ce semestre, notre terrain c’est le Monde : un fantasme d’enseignantes en géographie, la pratique d’un terrain-tour-du-monde pour apprendre le Monde ».

La mondialisation et certaines de ses traductions spatiales, (la métropolisation, la maritimisation des échanges, la littoralisation etc.) sont abordés ad nauseam dans les enseignements scolaires et universitaires. Néanmoins, cette accumulation de savoirs conceptuel et empirique (souvent à partir des mêmes exemples) échoue à produire une connaissance du Monde. Or si le Monde est advenu il doit être pensé comme tel notamment dans notre discipline. La mise en œuvre d’un « terrain tour-du-monde » nous semble, au final, le moyen le plus efficace pour faire émerger la connaissance du Monde
Puisque l’appel à propositions nous y invite, nous laissons libre cours un fantasme d’enseignantes de « la mondialisation » en géographie, pour réfléchir à la pratique d’un terrain-tour-du-monde avec une promotion d’étudiant.e.s de licence. Nous construirons donc notre communication à partir de ce postulat : l’UFR et l’université nous ont donné carte blanche pour la réalisation d’un semestre-tour-du-monde et il n’y a aucun obstacle à sa réalisation. Au-delà des aspects « organisationnel » auxquels nous ne serons jamais être confrontées (même s’ils seraient riches d’apprentissages sur le Monde) nous proposons de mener une réflexion sur ce que nous attendrions de la réalisation de ce tour-du-monde pour les étudiants. Quelles sont les pratiques pédagogiques à mettre en œuvre lors de ce terrain-extrême pour permettre aux étudiants de comprendre et de s’approprier cette notion de Monde ?
Puisqu’on ne pourra jamais faire ce terrain, nous terminerons en nous interrogeant sur la manière dont nous pourrions malgré tout permettre de faire émerger cette prise de conscience du Monde par nos pratiques pédagogiques. Nous évoquerons donc les résultats d’un atelier expérimental que nous avons mis en œuvre avec des étudiants de licence 1 et dont l’objectif était de leur permettre d’appréhender le Monde en leur faisant construire de manière raisonnée et argumentée un itinéraire de tour-du-monde.

Dans le cadre de la conférence « Modes de vie et pratiques spatiales des minorités sexuelles et de genre au-delà de la grande ville » (12:30 – 14:15 – Institut de Géographie Room 401A) présidée par Théophile PLOUVIER, Tves (Ulr4477), Université Du Littoral Côte D’opale, Jordi CALABUIG SERRA, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne / University Of Girona, a présenté la conférence : « Les rythmes des résidents LGBT dans le contexte d’une destination touristique LGBT. Le cas de Barcelone (Espagne) ».

La plupart des destinations touristiques sont un espace d’hybridation entre résidents et visiteurs. D’une part, la population locale avec son propre tempo et dynamique spatiale de la vie quotidienne. De l’autre, les touristes qui vivent la destination intensément, à court terme. La présence des touristes, avec leur saisonnalité, leurs propres intérêts et leur dynamique spatiale spécifique affecte les schémas comportementaux et les rythmes des résidents. Barcelone fait actuellement l’objet d’un débat entre le modèle libéral sous lequel le tourisme s’est développé et le nouveau municipalisme qui vise à repenser le modèle pour le rendre plus durable.
Pour contribuer au débat autour de la durabilité sociale du tourisme, cette étude présente les résultats d’un travail de terrain avec les résidents LGBT de Barcelone dans le contexte de leur ville en tant que destination touristique LGBT. A cet effet, des entretiens semi-dirigés ont été menés avec des résidents et des observations participatives ont été réalisées.
Il s’agit de cerner la relation que les résidents LGBT établissent avec le tourisme et les touristes LGBT. S’il y a des interactions ou non, pourquoi, de quel type, où elles se produisent et quand. Ainsi, les échelles spatiale, sociale et temporelle ont été considérées. Tous ces paramètres sont essentiels pour appréhender la destination touristique et, éventuellement, ils peuvent fournir des éléments à prendre en compte pour s’orienter vers des modèles de développement touristique plus durables.
Les résultats montrent la complexité des attitudes envers le tourisme et des comportements des habitants vis-à-vis de cette activité. Les résidents gèrent les frictions générées par les rythmes des visiteurs de différentes manières, allant de l’implication à temps partiel à l’évitement. Dans ce contexte, la recherche d’espaces moins touristiques au-delà du quartier Gaixample et même la création d’espaces alternatifs de socialisation et de loisirs se pose.

20 juillet