Le rôle de la distance cartographique perçue

Cet article s’intéresse à la représentation cartographique de la mondialisation appréhendée sous la forme des échanges et des flux internationaux observés au niveau mondial.

mondialisation flux

© F. Bahoken, Mappemonde

Françoise Bahoken s’intéresse en effet à la signification de ces cartes mondiales, aux motifs qu’elle donnent à voir pour décrire une géographie relationnelle de la mondialisation. L’approche proposée est théorique et méthodologique. Elle s’intéresse au rôle de l’espace géographique, une variable forte de la structuration des échanges mondiaux qui n’intervient pas a priori dans leur représentation. Et pourtant, sa prise en compte conduit à une variation forte de la carte, elle modifie par conséquent l’interprétation qualitative qui peut être réalisée du phénomène représenté.

Cartographier la mondialisation au niveau mondial présente en effet des caractéristiques liées à la thématique de la carte (flux migratoires, flux commerciaux, etc.), mais aussi à sa géographie : au choix des entités (lieux, des couples de lieux, leurs relations, …), du système de projection, de son cadrage, du type d’échanges. Aussi aux méthodes mises en œuvre et aux outils mobilisés (non évoqués ici). Ces choix génèrent la manifestation d’effets graphiques spécifiques au Monde tels un effet d’alignement, un effet d’itinéraire et/ou un effet de jointure qu’il convient d’articuler au mieux pour former l’image souhaitée.

L’attention est ainsi portée sur la notion de « distance cartographique perçue » par le tracé de la ligne de flux sur la carte. L’autrice montre le caractère fondamental de cette notion spécifique aux cartes de flux origine-destination, qu’elle avait notamment introduite dans sa thèse : « Contribution à la cartographie d’une matrice de flux » pour les distinguer des cartes de mouvements. En lien avec l’information disponible à cartographier, elle montre le rôle de critères spatiaux dans la perception de cette distance cartographique en l’illustrant d’un exemple. Le cas d’application est celui de flux commerciaux internationaux mondiaux d’origine asiatique qui font l’objet d’un exercice de multi représentation cartographique.

Françoise Bahoken est chercheuse en Géographie à l’Université Gustave Eiffel (ex. IFSTTAR), depuis 2016. Elle a soutenu en janvier 2016 une thèse de doctorat en géographie/sciences des territoires réalisée à l’UMR Géographie-Cités/équipe PARIS, en marge d’une activité professionnelle d’ingénieure d’études en cartographie.
Elle s’intéresse aux aspects théoriques et méthodologiques de la construction cartographique des flux et des mouvements observés dans l’espace géographique. Sa démarche s’inscrit dans une approche critique déconstructionniste de la cartographie statistique (thématique), en particulier de celle qui relève de phénomènes internationaux mondiaux. Elle participe au développement d’outils innovants d’analyse et de géo visualisation des interactions territoriales par des flux origine-destination (voir notamment arabesque), de type migratoires en particulier (voir notamment MigrExplorer).

Françoise Bahoken« Représenter la mondialisation par des flux, le rôle de la distance cartographique perçue  »Mappemonde, 133 | 2022.