Ce livre débute par une question apparemment simple : pourquoi y a-t-il des cartes (plutôt que rien) ? Nous n’utilisons pas systématiquement des cartes pour nous déplacer dans l’espace, préférant demander notre chemin à un passant, ou bien consulter notre smartphone…
Alors, qu’est-ce que les cartes apportent de particulier, lorsqu’il s’agit par exemple de s’orienter dans l’espace ? Quelle valeur spécifique leur accordons-nous ?
Par ailleurs, les cartes ne sont pas seulement des outils pratiques servant à se rendre d’un lieu à l’autre (et d’ailleurs toutes les cartes ne le font pas). Il existe en effet toutes sortes de cartes, et pas seulement des cartes topographiques. Si, bien sûr, les cartes produisent de la connaissance sur le monde, on peut également y observer la présence active d’autres motivations, qui parfois l’emportent sur la dimension simplement cognitive: les cartes répondent à des intentions politiques, poétiques, voire biographiques, par exemple.
Ce livre se propose alors de mettre en évidence les diverses “raisons” des cartes et dans les cartes, autrement dit, d’analyser les diverses rationalités présentes et agissantes au sein de la cartographie.
Carte à bâtonnets des Îles Marschall
Source : Library of Congress
« Aux îles Marshall, l’usage des cartes à bâtonnets a longtemps accompagné et, plus précisément, servi à préparer la navigation océanique.
Ces assemblages fragiles de petits bâtons de bois et de coquillages, tenus ensemble par des liens obtenus à partir de la nervure des feuilles de cocotier, n’étaient pas emportés sur les canots lors des grandes traversées : leur vocation était avant tout pédagogique mnémotechnique. Seuls quelques hommes, après un assez long apprentissage, maîtrisaient ce savoir, et les « stick charts » qu’ils fabriquaient leur étaient le plus souvent personnelles. »
Extrait, p. 5
Jean-Marc Besse, philosophe et historien, est directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS, membre de l’UMR Géographie-cités.
Ses recherches portent d’une part sur l’histoire des représentations et des pratiques de l’espace et la théorie du paysage, et d’autre part sur l’épistémologie des savoirs géographiques, à l’époque moderne et contemporaine.
Il est co-directeur de la revue Les Carnets du paysage. Parmi ses livres: Les Grandeurs de la Terre. Aspects du savoir géographique à la Renaissance (2003); Face au monde. Atlas, jardins, géoramas (2003); Le goût du monde. Exercices de paysage (2009); Habiter. Un monde à mon image (2013); La nécessité du paysage (2018).
Il a récemment dirigé la publication d’un ouvrage collectif : Forme du savoir, forme de pouvoir. Les atlas géographiques à l’époque moderne et contemporaine (2022).
À propos de la collection “Milieux”
La collection “Milieux” explore et arpente notre culture visuelle contemporaine. Elle interroge la matérialité et la visualité de nos pratiques sociales, en tant qu’elles sont, de mille et une manières, médiatisées, embarquées, déplacées, par des formes visuelles et textuelles. Ces formes qui occupent notre environnement proche constituent de véritables milieux, à lire et à voir, à comprendre et à interpréter.
Direction de la collection
Vivien Philizot, maître de conférences en arts visuels et design graphique à la faculté des arts de l’Université de Strasbourg
Acheter Jean-Marc Besse. Quelle est la raison des cartes ? Éd. 205, coll. Milieux / 005, 2023, 84 p. 12,00€.