Natacha Aveline-Dubach, directrice de recherche CNRS, membre du laboratoire Géographie-cités, a publié un chapitre intitulé « Théorie de la régulation et géographie : quels apports réciproques ? » (p. 249-255) dans l’ouvrage « Théorie de la Régulation, un nouvel état des savoirs » dirigé par Robert Boyer, Jean-Pierre Chanteau, Agnès Labrousse et Thomas Lamarche.
Dans ce chapitre, Natacha Aveline-Dubach montre que la théorie de la régulation (TR) a contribué à l’élaboration d’approches heuristiques en géographie économique pour aborder la transformation des systèmes productifs, l’internationalisation de la finance et l’amplification de l’investissement immobilier en régime post-fordiste. En retour, ces travaux ont enrichi l’approche peu spatialisée de la théorie de la régulation en contribuant à une théorisation du développement inégal des territoires. Elle souligne que ces échanges fructueux pourraient être renforcés si la TR prenait en compte l’importance croissante de la méso-échelle des métropoles et considérait plus généralement la pluralité des échelles d’action. Les géographes pourraient également alimenter une réflexion sur la centralité croissante de l’immobilier dans les dynamiques de croissance et de crise des capitalismes contemporains, constat qu’une théorie hétérodoxe ne pourrait ignorer plus longuement.
Théorie de la Régulation, un nouvel état des savoirs
Constituée dans les années 1970 à partir des pensées marxistes et keynésiennes, la théorie de la régulation est devenue une approche économique cruciale qui offre une alternative robuste à la théorie néoclassique. Depuis l’État des savoirs publié en 1995, la théorie de la régulation a beaucoup évolué. Elle n’est plus seulement identifiée à une recherche de type macroéconomique (modes de régulation des économies nationales et du capitalisme mondial). Elle traite aussi désormais des entreprises et de champs sectoriels classiques (automobile, agroalimentaire…) comme plus originaux (éducation, santé, ESS, RSE…) ainsi que de problématiques transversales fondamentales (écologie, genre, connaissances…).
Faisant intervenir une centaine d’universitaires spécialistes de divers champs de la socio-économie et prenant en compte cette extension des champs de recherche régulationnistes, cet ouvrage s’impose comme le « nouvel état des savoirs ». Il constitue un outil de travail efficace et durable pour la communauté étudiante – du master au doctorat – comme pour les chercheurs et chercheuses avancées et constitue une référence pour intégrer les transformations structurelles de la société à une économie politique renouvelée.
Robert Boyer, Jean-Pierre Chanteau, Agnès Labrousse, Thomas Lamarche, Association Recherche & Régulation. Théorie de la Régulation, un nouvel état des savoirs. Éd. Dunod, 2023, 656 p.
EAN 9782100840571 EAN EBOOK : EPUB 9782100862962
Natacha Aveline-Dubach, directrice de recherche au CNRS, est spécialiste d’économie politique de la production urbaine, notamment dans les métropoles d’Asie du nord-est (Japon, Chine, Hong Kong). Ses recherches récentes portent sur la financiarisation de l’immobilier et les mécanismes de captation de la valeur foncière appliqués aux infrastructures ferroviaires. Elle est également coordinatrice du projet franco-singapourien SPACE qui analyse les facteurs de risque et les formes sociospatiales des maladies infectieuses (dengue et COVID 19) dans le cadre bâti de Singapour. Ce projet, démarré en mai 2022, est financé pour trois ans par la Fondation Nationale de Recherche de Singapour dans le cadre du programme CREATE (Campus for Research Excellence and Technological Enterprise), et géré administrativement par la filiale internationale CNRS@CREATE.
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