Le séminaire PARIS du 21 janvier matin (9h30-12h30) nous permettra d’écouter et de discuter les présentations de Léo Tallandier et Clément Nicolle, doctorants, membres de Géographie-cités.

Grindr

« Zero feet away », slogan de Grindr et aperçu de l’interface. Capture d’écran sur Grindr.com.

Clément Nicolle : « Se rencontrer sur Grindr : espaces et sociabilités gays à l’ère des applications de rencontre géolocalisées »

La démocratisation conjointe des smartphones et de l’internet mobile s’est accompagnée de l’apparition d’application utilisant la géolocalisation des individus afin de leur proposer des informations en temps réel sur les environnements fréquentés. Les rencontres en ligne se sont adaptées à ces nouveaux mécanismes, et les applications destinés aux minorités sexuelles, se distinguent particulièrement en la matière. Grindr, principale application de rencontre à destination des hommes homo-bisexuels, se présente ainsi sous la forme d’une grille de profils, hiérarchisés par rapport à leur distance vis-à-vis de l’usager. Cette grille évolue en temps réel en fonction des connexions et des mobilités des uns des autres. Dans les grandes villes, où les densités de connexion sont les plus fortes, elle offre la possibilité de faire des rencontres sur la base de la seule position géographique, mais aussi de reconnaître d’autres usagers évoluant à proximité. Cela contraste avec les dynamiques spatiales d’une population historiquement marquée par l’invisibilité et l’invisibilisation au quotidien, en dehors des lieux spécifiquement LGBT. Sur Grindr, « tout le quartier devient gay » s’était ainsi exclamé un enquêté, se rappelant son sentiment après avoir téléchargé l’application pour la première fois. A travers une enquête mobilisant des méthodes variées (questionnaire en ligne, entretiens avec des usagers, observation participante), je cherche à étudier les logiques géographiques à l’œuvre dans les rencontres faites via cette application : où et comment se rencontre-t-on dans la ville avec une application mobile offrant la possibilité de se rencontrer dans une gamme d’espace bien plus large qu’au sein des centralités gays traditionnels ? Je m’interroge également sur les effets de ce media sur la perception de l’espace : en rendant visible l’homosexualité et facilitant les interactions entre hommes un peu partout dans l’espace urbain, Grindr rend-elle la ville plus gaie pour les hommes qui l’utilisent ?

 

La voie verte de Cabariot dans la couronne périurbaine de Rochefort (17). Dans les couronnes périurbaines où elles se développent, les politiques cyclables ne s’adaptent pas nécessairement à l’usage utilitaire du vélo. Ici, en Charente-Maritime les politiques cyclables menées dans ces espaces ont d’abord pour objet le développement du cyclotourisme.

Léo Taillandier : « La mobilité à vélo dans les banlieues et espaces périurbains des aires urbaines françaises »

Depuis plusieurs années, l’usage du vélo comme mode de transport utilitaire au quotidien connaît un regain d’intérêt motivé par ses vertus pour la santé ou pour l’environnement. Cependant si cet usage croît nettement au centre des aires urbaines, il stagne, voire recule, dans les banlieues et le périurbain de ces mêmes aires. Dans les pays comme les Pays-Bas ou le Danemark, où l’usage du vélo est nettement plus élevé, les écarts entre les centres urbains et les espaces moins denses sont tout autant remarquables. Néanmoins les travaux de recherche sur le vélo, qui se multiplient depuis dix ans dans ces pays et aux États-Unis, sont peu nombreux à questionner cette hétérogénéité alors que d’autres recherches ont montré que l’usage du vélo dépendait en partie des caractéristiques du contexte spatial (qualité et densité des aménagements cyclables, des réseaux de transports routiers et de transports en commun, influence de l’environnement naturel à l’instar du dénivelé…). En interrogeant l’hétérogénéité spatiale de l’usage du vélo au sein des aires urbaines françaises, ma thèse vise à comprendre si les facteurs influençant l’usage du vélo dans les pays où il s’est développé, agissent de la même manière dans des espaces où son usage commence à ré-émerger. Il s’agit par ailleurs de questionner les hypothèses traditionnellement émises pour expliquer le faible potentiel de ce mode dans le périurbain et la banlieue à l’aide d’un travail d’analyse quantitatif s’appuyant sur des données caractérisant à la fois la mobilité des personnes résidant dans ces espaces, leurs caractéristiques sociodémographiques et le contexte spatial dans lequel elles se déplacent.

Une première exploration des données des enquêtes ménages déplacements (EMD) sur une vingtaine d’aires urbaines françaises donne la mesure de l’opposition entre un périurbain où la mobilité à vélo est très marginale, le centre où elle s’accroit.

La construction d’un modèle statistique multivarié, dans un deuxième temps, à partir des données EMD des aires urbaines de Toulouse et Nantes, vise à interroger le poids de l’influence et de la répartition des facteurs associés à un plus grand usage du vélo pour expliquer l’hétérogénéité de cet usage au sein des aires urbaines. Ces modèles tendent à confirmer l’hypothèse que le moindre usage du vélo pour les périurbains et les habitants des banlieues résulte d’un déficit en matière de politiques cyclables et de pratiques de mobilités caractérisées par des trajets et des sorties nettement plus longs. Cependant l’influence d’autres facteurs viennent nuancer ce schéma classique et génèrent des différences au sein même d’une couronne périurbaine ou d’une banlieue.

Les présentations seront suivies d’un point de questions diverses : au menu : l’AG de juin, le séminaire d’écriture fin mai début juin, le Conseil de labo…
Le séminaire sera animé par Denis Eckert.
Il se tiendra en salle 1.122 à Condorcet et à distance (pour obtenir le lien : contact@parisgeo.cnrs.fr)