La nécessaire géohistoire des communes françaises (1800-2024)

Ensemble des disparitions de communes sur le période 1800-2024Les communes constituent la plus petite des mailles de l’administration territoriale française depuis la Révolution. Ces entités sont également les plus nombreuses. L’évolution de ce maillage est peu connue. Dans cet article publié dans Cybergeo, Gabriel Bideau et Nicolas Verdier proposent une approche spatialisée de l’évolution du nombre de communes françaises.

Les données exploitées sont extraites de la base dite « Cassini » qui est ici présentée, tout en pointant ses limites. L’article analyse tout d’abord les rythmes de l’évolution du nombre de communes françaises. On note trois périodes de diminution rapide du nombre de communes : 1800-années 1830, années 1960-1970 et années 2010. Chaque période présente une géographie spécifique, qui invite à penser le département comme un cadre pertinent pour penser l’échelon communal, en raison du rôle que joue l’administration déconcentrée de l’État et particulièrement le préfet. Partant de ce constat, l’article propose une typologie des départements du point de vue de l’évolution du nombre de communes.

« […] la maille municipale française ne peut pas être vue comme immuable. Des transformations importantes ont eu lieu, en particulier dans certains espaces. En revanche, il paraît également inadapté de présenter cette maille comme profondément transformée sur l’ensemble du territoire français. Parler des fusions de communes, c’est s’intéresser à un phénomène important, parfois très important à l’échelon départemental mais minoritaire à l’échelon national. Cette géographie spécifique invite à penser le cadre départemental comme particulièrement pertinent pour penser l’échelon communal. »
In Conclusion, & 48.

« Une trame communale immuable ? La nécessaire géohistoire des communes françaises (1800-2024) », Cybergeo: European Journal of Geography [En ligne], Espace, Société, Territoire, document 1074, mis en ligne le 24 octobre 2024.  DOI : https://doi.org/10.4000/12k5j

 

Nicolas Verdier est directeur de recherche au CNRS, directeur d’Étude à l’EHESS et directeur adjoint de l’UMR Géographie-cités. Ses recherches s’inscrivent dans le cadre du croisement entre territorialités dans le temps et épistémologie des savoirs sur les espaces et les territoires, les deux approches formant les deux faces d’un même questionnement. Une question oriente cette réflexion : comment les  sociétés négocient et renégocient dans le temps leurs rapports aux espaces et aux territoires ? C’est par la mobilisation de deux champs : l’étude des recompositions spatiales et l’épistémologie des savoirs sur les espaces et les territoires qu’il propose des réflexions sur les temporalités de l’unification et de l’aménagement du territoire, sur les concepts d’échelle, de hiérarchie, de réseau ou de mémoire, voire de territoire.

Gabriel BideauGabriel Bideau est doctorant à l’Université Paris Cité et membre de l’UMR Géographie-cités. Il prépare une thèse de doctorat intitulée « Les communes nouvelles françaises (2010-2024) : de l’observation des mutations d’une maille territoriale à l’étude d’une politique publique », sous la direction de Renaud Le Goix (Université de Paris Cité / Géographie-cités).