Le modèle City Booster, défini et développé par SNCF Gares & Connexions en 2017, repose sur des logiques économiques en intégrant dans le pôle gare des commerces afin de diversifier les activités de l’opérateur et les services proposés aux usagers.
Présenté comme une nouvelle génération de la gare ouverte insérée fonctionnellement dans son environnement urbain, ce modèle est aujourd’hui considéré par les acteurs politiques décisionnaires comme un outil majeur de la métropolisation. La gare City Booster étant officiellement déclinée dans de nombreuses gares françaises, cet article propose de questionner son caractère duplicable dans des contextes métropolitains et ferroviaires différents. Une analyse de 30 gares métropolitaines françaises permet ainsi de démontrer la faible réalité de ce modèle qui répond avant tout à un besoin de l’opérateur ferroviaire de financer son patrimoine et ses activités ferroviaires, et repose sur un critère de flux impossible à remplir en dehors des plus grandes gares – principalement parisiennes.
« La gare City Booster n’a que peu de réalité territoriale, se cantonnant à cinq gares parisiennes. Elle n’est donc pas « sortie » du berceau où elle est née : quand bien même elle s’inscrit dans des logiques de métropolisation, ses objectifs réels sont purement économiques et principalement centrés sur les besoins de financements de l’activité ferroviaire de la SNCF. Le fondement même de ce modèle économique qui s’appuie sur les flux ne semble pas non plus permettre sa déclinaison. Il s’agit donc d’un modèle essoufflé avant même son déploiement, d’autant plus dans un contexte où la saturation devient un enjeu fort de ces grands connecteurs urbains. »
Marion Albertelli
Marion Albertelli réalise sa thèse au sein du laboratoire Géographie-Cités en partenariat avec SNCF Gares&Connexions (bourse CIFRE) sous la direction de Jean Debrie. Son travail porte sur le modèle de gare serviciel et son adaptation aux nouveaux enjeux métropolitains, tant fonctionnels que d’usages. Marion Albertelli étudie ainsi trois axes : l’évolution de la gare et sa place dans la ville ; la place physique et locale de la gare à travers son accessibilité et son intermodalité qui constituent des enjeux primordiaux dans ses connexions avec la ville ; l’impact des nouvelles pratiques de la mobilité sur la gare, ses aménagements et son fonctionnement.
Lire aussi, dans le numéro 16 de Géotransports « Gares ferroviaires et stratégies d’aménagement » :