Un idéal de justice à l’épreuve des discriminations à Paris et à Londres
Les métropoles occidentales sont des espaces perçus comme émancipateurs pour les minorités. Qu’en est-il du point de vue des personnes trans ?
De nombreuses ressources urbaines sont mises à leur disposition par leurs communautés dans les métropoles de Paris et de Londres. Ces ressources, identifiées par les habitant•e•s, rendent ces territoires attractifs. Les associations et les collectifs les développent selon un idéal de justice : l’accès aux équipements et aux services dont sont privé•e•s les personnes trans est à la fois une forme de résolution matérielle de l’inégal accès aux espaces publics dont elles sont victimes, ainsi qu’une reconnaissance de leur statut d’être humain.
Pourtant, au regard des expériences trans relevées sur le terrain, ces ressources sont inégalement réparties dans les espaces urbains et inéquitablement appropriées au sein de la population trans selon des critères de genre, de classe et de race. Cette inégale répartition des ressources métropolitaines remet en question la finalité de justice à laquelle se rattachent associations et élu•e•s.
« Les espaces festifs et associatifs trans, qui constituent de fait une grande partie des ressources métropolitaines créées par et pour les personnes trans, apparaissent ainsi fortement situés dans les rapports sociaux de genre, de classe et de race. Une normativité bourgeoise, à la fois fondée sur un rapport aux savoirs militants et des normes de sociabilité et de comportement genrées, fortement ancrées dans un habitus blanc et bourgeois, limite l’accès à ces espaces ressources. À Paris, où la population trans migrante est la plus visible, des espaces festifs avant tout destinés aux femmes migrantes et travailleuses du sexe, comme la fête mensuelle (fiesta mensual) de l’association Acceptess-T, coexistent avec les lieux trans a priori destinés à tou·te·s : est-ce à lire comme le résultat d’une trop grande normativité des espaces trans généralistes ? »
Milan Bonté
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