Politiques publiques et revalorisation des quartiers péricentraux, le cas du Campus MIL à Montréal

Cet article, cosigné par Violaine Jolivet et Chloé Reiser, membre associée de Géograhie-cités, s’intéresse aux impacts des grands projets urbains développés dans des espaces péricentraux, traditionnellement ouvriers et immigrants, de la ville de Montréal.

campus-mil-reiserÀ travers l’exemple du projet du campus MIL qui s’inscrit dans une logique de revitalisation et de rayonnement de la métropole montréalaise à l’échelle internationale, l’objectif est de montrer comment le développement de ces nouveaux espaces verts et créatifs sur d’anciennes friches industrielles accélère la gentrification. L’argument est alors de qualifier la gentrification de « projet » mis en œuvre par des politiques et financements publics.

L’article débute par une mise en contexte des espaces péricentraux en montrant comment d’espaces « entre » et désinvestis dans les années 1970-80, ces derniers deviennent de nouvelles centralités métropolitaines à Montréal. Par la suite, l’article examine le rôle des différents acteurs publics dans la mise en œuvre d’un projet de revitalisation urbaine et montre comment le projet urbain du MIL accélère la gentrification des quartiers péricentraux d’immigration comme Parc-Extension. Le rôle de l’université comme acteur public spécifique est interrogé dans cette étude de cas autour de l’implantation d’un nouveau campus. Enfin, l’article démontre comment les principes de l’urbanisme durable et de la ville créative participent à une forme de légitimation de la gentrification par les politiques publiques.

« L’examen des rouages décisionnels autour de la réalisation du MIL montre que les pouvoirs publics dans la ville néolibérale ne sont plus seulement des facilitateurs d’une gentrification encore largement opérée par l’initiative privée, en prenant par exemple en charge les travaux lourds ou en « dé-risquant » l’investissement de ces derniers. Ils participent à cette gentrification par des choix politiques et législatifs et à travers leur discours de revitalisation axé sur des principes tels que la ville verte, mixte, numérique. Le projet du MIL souligne également le rôle d’autres acteurs urbains publics, en regardant plus précisément le rôle de l’université ».

Après un doctorat sur « Se loger dans un quartier tremplin : stratégies résidentielles des familles immigrantes à Parc-Extension et Saint-Michel, Montréal », sous la direction de Renaud Le Goix (Université Paris Cité / Géographie-cités) et Violaine Jolivet (Université de Montréal), Chloé ReiserChloé Reiser est chercheuse postdoctorale pour le partenariat de recherche Community Housing Canada et réalise ses projets au sein du laboratoire HOME-RL à l’Université du New Brunswick (Saint-John, Canada). Les travaux de Chloé Reiser se concentrent sur les questions de logement et d’immigration, sur les inégalités et les vulnérabilités socioéconomiques et sur le changement social urbain dans les villes du Nord Global.

Lire Violaine Jolivet et Chloé Reiser. « La gentrification par projet : politiques publiques et revalorisation des quartiers péricentraux, le cas du Campus MIL à Montréal ». Métropoles [En ligne], n°31, novembre 2022