Politiques et perceptions dans les quartiers d'(im)migrants dans Istanbul, Vienne et Paris

dirulba erkanDilruba Erkan, doctorante à l’Université Paris I Panthéon – Sorbonne, membre de Géographie-cités, soutiendra sa thèse en Géographie en co-direction cotutelle avec l’École Doctorale de Géographie de Paris (ED 434) et l’Université de Vienne (département de sociologie) : « Quand la transformation urbaine devient gentrification : politiques et perceptions dans les quartiers d'(im)migrants dans Istanbul, Vienne et Paris » le 25 février.

Jury

Petros Petsimeris, Professeur de géographie, Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne co-directeur
Yuri Kazepov, Professeur, sociologie urbaine, Université de Vienne, co-directeur
Nil Uzun, Professeur, urbanisme, Middle East Technical University, Ankara, Turkey, examinatrice
Eric Denis, Directeur CNRS, UMR 8504 Géographie-cités, examinateur
Philippe Cadène, Professeur de géographie à l’université Paris-Diderot, examinateur
Simon Güntner, Professeur de sociologie urbaine, Technical University Vienna, rapporteur
Serge Weber, Professeur de géographie, Université Gustav Eiffel, Champs-sur-Marne, rapporteur

Resumé

Les changements urbains contemporains sont principalement motivés par la migration et l’accumulation de capital. Dans le même temps, la transformation urbaine se concentre généralement sur les avantages de la classe moyenne, tout en étant (souvent) caractérisée par la gentrification, qui, en tant que processus, est liée aux circuits mondiaux de transferts de politiques urbaines.

Dans la littérature, l’accent est mis sur la nature globale du phénomène. Contrairement aux chercheurs qui décrivent la gentrification comme un processus global, cette thèse soutient qu’elle prend des formes différentes à travers le monde. La disparité dépend principalement des contextes socio-spatiaux et politico-économiques locaux qui sont médiatisés par la politique. D’une part, parmi les résidents défavorisés qui sont les plus vulnérables aux effets secondaires probables de la gentrification figurent les populations (im)migrantes de classe inférieure. D’autre part, les quartiers densément peuplés par les populations (im)migrantes semblent composer la réputation et la stigmatisation du quartier, qui à son tour construit les vues des gentrifieurs potentiels.

La perception des résidents aisés vivant en dehors des quartiers de (im)migrants contribue probablement à déterminer les caractéristiques du processus de transformation urbaine. Dans ce contexte, cette thèse, à travers une comparaison, étudie les conséquences des perceptions et des politiques médiatisées et si (et comment) elles conduisent une transformation urbaine à présenter des caractéristiques qui résonnent avec la gentrification.

La comparaison se concentre sur Tarlabasi (Istanbul), Kretaviertel (Vienne), et le Quartier de la Porte-Saint-Denis (Paris), qui sont (a) des quartiers subissant une transformation urbaine de type gentrification et (b) des exemples de quartiers à forte densité de populations turques/kurdes de classe inférieure – avec des histoires migratoires diverses – y résidant ou y travaillant. La comparaison est basée sur l’analyse de documents politiques et médiatiques, des entretiens semi-structurés avec des résidents turcs/kurdes et des gentrifieurs potentiels, des observations, une analyse d’images et une cartographie de terrain. Les objectifs de la recherche sont de 1) revisiter la gentrification en tant que terme générique, 2) conceptualiser le cadre de la gentrification par la comparaison, 3) étudier l’interaction entre la gentrification et la composition sociale d’un quartier (im)migrant, et 4) comprendre l’impact des politiques sur les caractéristiques de la gentrification.

En résumé, ce travail nous informe sur la fluidité de la terminologie. Les résultats montrent que la complexité du terme peut être utilisée pour analyser les différents facteurs qui définissent les caractéristiques clés de la gentrification dans des quartiers en transformation dans trois villes différentes. La thèse met en évidence les facteurs qui sont similaires dans les trois études de cas, mais aussi les différentes façons dont la perception sociale et la politique façonnent de manière cruciale le cours de la gentrification. Par exemple, la politique est fondamentale au niveau de la ville. Au niveau du quartier, la composition sociale et les liens sociaux sont parmi les facteurs significatifs affectant la gentrification. Alors que la gentrification exerce inévitablement une pression sur les résidents (locaux), tant sur le plan émotionnel que physique, cette thèse montre que les villes sont capables de réguler et de surveiller la transformation urbaine et d’influencer la vie de quartier.