La récolte des choux dans les champs d’épandage irrigués à l’eau d’égout de Paris, vers 1950 (Source : France Illustration)

La récolte des choux dans les champs d’épandage irrigués à l’eau d’égout de Paris, vers 1950 (Source : France Illustration)

La fin du recyclage ? Rupture métabolique et politiques biogéochimiques en région parisienne au XXe siècle

Etienne DUFOUR (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / UMR Géographie-cités) soutiendra sa thèse de Géographie et Aménagement
Mardi 21 mai
14h
Centre Broca, salle A701
21 rue Broca, Paris 5e.

Pour des raisons logistiques (nombre de places limité et accès au bâtiment), l’inscription est obligatoire avant le jeudi 16 mai  en remplissant le formulaire framadate ou en écrivant à : etienne-dufour@orange.fr.

Composition du jury

Sabine BARLES, professeure, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directrice
Emmanuel BELLANGER, directeur de recherches au CNRS, rapporteur
Olivier COUTARD, directeur de recherches au CNRS, examinateur
François JARRIGE, maître de conférence HDR, Université de Bourgogne, examinateur
Fanny LOPEZ, professeure, ENSA Paris Malaquais, examinatrice
Laurence ROCHER, maîtresse de conférence HDR, Université Lyon 2, rapporteure

Résumé

Depuis le début de l’ère industrielle, les cycles naturels des éléments biogènes sont très perturbés. Cette perturbation est l’expression de la « rupture métabolique » établie entre la société industrielle et son environnement. En particulier, certaines techniques agricoles et urbaines ne permettent plus le recyclage des nutriments (azote et phosphore notamment), engendrant de nombreux dommages écologiques et sanitaires.

Avec une approche historique et en mobilisant le cadre du métabolisme urbain, cette thèse étudie la mise en place de ce système sociotechnique en Ile-de-France au cours du XXe siècle. Elle observe les trajectoires singulières des « politiques biogéochimiques » circulaires, à savoir les techniques d’utilisation agricole des matières organiques résiduelles (compostage des ordures, épandage des eaux usées ou transformation des matières de vidanges). En mettant à jour les mécanismes de leur disparition, elle cherche à révéler sa contingence et à mettre en évidence les choix implicites et explicites dont elle résulte.

Entre autres résultats, ce travail dénaturalise certains verrous qui empêchent de nos jours l’émergence de techniques de gestion écologique des déchets consubstantiels au fonctionnement des agglomérations, et ce alors que s’accentue une certaine urgence environnementale. Il illustre le fait que l’évolution technique est tout sauf linéaire et il démontre que, à l’ombre de la croissance du régime dominant, les techniques de recyclage se sont maintenues dans le cœur et les marges de l’agglomération. Il souligne le rôle important de la Seconde Guerre mondiale dans ce maintien. Il met à jour des facteurs décisifs qui conduisent ensuite à la marginalisation du recyclage au cours des Trente Glorieuses et surtout après les années 1970. Enfin, il montre comment ces techniques circulaires ont pu, de façon paradoxale, conforter l’accentuation de la rupture métabolique.